Articles de brasseur-vansnick

  • citation - Bernard Grosjean

    Le modèle de l’atelier théâtre

    Dans son livre Dramaturgies de l’atelier-théâtre, le comédien, metteur en scène et dramaturge Bernard Grosjean présente schématiquement deux modèles, celui du théâtre professionnel et celui de l’atelier théâtre, pour en souligner les différences fondamentales. Un texte dense qui, à l'atelier, nourrit notre pratique depuis plusieurs années.

     

    [Présentons] d’abord (en le caricaturant pour simplifier) le modèle fréquent de production d’un spectacle professionnel : le metteur en scène choisit un texte, effectue la distribution en fonction de la vision qu’il a du texte et en fonction d’emplois ou d’affinités. Les répétitions commencent texte su, avec des mises en place rapidement menées. Chaque rôle fait l’objet d’une approche psychologique, dans une relation de face-à-face entre l’acteur et le metteur en scène et dans une certaine concurrence entre les rôles. Viennent peu à peu s’ajouter les décors, les costumes et les lumières, avant que ne commencent les filages.

    Ce mode d’approche ne semble cependant pas le plus approprié dans le cadre de l’atelier. En effet il ne permet pas de prendre en compte un groupe dans sa globalité, il enferme prématurément les acteurs dans un moule étroit, en faisant fi de leur créativité et de leurs propositions, il génère des phénomènes de concurrence malsaine et il repose presque exclusivement sur le texte.

    D’autres modes de production semblent d’emblée beaucoup plus proches des préoccupations de l’atelier, car ils sont fondés sur des recherches collectives, où le comédien est considéré comme membre d’une troupe, acteur et cocréateur du spectacle.

    « Chez nous, le metteur en scène ne pénètre pas au théâtre avec son idée ou sa vision, un plan des mises en place et des décors tout faits. Son désir n’est pas de réaliser une idée. Sa tâche consiste à éveiller et à organiser l’activité productive des comédiens. Pour lui, répéter ne signifie pas faire avaler de force quelque conception arrêtée a priori dans sa tête, mais mettre à l’épreuve. » (Bertolt Brecht)

    Cette manière de faire permet d’accéder à un projet où le théâtre peut enfin devenir « un moyen pédagogique de construction de la personne dans une collectivité, de retour sur soi et d’ouverture aux autres, de développement individuel et solidaire en empruntant les formes d’expression artistique les plus abouties. » (Philippe Meirieu) Un projet également susceptible de générer chez les spectateurs un plaisir de jamais vu, car de tels spectacles peuvent parfois avoir la saveur de l’inédit.

    Bernard GROSJEAN, Dramaturgies de l’atelier-théâtre, éd. Lansman, 2009, page 82

  • sketch - Compte à rebours

     

    Dialogue produit dans le cadre de l'atelier Ecriture théâtrale organisé par Le Théâtre de l'Éveil et animé par la comédienne professionnelle Sarah Brahy, de septembre à décembre 2015 à La Fabrique de Théâtre (La Bouverie).

     

    Un. – Cinq. Quatre. Trois. Deux. Un.

    Deux. – (Pas de réaction.)

    Un. – Eh bien, alors ?

    Deux. – Oui ?

    Un. – Tu y vas ?

    Deux. – Excuse-moi. J’ai toujours eu du mal à me lancer. C’est pour ça.

    Un. – Mets-y un peu du tien, merde ! On va pas y passer la nuit.

    Deux. – Oui, okay. Vas-y, recommence : cette fois, je suis prêt.

    Un. – Cinq. Quatre. Trois. Deux. Un.

    Deux. – Et zéro ? Tu ne dis pas : zéro ?

    Un. – Non mais t’ es chiant, là. Écoute, je compte et quand je ne compte plus, tu causes. Point barre. Zéro ou pas zéro, on s’en fout.

    Deux. – Bon, ça va. Faut pas s’énerver.

    Un. – C’est toi qui me cherches. Allez, tu te réveilles et tu fais ton truc. Je ne compte plus ; de toute façon, ça ne sert à rien.

    Deux. – Tu ne comptes plus ?

    Un. – Non.

    Deux. – Alors comment je vais savoir quand je dois … ?

    Un. – Tu te démerdes !

    Deux. – Ah oui, mais alors du coup c’est foireux parce que moi je reste là, sans repère, sans point d’accroche. Seul. Seul dans le vide angoissant des instants qui précèdent…

    Un. – Tu me soûles, Jean-Marc. On la fait, cette vidéo, ou on ne la fait pas ?

    Deux. – On la fait.

    Un. – Je te laisse trois secondes. Après, je me casse.

    Deux. – Oui mais…

    Un. – Une !

    Deux. – Simplement, pour savoir…

    Un. – Deux !

    Deux. – (se replaçant rapidement devant la caméra et débitant son texte dans l’urgence) « Jean-Marc, 47 ans, à la recherche de l’âme-sœur. Je suis prêt à envisager l’engagement matrimonial à plus ou moins court terme. Disons, dans les vingt ou trente ans qui viennent… »

     

    Jérémie Brasseur, 25 septembre 2015 

  • PlayLab - jouets rangés

    Eh voilà !

    Notre spectacle PlayLab est derrière nous. Nous avons vécu de belles soirées de complicité, de jeu et de fantaisie. Sur notre site, vous pouvez trouver l’album qui reprend quelques photos prises le jour de la générale par Johan Dehon. Sur la page Nos spectacles, vous pouvez télécharger le programme complet. Sur la page Sketches maison, vous pouvez lire ou relire Mon Petit Poney et Hochet.

