Les actus
-
Le Silence des Voisins
- Le 22/07/2020
- Dans dialogues
Le silence des voisins
Maison à Vendre
Un expert immobilier fait visiter la maison à Renan Taraud. L’expert est volubile, fait de grands gestes, donne beaucoup de détails alors que Renan voudrait visiter en silence.
L’expert. – Voilà, voilà ! Après le magnifique rez-de-chaussée, la pièce la plus belle de l’étage !
Renan. – Ah ? Vous êtes sûr ?
L’expert. – Oui ! (Il tourne sur lui-même, les bras en l’air, pour admirer l’ensemble de la pièce.)
Renan. – Vu l’état, j’ai peur de voir le reste. Je cherche le calme, vous savez, pas un chantier de gare.
L’expert. – Oh, ne soyez pas ronchon ! Cette maison est une source d’inspiration idéale pour un écrivain.
Renan, penché sur un tas de briques au fond de la pièce. – C’est sûr que ce mur effondré a sûrement des choses à raconter.
L’expert. – Allez, aidez-moi ! (L’expert tend un mètre-ruban à Renan et prend toutes les mesures avec lui. Renan voudrait s’en libérer.) Dimensions idéales de 6 m sur 7 m 50. Hauteur au plafond de 2,50 m. Fenêtre de 1,50 sur 2,50 m. Vue magnifique sur le jardin : 10 m sur 15 m.
Renan. – Oui mais c’est le jardin des voisins.
L’expert. – Ce jardin est un véritable havre de paix. Que ce soit aux voisins, c’est un détail !
Renan. – Un détail de 10 m sur 15 !
L’expert. – Avec un petit arrangement, vous pourrez profiter de leur merveilleux coin vert.
Renan. – Un arrangement ? Un arrangement de quelle sorte ?
L’expert. – Oh, peu importe… De toute façon, ils sont rarement là ; vous pourrez vous faufiler à travers la haie ni vu ni connu. Leur hamac est un des meilleurs du quartier.
Renan. – Ah bon ! Vous avez testé ? Vous n’êtes pas gêné !
L’expert. – Mais Monsieur, ça fait partie des obligations professionnelles de tout connaître du voisinage.
Renan. – Et que font-ils, les voisins, s’ils sont rarement là ?
L’expert. – Ce sont des artistes. Ils créent ! Comme vous, finalement.
Renan. – Ils créent … quoi ? Des pièces de théâtre, des peintures, des sculptures ?
L’expert. – Non, ils sont dans la musique. D’où les concerts, les nombreux déplacements… Vous verrez, vous ne les verrez pas souvent. (L’expert est fier de son jeu de mots.)
Renan. – Et c’est quel genre de musique ? Pas trop bruyant, j’espère ? Du classique ?
L’expert. – Euh… non, pas tout à fait. C’est tout sauf classique en fait…
Renan. – Eh bien, expliquez-vous ! Ils jouent d’un instrument ? Ils chantent ? Ils jouent du rock, de la pop ?
L’expert. – En fait, ils travaillent sur le chant des baleines et le traduisent en partition pour cuivres, instruments à cordes et chants lyriques.
Renan. – Ah ? Je ne connais pas ce genre musical. Mais soit ! Puisque vous savez tout, qu’est-ce qui est arrivé au plancher ? Il est plein de griffes.
L’expert. – Oui mais ce n’est pas très grave. C’est le chat de l’ancien propriétaire.
Renan. – Le chat ? Vous avez vu la profondeur des griffes ?
L’expert, la larme à l’œil. – Je sais, oui… Malheureusement…
Renan. – Quoi, malheureusement ? Qu’est-ce qui vous rend triste tout d’un coup ?
L’expert. – Le chat en avait tellement marre…
Renan. – Marre ? Marre de quoi ? Expliquez-vous, mon vieux !
L’expert. – La voisine… Sa voix de crécelle…
Renan. – Je ne comprends rien à votre histoire !
L’expert. – Lorsque la voisine est venue la dernière fois, le chat lui a sauté dessus, il l’a traînée tout du long ; on aurait dit une bête enragée !
Renan. – Le chat ou la voisine ?
L’expert. – Elle a résisté… Ce sont ses ongles imprimés dans le plancher. Le chat l’a secouée dans tous les sens…
Renan. – Et le mur, lui, n’a pas résisté : c’est ça, hein ?
L’expert. – Elle s’est échappée mais plutôt que de prendre les escaliers, elle a pris la fenêtre…
Renan. – Elle ne s’en est pas sortie ?
L’expert, faisant non de la tête. – Trop haut ! Elle a hurlé en tombant ; un véritable hommage à Moby Dick…
Renan, tout excité. – Eh bien, il fera plus calme dans le quartier, on dirait ! Allez, concluons la vente. Je tiens mon nouveau polar.
Sophie Gérin, janvier 2020
-
Pool-Party - Sophie Gérin
- Le 19/07/2020
- Dans dialogues
Pool-Party - contribution de Sophie Gérin
Restons créatifs cet été. À partir d'un fait divers, les comédiens de l'ATO ont improvisé des saynètes racontant les péripéties d'un nageur à la dérive.