    Nous avons eu droit à un chouette compte-rendu de notre spectacle dans Bolome de Messines, le Trimestriel d’Informations et d’Echanges du Bétième Montois de Messines, n°46 (octobre-novembre-décembre 2015), pp.8 & 9 :

     

    Théâtre - Nous sommes entrés dans le «Play Lab»

    C’était deux jours avant la Saint-Nicolas. Il était temps de visiter le laboratoire de l’Atelier Théâtre, à la Maison de quartier à Mons (Allée des Oiseaux 30). Une « soirée interactive sur le thème du jouet, organisée comme un feu de camp », précisait la publicité et elle n’était pas mensongère.

    Onze animateurs, dont les deux responsables de l’Atelier théâtre, pour créer l’ambiance au rythme d’un poulain gambadant dans un pré, pendant les deux parties du spectacle. Les jeux de société adaptés pour la circonstance étaient à peine présentés par Jérémie que les membres de la troupe sortaient des coulisses pour mettre dans le coup les spectateurs ou pour provoquer le rire. Pour leur donner le temps de reprendre leur souffle, Etienne Troquet s’installait avec sa guitare, parfois suivi par Despina Pezouvanis, pour interpréter une de ses compositions ou lancer un clin d’œil à un artiste qui aurait été amusé de se voir brocardé comme cela. Le public ne pouvait s’empêcher de pouffer de rire devant le déguisement, tout en appréciant l’évocation musicale.

    Mais le « Play Lab », c’était aussi – et surtout – donner aux participants de l’Atelier théâtre la chance d’expérimenter la scène du trac au bonheur, d’entendre les applaudissements du public et ainsi de montrer le chemin parcouru ensemble depuis quelques mois. Magalie Baudouin, Chiara Cristelli, Zoé Koller, Alicia Markey, Nathalie Mauroy, Harriet Webster et Roberto Carbone - avec Sandrine Vansnick, co-animatrice de l’atelier, comme « cheffe de la bande », ont théâtralisé un grand nombre de jouets mis en sketches variés – du coup de flash à la saynète enchaînant les rebondissements – par Jérémie Brasseur.

    Quelle joie de découvrir deux playmobils marionnettes manipulés par deux playmobils humains, de se payer une bonne tranche de rire sur le compte de la télé et au détriment d’une certaine presse à potins, de suivre le va-et-vient du yoyo tout en évitant le ramasser le bilboquet sur la tête, de retrouver Magalie et Harriet jouant avec un canard de bain… Bien sûr, ils sont encore débutants après dix mois d’atelier, mais leur enthousiasme fait vite oublier les inévitables hésitations.

    Une nouvelle fois (car ce n’est pas le premier spectacle de l’atelier), cette soirée confirme que c’est toujours un bonheur de passer un moment avec des « comédiens amateurs en devenir ».

    J-P. B.

    Le Bétième Montois de Messines sur le web

     

     

    Lire la suite

  • PlayLab - Boomerang

    Claudine. – Dis, ça fait vingt minutes qu’on attend ; il ne reviendra plus.

    Daphné. – Mais si, laisse-lui une chance. Ça revient toujours, c’est connu.

    Claudine. – Là, quand même... tu t’es peut-être fait refiler de la camelote.

    Daphné. – Arrête, je l’ai eu cent dollars australiens à un Aborigène dans une boutique à Sydney.

    Claudine. – Tu aurais peut-être mieux fait d’acheter un didgeridoo. Au moins, on peut tester sur place.

    Laure arrive, un énorme bandage autour du crâne.

    Claudine. – Bonjour Laure. Tu fais une balade ?

    Laure. – Ne dis surtout pas que c’est bon pour la santé. J’étais sortie prendre l’air et pan ! ce machin m’est rentré dedans. (Elle montre le boomerang.)

    Daphné, prenant le boomerang. – Ben voilà. (À Claudine :) Je te l’avais bien dit qu’un boomerang ça revient toujours.

    Claudine. – Il a pris son temps.

    Daphné. – Ce n’est quand même pas sa faute si Laure met sa tête en travers de son chemin !

    Lire la suite

  • Le Dindon

    Le G Théâtre a monté cet automne Le Dindon, un vaudeville délirant de Georges Feydeau. Sandrine faisait partie de la distribution et le moins que l’on puisse dire c’est qu’elle s’est éclatée. Elle tenait le rôle de Maggie, la maîtresse anglaise un tantinet envahissante. À ses côtés, on a retrouvé avec plaisir un ancien participant de notre atelier : Logan Lenclu (promotion 01, Les MonsQuetaires) dans le rôle du groom atteint d’une terrible crise de… puberté, puis dans celui du commissaire espagnol (Caramba!).

    Si vous avez manqué ce spectacle, sachez qu’il y a une reprise programmée le samedi 20 février 2016 au Centre Culturel de Dour. Ci-dessous, vous trouverez quelques-unes des très belles photos prises par Johan Dehon (promotion 03, Le Pactole / promotion 04, Bibliothèque), dont vous pouvez aussi admirer le talent sur le web : www.dphotography.be.

     

     

    Lire la suite

  • PlayLab - Corde à sauter

     

    Devant la caméra, Julie saute à la corde. La réalisatrice, hors champ, observe la scène, prête à intervenir.

     

    Julie. – « Fini la constipation et les ballonnements. Avec Pettovan, je saute de joie comme avant. »

    La réalisatrice. – Coupez !... Julie, c’était bien. Mais on ne sent pas assez la joie. On doit voir sur ton visage que Pettovan t’a vraiment libérée d’un poids. Tu vois ce que je veux dire ?

    Julie. – Oui, oui.

    La réalisatrice. – Bon, on la refait. Attention, moteur. Clap Pettovan, cinquante-deuxième.

    Julie. – « Fini la constipation et les ballonnements. Avec Pettovan, je saute de joie comme avant. »

    La réalisatrice. – Coupez !... Non, ce qu’il y a c’est que c’est la Julie avec son côté femme rangée que j’entends. Et ce que je veux, moi, c’est la Julie qui retrouve ses instincts de petite fille de huit ans qui s’éclate avec sa corde à sauter.

    Julie. – « … de huit ans », okay.

    La réalisatrice. – Tu comprends la philosophie du truc : Pettovan ce n’est pas seulement un laxatif, c’est carrément un élixir de jeunesse.

    Julie. – Ah ouais, d’accord.

    La réalisatrice. – On reprend. Pettovan, cinquante-troisième.

    Julie. – « Fini la constipation et les ballonnements. Avec Pettovan, je saute de joie comme avant. Youpee ! »

    La réalisatrice. – Coupez !... Julie, j’ai dit un élixir de jouvence, je n’ai pas dit une pilule d’ecstasy. Alors, tu laisses tomber les youpee, les yéyé et autres pou pou pidou, tu t’en tiens au texte. – Et mets un peu plus de tonus dans ton coup de poignet, parce qu’on voit que tu mollis.

    Julie. – Ah, pardon. Je vais essayer.

    La réalisatrice. – C’est ça. Essaye. On y retourne. Moteur ; Pettovan, cinquante-quatrième.

    Julie. – « Fini la constipation et les ballonnements. Avec Pettovan... »  (Elle trébuche dans la corde.) Et merde !

    La réalisatrice. – Stop ! Coupez, coupez, coupez !... Julie, qu’est-ce que tu me fais ? Tu as vu comment tu sautes ? On dirait une vache. C’est aux éleveurs bovins qu’on va pouvoir fourguer du Pettovan !

    Julie. – Ah oui ? Eh bien tu sais quoi, tu peux te le foutre au cul ton Pettovan. (Elle part.)

    La réalisatrice. – Au cul ? Mais… c’est un traitement par voie orale.

    Lire la suite

  • PlayLab - l'argument

    Et si le théâtre était un jeu ?

    Un jeu qui permet à quelques copains de se retrouver un soir par semaine, d’oublier les tracas quotidiens, de s’inventer des délires, et puis de venir partager ses instants de complicité et de rigolade avec un public d’amis, de parents, de collègues, de connaissances…

     

    PlayLab - l'argument

    Avec PlayLab, on s’est lancés dans une entreprise un peu expérimentale. Comme une recette de cuisine qu’on réinventerait à notre sauce. On a mis là-dedans des jeux, des sketches, des chansons… Le tout mixé et mijoté pour le public, invité à mettre lui aussi la main à la pâte. Sur scène, l’équipe est composée de onze camarades, unis par les nombreux fous-rires qui ont animé les séances d’atelier depuis le mois de janvier dernier.

    Le thème des jouets nous convient merveilleusement bien. Il nous ramène à cette insouciance enfantine qui nous manque tellement dans la vie quotidienne et que le jeu théâtral nous permet de retrouver le temps d’une soirée ! Si PlayLab raconte de folles histoires de yoyos, de frisbees, de Lego, de cerfs-volants, cela touche aussi finalement à notre besoin de légèreté, à notre quête de liberté et de fantaisie.

     

    PlayLab - l'argument

    Lire la suite

  • PlayLab - Tamagotchi

    Charlotte. – Je me souviens… Quand j’avais six ans, j’avais un tamagotchi. Kiwi, je l’avais appelé. Qu’est-ce qu’il me faisait rire, avec ses petits bruits comiques !

    La psy. – Vous l’aimiez beaucoup.

    Charlotte. – Oh oui ! (Elle éclate en sanglots.)

    La psy. – C’est bien, laissez venir. Il y a des mouchoirs ici; tenez. ... Dites-moi ce qui s’est passé.

    Charlotte. – Un jour, je l’ai oublié chez mon père. Et ce salaud l’a laissé crever de faim.

    La psy. – De là votre croyance que les hommes représentent un danger potentiel pour ce qui vous est cher et votre besoin compulsif de placer des pièges-à-bites partout autour de votre appartement.

    Charlotte. – Il l’a tué !... Il a tué mon Kiwi !... Le salaud !

    La psy. – Reprenez un mouchoir, ça va aller… (À part :) Foutus jouets japonais : on savait bien que ça nous préparait des générations de timbrés.

    Lire la suite

  • PlayLab - la préparation

    Il reste un mois avant le grand show. Autant dire que les travaux de préparation vont bon train. Ça bosse, ça bosse ! vous ne pouvez pas imaginer. On ne ménage pas nos efforts et c’est dans la sueur et dans le sang que nous peaufinons nos jeux et nos sketches… (Enfin, c’est plutôt dans les perruques et les costumes à paillettes, pour dire la vérité toute vraie !)

     

    PlayLab 29 10 2015 (1)

    Despina - Roberto - Jérémie - Harriet - Alicia

    Zoé - Magalie - Nathalie

     

    Hier encore, jeudi, jour de notre séance hebdomadaire, l’équipe était à pied d’œuvre pour le shooting photo, une étape utile autant qu'agréable dans la préparation du spectacle. Pour le reste, ça avance bien : les textes sont déjà presque tous mémorisés et les jeux en bonne voie d’être au point. Il nous reste à investir ce vaste espace que nous offre la grande salle de la Maison de Quartier de Mons. Une belle chance, mais aussi un challenge pour les cordes vocales et pour la disposition scénique !

     

    PlayLab 29 10 2015 (2)

    Zoé - Nathalie

     

    PlayLab s’annonce bien. Ce spectacle conçu comme une soirée de détente, en interaction avec le public, réserve aux spectateurs beaucoup de surprises, de jeux, de chansons et de rires. Dans le riche foisonnement d’idées, on fait un petit tri, on termine de tout goupiller, on huile bien la machine... et la fête sera mémorable !

     

    PlayLab 29 10 2015 (3)

    Alicia - Despina

  • PlayLab - Toupie

    Valérie. – Ma chère Sonia, nous voilà de nouveau à l’antenne à l’occasion de ce 32e tournoi interrégional de lancer de toupie. Avec en ce moment même un très beau départ de la toupie challenger de l’écurie Popaul.

    Sonia. – Oui Valérie. C’est une performance que je qualifierais, en effet, de très aboutie. Tant d’un point de vue du style que du point de vue de la tournure des choses.

    Valérie. – Exactement. Puisque, comme on le voit à l’écran, la toupie continue de tourner. Alors, justement, ma chère Sonia, on pourrait faire le point peut-être pour les spectateurs qui nous rejoignent et qui ne seraient pas familiers de ce… de ce sport, - n’ayons pas peur des mots, puisque le lancer de toupie est classé officiellement parmi les sports. Sonia, en deux mots, le principe de la compétition ?

    Sonia. – Eh bien, donc, Valérie, il s’agit pour la toupie de tourner sur son axe dans un mouvement – pourrait-on dire – giratoire. On entend parfois : mouvement rotatif. Ce qui à mon sens est discutable, mais je ne veux pas polémiquer ici.

    Valérie. – Ce n’est pas l’endroit.

    Sonia. – Ce n’est pas l’endroit, comme vous dites. Et donc, globalement, la toupie doit pivoter sans discontinuer sur sa pointe en retardant le plus possible le moment où elle va vaciller, perdre l’équilibre et finalement s’abattre brutalement sur le flanc.

    Valérie. – Voilà. Et tandis que nous parlons, la toupie de Popaul offre, je crois qu’on peut d’ores et déjà le dire, une prestation de très haut niveau.

    Sonia. – Oui, la toupie de Popaul est dans une forme exceptionnelle. Elle tourne avec une belle constance dans le sens anti-horloger.

    Valérie. – On sent une détermination sans faille. Elle sait où elle va, et elle y va.

    Sonia. – Ça tourne, ça tourne toujours, ça continue de tourner… On vit là un grand moment dans l’histoire du lancer de toupie. C’est un spectacle assez unique… Quasi hypnotique…

    Valérie. – … Voire un peu chiant sur les bords.

    Lire la suite

  • PlayLab - Bulles

    Une femme (Une) fait des bulles de savon, tranquillement installée. Arrive une seconde femme (Deux), qui s’installe à côté d’elle et se met elle aussi à faire des bulles. Malaise. La deuxième femme calque ses mouvements sur la première, qui marque une exaspération croissante.

     

    Une. – Excusez-moi.

    Deux. – Oui ?

    Une. – Excusez-moi, est-ce que vous pourriez arrêter de faire tout ce que je fais ? Ça me gâche mon plaisir.

    Deux. – Ah ?

    Une. – Merci.

    Deux. – Je ne m’étais pas rendu compte. Pardon. Je vous ai vue, là au soleil. Vous aviez l’air si heureuse. Ça m’a donné envie. Et puis, en vous regardant faire des bulles, je me suis dit que moi aussi…

    Une. – Eh bien, faites des bulles si ça vous plaît. Simplement vous pourriez aller là-bas, plus loin. Ailleurs, quoi !

    Deux. – Vous me méprisez, n’est-ce pas ?

    Une. – Pardon ?

    Deux. – Oui, je vois bien que vous me méprisez. Oh, je peux comprendre : c’est grotesque d’imiter les gens.

    Une. – Mais arrêtez, je n’ai pas dit ça.

    Deux. – Déjà quand j’étais petite, je voulais avoir tout ce que les autres avaient, faire tout ce que les autres faisaient. Aucune personnalité. Et pourtant, si vous saviez comme je voudrais avoir des idées originales. Donner à quelqu’un l’envie de faire comme moi. Ah çà !… Mais je n’y arrive pas.

    Une. – Vous vous rabaissez inutilement.

    Deux. – Oh non, je m’en rends bien compte. Tenez, tout à l’heure encore, mes bulles ressemblaient cruellement aux vôtres.

    Une. – Bien sûr, mais…

    Deux. – De pâles copies, presque des caricatures !

    Une. – N’exagérez pas. Moi j’ai trouvé vos bulles… très réussies.

    Deux. – Vous dites ça pour me consoler mais je sais qu’au fond vous ne le pensez pas vraiment.

    Une. – Mais si, voyons ! Vos bulles ont une beauté… toute personnelle.

    Deux. – Vous croyez ?

    Une. – Elles reflètent votre fragilité… votre sensibilité si désarmante…

    Deux. – Comme vous semblez me comprendre. J’aimerais tant que ce soit vrai.

    Une. – Mais c’est vrai ! Allons, soufflez encore un peu. Refaites-moi quelques jolies bulles.

    Deux. – Je n’oserais plus.

    Une. – Allez-y, je vous le demande.

    Deux. – Alors seulement pour vous faire plaisir. (Elle fait timidement quelques bulles.)

    Une. – Eh bien, vous voyez. Celle-là, cette petite dernière, elle est toute mignonne. Toute originale. Personne d’autre que vous n’aurait pu la faire, elle est votre œuvre.

    Deux. – Oh, mince alors. Et moi qui la laisse filer.

    Une. – Vous en ferez d’autres. Autant que vous voudrez ! (Elle s’en va.)

    Deux. – Vous partez ?

    Une. – J’ai rendez-vous chez le dentiste.

    Deux. – Je peux venir avec vous ? (Elle la suit.)


     

    Lire la suite

  • PlayLab - Rubik's Cube

    L’un. – Le gars qui a créé le Rubik’s Cube, en fait, bon, qu’est-ce qu’il a voulu dire ?

    L’autre. – Qu’est-ce qu’il a voulu dire ?

    L’un. – Ouais, il a voulu transmettre un message à l’univers. Genre une philosophie, tu vois.

    L’autre. – Carrément ?

    L’un. – Carrément ! Parce que toi, tu es là en train d’essayer de remettre le blanc avec le blanc, le vert avec le vert, le rouge avec le rouge…

    L’autre. – Le jaune avec le jaune…

    L’un. – Mais le Rubik’s, lui, ça le fait marrer. Il n’a pas peur, le Rubik’s, il se fout de ta gueule.

    L’autre. – Dis donc, faut qu’il se calme !

    L’un. – Parce que, dis-toi bien : même avec un côté tout blanc, puis un autre tout vert, puis un autre tout jaune, le Rubik’s Cube, ben il continue à servir à que dalle... Et c’est ça qui est fort !


     

    Lire la suite

  • PlayLab - l'équipe

    4 et 5 décembre 2015 à 20h 

    PlayLab

    soirée sketches jeux et chansons à l’atelier théâtre

    Maison de Quartier - Allée des Oiseaux n°30 à Mons

    Playlab l equipe br

    avec

    Magalie Baudouin / Jérémie Brasseur

    Roberto Carbone / Chiara Cristelli / Zoé Koller

    Alicia Markey / Nathalie Mauroy / Despina Pezouvanis

    Etienne Troquet (guitare et chant) / Sandrine Vansnick / Harriet Webster

     

    entrée 5 €

    réservations nécessaires 0497 125 805 - ateliertheatre.mons@outlook.com

     

  • PlayLab - Ballon

    Mme Mylar. – Oh je suis inquiète, docteur, très inquiète. Merci d’être venu.

    Le docteur. – J’ai fait aussi vite que j’ai pu. Comment va-t-il ?

    Mme Mylar. – Pas bien. Il est courageux, il ne se plaint pas mais je lui trouve mauvaise mine. Sa peau devient flasque. Il mollit.

    Le docteur. – Ah, il mollit… Voyons ça. C’est un ballon de baudruche que vous avez recueilli récemment ?

    Mme Mylar. – Pas précisément. C’était à la foire de Montigny-les-Deux-Platanes. Seigneur ! il était là, tout perdu. Il me tendait les bras. – Enfin, façon de parler !... C’est bien simple : il a tout de suite fait partie de la famille.

    Le docteur. – Madame Mylar, il va falloir être courageuse...

    Mme Mylar. – Oh non !

    Le docteur. – Hélas, mes craintes étaient fondées : la limite d’élasticité est dépassée et il présente des déformations plastiques irréversibles.

    Mme Mylar. – Balloon, Balloon, ne t’en va pas ! pas maintenant !

    Le docteur. – Allons, Madame Mylar, soyez forte. Je suis sûr que s’il pouvait parler, Balloon vous dirait qu’il faut rebondir.

    Mme Mylar. – Mais, docteur, que vais-je faire ?... De tout ce temps que sera ma vie…

    Le docteur. – Ma foi, je ne sais pas… Adoptez une boule de bowling : c’est moins câlin, mais vous la tiendrez plus longtemps.

  • PlayLab - Trains électriques

    L’un. – Le gosse, à six ans, je lui ai offert tout de suite le kit complet. Avec trente mètres de rails.

    L’autre. – Moi, cinquante.

    L’un. – Cinq tunnels.

    L’autre. – Douze aiguillages.

    L’un. – La gare, avec le chef de gare. Et le sifflet du chef de gare.

    L’autre. – Le troupeau de vaches, avec la tête qui se redresse mécaniquement au signal du passage à niveaux.

    L’un. – Eh bien, ce petit con, c’est tout juste s’il jette un coup d’œil quand je fais tourner la locomotive.

    L’autre. – Moi, pareil. Il préfère perdre son temps à traîner au jardin.

    Ensemble. – Les ingrats !

  • inscriptions septembre 2015

    Pas mal de gens s'intéressent déjà à notre nouveau groupe qui commence le 15 septembre. Cela nous fait bien plaisir ! "Comment faire pour s'inscrire ?", demandent certains. Rien de plus simple. Il vous suffit de laisser vos coordonnées via l'onglet Contact de ce site ou directement par mail: ateliertheatre.mons@outlook.com . Vous trouvez des informations pratiques pour arriver à la Maison de Quartier sous l'onglet 'Où sommes-nous ?'.

    Si vous ne pouvez être présent à la séance du 15 septembre, pas de panique : nous accueillerons de nouveaux participants jusqu'au mois d'octobre. Pour rappel, la première séance est gratuite et vous permet de découvrir notre univers (la visite de ce site peut déjà vous donner une petite idée de nos activités).

    Nous avons hâte de commencer cette nouvelle aventure. A très bientôt !

     

    note 23/09/2015

    Suite au grand nombre de participants, nous clôturons le groupe plus tôt cette année... Mais nous ouvrirons un nouveau groupe très prochainement : les rencontres auront lieu les jeudis de 19h30 à 21h à Mons à partir de fin janvier 2016.

  • La Postiche

    C’est l’été, la saison des best-of ! L’occasion de ressortir des cartons quelques textes des temps jadis. Comme celui-ci, La Postiche, une farce en un acte créée à l’occasion des Scènes Ouvertes du Festival montois Théâtre en Rue dans la cour du Conservatoire de Mons les 17 et 18 septembre 2011 avec Filomena Falco Abramo, Nicolas de Gennaro, Emmanuel Moonen, Nicole Vanderbecq et Sandrine Vansnick. 


    La Postiche [extrait]

    farce en un acte de Jérémie Brasseur

    La postiche 18 aout 2011

    Alice et Geoffroy Tribaudet ont été tirés au sort, c'est ‘le couple de retraités gagnant’ : ils sont venus chercher les cadeaux qu’on leur a promis par téléphone chez Planète Bien-Aise, un magasin qui vient d’ouvrir dans la région. La Planque, le vendeur, les a en ligne de mire. Des pigeons pareils, pas question qu’ils lui échappent.

     

    LA PLANQUE. – Ah, je vois que Madame et Monsieur ont le nez fin. Vous avez repéré tout de suite la plus belle pièce de notre collection.

    ALICE. – On a fait ça, nous ?

    LA PLANQUE. – La Combi Aminci Plus ! C’est le nec plus ultra de la technologie actuelle en matière de correcteur de silhouette.

    TRIBAUDET. – Dis donc, mon vieux. Je m’en fous pas mal. Je viens chercher mon appareil-photo, celui que j’ai gagné…. A ce qu’on a dit à ma femme au téléphone.

    ALICE. – Ouais. Où qu’y sont, nos cadeaux ?

    LA PLANQUE. – On vous les prépare, n’ayez crainte… Je vous sens très impatients de les voir, et je vous comprends, chanceux amis.

    ALICE. – C’est qu’on les veut.

    LA PLANQUE. – Oui, j’ai bien compris.

    TRIBAUDET. – Pas dans dix ans.

    LA PLANQUE. – Allons, allons. Détendez-vous. Vous êtes chez Planète Bien-Aise. Laissez vos soucis entre parenthèses. Quand vous avez posé votre regard sur la Combi Aminci Plus, j’ai vu une étincelle d’envie s’allumer au fond de votre œil.

    ALICE. – Au fond de mon œil à moi ?

    LA PLANQUE. – Au fond de votre œil à tous les deux.

    TRIBAUDET. – Vous avez vu ça alors qu’on vous tournait le dos ?

    LA PLANQUE. – Ce n’est pas pour rien que j’exerce ce métier. Et puis, ça se comprend. Qui ne languirait pas d’avoir la fameuse Combi Aminci Plus ? Qui ne se laisserait pas conquérir par ses charmes irrésistibles, sa texture ultra-moderne, son coloris hyper-tendance et ses bienfaits aussi nombreux qu’insoupçonnés ? Qui pourrait rester insensible ? Qui donc ?

    TRIBAUDET. – Moi.

    ALICE, après un léger temps, comme fascinée par la Combi. – Ça coûte combien ?

    LA PLANQUE. – C’est pour rien…

    ALICE. – Ah.

    LA PLANQUE. – … Comparativement aux vertus extraordinaires de ce produit-miracle. Tenez, Madame, faites-vous plaisir. Essayez-la.

    ALICE. – Moi ?

    LA PLANQUE. – Ne soyez pas embarrassée. Demain, tout le monde dans la rue vous regardera avec envie.

    ALICE. – Ça, j’aimerais bien. Quand j’irai me promener avec maman au Waux-Hall…

    TRIBAUDET. – Bon ben alors, vite fait, hein. Juste pour rigoler.

    ALICE, tout en enfilant la combinaison avec difficulté. – Aïe ! Vous êtes sûr que c’est ma taille ?

    LA PLANQUE, qui aide Alice tant bien que mal. – On jurerait qu’elle a été spécialement conçue pour vous… Là, c’est parce que c’est neuf, mais ça va se mettre…

    ALICE. – J’ai l’air de quoi ?

    TRIBAUDET. – T’as l’air d’un sac.

    LA PLANQUE, conciliant. – Un joli sac, tout de même.

    ALICE. – Je veux pas avoir l’air d’un sac.

    LA PLANQUE. – Rassurez-vous, Madame. La Combi Aminci Plus œuvre à votre beauté sur le moyen et sur le long terme.

    ALICE. – Qu’est-ce que ça veut dire ?

    TRIBAUDET. – Ça veut dire que dans l’immédiat, tu l’as dans l’os.

    LA PLANQUE. – Grâce à son effet gainant et à sa texture en fibre de bambou norvégien, la Combi Aminci Plus raffermit vos seins, redessine vos hanches, réduit l’aspect peau d’orange.

    TRIBAUDET. – Sans blague ?

    LA PLANQUE. – C’est prouvé scientifiquement.

    ALICE. – Ouah, scientifiquement !

    LA PLANQUE. – La Combi Aminci Plus dégage également des électrons positifs qui activent la microcirculation, enlève toute sensation de fatigue et stimule l’appétit sexuel.

    TRIBAUDET. –  Stimule l’appétit sexuel ?

    ALICE. – Scientifiquement ?

    LA PLANQUE. – Scientifiquement, Madame.

    TRIBAUDET, sortant son portefeuille. – Bon, si ça stimule... Hein, bobonne ?... Combien ça vaut ?

    LA PLANQUE. – Ça vaut tout l’or du monde.

    ALICE. – Alors non, c’est pas dans nos moyens.

    LA PLANQUE. – Mais nous vous l’offrons ici, chez Planète Bien-Aise, à un prix imbattable…

    TRIBAUDET. – Ah oui ?

    LA PLANQUE. – Un prix défiant toute concurrence.

    TRIBAUDET. – Tiens donc !

    LA PLANQUE. – Un prix à faire blêmir la Chine entière.

    ALICE. – Bah, on n’a pas d’amis chinois…

    LA PLANQUE. – 4.000 euros.

    TRIBAUDET, remettant son portefeuille en poche. – Ah !

    LA PLANQUE. – T.T.C.

    ALICE, enlevant la combinaison. – On reviendra voir aux soldes…

     

  • La florologie transcendantale

    C’est l’été, la saison des best-of ! L’occasion de ressortir des cartons quelques sketches des temps jadis. Comme celui-ci, La florologie transcendantale, monologue interprété par Jérémie Brasseur au Café-Théâtre du G en août 2007.  


    La Florologie transcendantale

    monologue de Jérémie Brasseur

    Florologie transcendantale

    Rosier, rosier, bonnes gens !

    Soyez dans l’allégresse comme des géraniums dans leurs bacs à fleurs de chez Brico car je viens vous annoncer le chemin de sagesse du troisième millénaire : la Florologie transcendantale.

    La Florologie transcendantale n’est pas une science qui vole au ras des pâquerettes. La Florologie transcendantale, ce n’est pas pour les empotés. Bien au contraire, la Transcendantale florology – comme on l’appelle déjà couramment dans les cercles agricoles cultivés – permet aux initiés de capter les pollens transplanétaires pour déployer largement leurs pétales psychiques.

    Si tu es morose et blafard comme un tournesol en pleine nuit polaire, si au bureau tu as juste le droit de fermer glaïeul, si ta femme te fait crocus avec ton meilleur ami, adhère à la Florologie transcendantale.

    Chaque matin, végète un peu devant ta glace puis exclame-toi avec conviction : « Je suis un beau bébé bégonia. » Et là, j’aime autant vous prévenir, faut pas qu’on se plante. Il y un gars, une fois, qui s’est pris pour un bébé cactus. On l’a retrouvé avec trente-six aiguilles à tricoter dans le corps. Quand on a eu fini de tout retirer, le pauvre : un gruyère ! Peint en jaune, c’était Bob l’éponge. Ça ne s’improvise pas, la Florologie.

    Mais trèfle de bavardage. Je vais vous donner votre toute primevère leçon de Florologie transcendantale. Vous azalée écouter attentivement et vous répéterez après moi.

    « Je suis un petit pissenlit. » (Répétez.) « Mes pieds sont des racines. » (À vous.) – Eh vous là-bas, je ne vois pas beaucoup s’ouvrir vos pétales psychiques. Je veux dire, vous n’avez pas le profil ‘plante vivace’. – Je reprends : « Mes jambes sont une longue tige. » (Allez-y.) « J’ai un gros pistil. » – (Je parle de mon nez, moi. Bande d’obsédés !)

    Maintenant, on fait tous ensemble le cri matinal du pissenlit conquérant. Mmmmh… – Non, ça, c’est plutôt la pâquerette qui a bouffé du Roundup. – On recommence ! Le pissenlit conquérant : Mmmmh… – Très bien, toi, très bien ! Je vois que la fine fleur d’Harveng est dans la salle !... (Prenez-en de la graine, vous autres !) Mmmmh

    Parfait. Continuez à faire la fleur ; j’arrive avec l’arrosoir.

  • PlayLab – décembre 2015

    PlayLab est le titre de la soirée-spectacle en préparation à l’atelier-théâtre. Une soirée-spectacle prévue pour décembre 2015 explorant avec fantaisie le thème des jouets.

    Les jouets, ce n’est pas rien ! Les jouets, ils influencent nos vies. Bien sûr, on pense d’abord aux plus petits. (Peut-être aussi aux animaux domestiques : le chien joue avec sa pomme de pin, le chat court après son bout de ficelle…) Les jouets sont importants pour s’ouvrir au monde. Grâce aux jouets, l’enfant apprend à se connaître, il développe la précision de ses gestes, il observe les conséquences de ce qu’il fait, il exerce les capacités dont il aura besoin plus tard. Quand un adulte utilise un jouet, il se souvient… et quelquefois il renforce les acquis de sa jeunesse.

     

    Playlab dec2015 br

    Malgré le nombre réduit de participants, le groupe qui a commencé l’aventure à l'atelier-théâtre fin janvier 2015 déborde de motivation à la perspective de rencontrer le public. Le spectacle en préparation s’annonce très différent des précédents. Les spectateurs y joueront un rôle prépondérant ; ils seront invités à partager toutes sortes de jeux. Peut-être même accepteront-ils de relever quelques défis. Le tout dans la bonne humeur car la soirée sera mise sous le signe de la convivialité et du divertissement. 

  • Le Cid ardemment moderne

    C’est l’été, la saison des best-of ! L’occasion de ressortir des cartons quelques textes des temps jadis. Comme celui-ci, Le Cid ardemment moderne, une farce en un acte créée à l’occasion des Journées du Patrimoine (sous la direction de Roseline Hogne) le 13 septembre 2009 au Théâtre de Verdure de Bougnies avec Roger Blondiau, Jérémie Brasseur, Enza Leone, Jacques Marlier et Sandrine Vansnick. 


    Le Cid ardemment moderne [extrait]

    farce en un acte de Jérémie Brasseur

    Le Cid... Bougnies 2009

     

    Sandrine. — Les amis, je crois qu’une mission nous attend. Nous devons moderniser Le Cid pour transmettre ce glorieux patrimoine aux générations futures.

    Enza. — Mais comment ?

    Jérémie. — Il faut faire une sorte de remake.

    Roger. — Bingo ! On garde le titre, on garde le nom de l’auteur, et tout le reste on le ressort à notre sauce. C’est comme ça qu’ils font à Hollywood.

    Jacques. — Ouais. Il paraît qu’ils vont tourner Huis clôt de Jean-Paul Sartre avec Daniel Radcliffe dans le rôle du cascadeur.

    Sandrine. — Attends ! y a pas de cascadeur dans Huis clôt.

    Jacques. — Dans la version américaine, si.

    Roger. — Bon, écoutez. Disons que don Diègue ce serait un vieux collègue de Rodrigue et il viendrait d’être mis à la retraite anticipée suite à la restructuration de son entreprise.

    Jérémie. — Oui, alors don Diègue il espère que Rodrigue va le soutenir vu que Rodrigue il est délégué syndical…

    Roger. — Mais le PDG de l’entreprise,… comment qu’il s’appelle ?

    Sandrine. — Gomès… Don Gomès !

    Roger. — Ah oui ! Don Gomès, c’est justement lui qui pistonne la jeune déléguée commerciale aux yeux de braise…

    Sandrine. — La belle Chimène…

    Jérémie. — … avec qui Rodrigue tchatte sur Facebook pendant les heures de bureau.

    Jacques. — Super. On part de là et on brode.

    Sandrine. — Okay. Jérémie, tu fais Rodrigue ? Roger, don Diègue ?

    Roger. — Ça marche. Juste deux secondes que je m’imprègne du personnage et je me lance.

    Sandrine, Enza, Jacques et Jérémie quittent la scène. Roger prend des poses de grand tragédien, puis d’une voix de stentor :

    Roger/don Diègue. — Ô rage ! ô désespoir ! ô prépension ennemie ! Est-ce que j’ai bossé quarante ans juste pour des clopinettes ?

    Jacques, revenant en scène. — Oh Roger, excuse-moi de t’interrompre.

    Roger. — Mais je t’en prie.

    Jacques. — Je suis désolé, hein.

    Roger. — Tu fais comme tu le sens.

    Jacques. — Non parce que ça m'ennuie de te casser dans ton élan.

    Roger. — Y a pas de mal, y a pas de mal.

    Jacques. — D'autant plus que je t’ai coupé dans ta réplique.

    Roger. — Oui mais en même temps, j’aime mieux si tu as un truc à dire…

    Enza, revenant en scène à son tour. — Oh, les gars ! c’est bon ? On peut y aller ?

    Jacques. — Ouais. En fait, Roger, je me posais la question, au niveau de l’alexandrin classique... quand tu remplaces : « N’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie » par : « Est-ce que j’ai bossé quarante ans juste pour des clopinettes », est-ce qu’on ne perd pas un peu – comment dirais-je ? – de la pureté de la métrique originelle ?

    Roger. — Eh bien, je vais te dire, ça dépend des écoles. Si tu considères le Manuel de versification de Bernarmont dans son édition de 1873, il est clair qu’il y a entorse à l’usage mais si tu regardes dans le P’tit dico des grands poètes de Francis Lalanne à la page 36…

    Enza. — Non, mais arrêtez, là ! vous êtes lourds. On fait du théâtre, pas de la ‘conciliabulerie’.

    Jacques, quittant la scène avec Enza. — Bon, on reprend.

    Roger/don Diègue. — Est-ce que j’ai bossé quarante ans juste pour des clopinettes ? Rodrigue !…. Rodrigue !… Où qu’il est passé, Rodrigue ?

    Jérémie, entrant en scène en vitesse. — Okay, okay ! je suis là.

    Roger. — Mais enfin, qu’est-ce que tu foutais ?

    Jérémie. — C’est parce que Chimène m’a dit de venir dans un coin pour, euh… Enfin, bref. Me voilà.

    Roger/don Diègue. — Rodrigue !

    Jérémie/Rodrigue. — Oui.

    Roger/don Diègue. — Rodrigue !

    Jérémie/Rodrigue. — Oui,…

    Roger. — Non mais attends avant de répondre. Je n’ai pas fini ma réplique.

    Jérémie. — Oh pardon, au temps pour moi.

    Roger/don Diègue. — Rodrigue ! As-tu des couilles ?

    Jérémie. — Dis donc, le cœur est descendu bien bas depuis l’époque de Corneille.

    Roger/don Diègue. — Rodrigue, mon camarade, si tu es un vrai délégué syndical, tu dois lancer une grève sauvage devant le bureau du grand patron et réclamer sa tête devant les caméras de RTL-TVI.

    Jérémie/Rodrigue. — La tête du grand patron ?

    Roger/don Diègue. — Oui, Rodrigue.

    Jérémie/Rodrigue. — La tête de Don Gomès ?

    Roger/don Diègue. — Oui, Rodrigue.

    Jérémie/Rodrigue. — Le piston de ma Chimène !… Ecoutez, don Diègue, étant donné la conjoncture, dans un contexte de crise économique mondiale, je ne crois pas qu'il soit judicieux d’entreprendre…

    Roger/don Diègue. — Rodrigue. Si tu ne me défends pas, je me désaffilie. Tu m’entends : je me désaffilie. Tu veux avoir ça sur la conscience ?

    Jérémie/Rodrigue, solennel. — Don Diègue, c’est le devoir qui m’appelle par ta bouche. Je descends dans la rue de ce pas. (Il sort.)

    Roger/don Diègue. — Prends l’ascenseur, l’escalier est en panne.

    Jacques, Enza et Sandrine reviennent sur scène.

    Sandrine. — Ouah ! « Prends l’ascenseur, l’escalier est en panne. » Quelle répartie !

    Roger. — Merci, merci beaucoup. Ça m’est venu comme ça dans le coup de l’émotion.

    Jacques. — Ah, c’est plein d’esprit en tout cas, c’est plein de pêche et ça termine l’acte 1 comme un pot d’échappement au cul d’un camion.

    Enza. — Oui, on tient le spectateur en haleine. Que va-t-il arriver à Rodrigue le petit syndicaliste ?…

    Sandrine. — … Et à Chimène, la pulpeuse déléguée commerciale ?