POOL PARTY : L’interview des Chousse-Mafouille (Sophie Gérin)
Mercredi 27 mai, quelques jours plus tard
Les Chousse-Mafouille et Bernal Lesaint, chroniqueur à Radio France-Bleu Indigo de Champagne- Ardennes
Bernard Lesaint. – Tout d’abord, merci à vous, les Chousse-Mafouille, de me recevoir dans votre appartement pour cette interview exclusive, sur les ondes de Radio France-Bleu Indigo. Alors, dites-moi, comment avez-vous réagi quand vous avez vu l’eau passer à travers votre plafond ?
Monique Chousse-Mafouille. – Ah, mon p’tit ! Ma première pensée a été pour vous. Je me suis dit que vous n’étiez vraiment pas doué pour les prévisions météo. J’ai plaint votre mère, vraiment !
Maurice Chousse-Mafouille. – Mais tais-toi, Monique ! Excusez-la, monsieur Bernard, elle plaisante bien sûr ! Notre réaction a été l’étonnement, puis la colère. C’est pas la première fois que ces jeunes nous en font voir. Le mois passé, ils ont organisé un nouveau jeu… Une partie de rave qu’ils appellent ça. Je n’ai pas vraiment compris mais ils ont eu des ennuis parce que c’est un jeu qui se fait dehors, à ce qu’il paraît… Dans un champ de céleri sans doute… mais pas dans un petit appartement, hein ! ça fait bien trop de bruit.
Monique Chousse-Mafouille, se rapprochant très fort de Bernard. – La police a fait stopper leur fête. C’est dommage. Moi, j’aurais bien aimé que Maurice y aille. Vous vous rendez-compte, mon p’tit ? Un champ de céleri !
Bernard Lesaint. – Attention aux distances, madame Chousse-Mafouille. Mais revenons à vos voisins bruyants. Est-ce que vous saviez que le jour de la Pool-Party, ils avaient aussi prévu des covers ?
Maurice Chousse-Mafouille. – Ben, pourtant, il fait pas si froid que ça en ce moment ! Et je suis sûr qu’elles viennent de Chine, leurs couvertures. Pour sûr, ils allaient les revendre un bon prix; des magouilleurs, en plus !
Monique Chousse-Mafouille. – Mais non Maurice, tu comprends rien… Dites, mon p’tit Bernard, ça vous dirait d’être mon agent ? Pour leur prochaine fête, faites-moi engager ; j’ai un répertoire varié, vous savez : je chante du Rolling Stones, du Petula Clark et du Queen. Je me suis confectionné la même combinaison que Freddy, vous savez, celle avec des carreaux blancs et noirs. Bon, un peu moins collante quand même… Dites aux voisins du quatrième que Queen Monique est prête à faire un tabac chez eux… Quand la dalle sera réparée.
Sophie Gérin – 12 juillet 2020
-
Pool-Party - Joseph Cau
- Le 15/07/2020
- Dans dialogues
Pool-Party - contribution de Joseph Cau
Restons créatifs cet été. À partir d'un fait divers, les comédiens de l'ATO ont improvisé des saynètes racontant les péripéties d'un nageur à la dérive.
Thibaut et Nathan sont mariés. Le déconfinement les rend dingues. Nathan aime l’eau !
Thibaut. – Mais qu’est-ce que tu fais ? Tu vas crever de chaud.
Nathan, en combinaison de plongée. – T’occupe ! je tiens à être prêt, des fois où ils changeraient d’avis. (Devant son reflet dans la glace.) Ah zut ! j’ai grossi. Faut que je remette du poids à ma ceinture, bon sang ! Je ne tiens pas à m’épuiser. Ah ah ah ! pas le jour de l’ouverture.
Thibaut. – Mais mon mignon, t’es complètement barge. Ça ne s’arrange pas hein, t’es complètement siphonné, mon popote.
Nathan. – Oui, c’est ça ! J’en peux plus de ces quatre murs et de la déco. Je vais finir par faire une bêtise si on ne me lâche pas… Avec ça, je ne dois pas oublier mon masque.
Thibaut. – Tiens ! prends le mien, mon chou.
Nathan. – Mais non, voyons ! pas ton masque. Pas ton masque de Zorro !... Mon masque qui va avec ma combinaison. Sans oublier mon respirateur.
Thibaut. – Pff ! mon poulet… D’abord, Zorro, c’est sur ses yeux qu’il a un masque. Et puis, ton respirateur, ton respirateur ! Ah ah ah ! Ton petit bout de tuyau, tu veux dire ?
Nathan. – Ben oui, mon petit bout de tuyau… celui qui va avec mon masque, ma combinaison et ma belle ceinture…à gros poids, na ! Celui qui va me permettre de respirer. De respirer, si tu ne veux pas venir à mes funérailles ! Et puis, zut ! Tiens, rends-toi utile, prends mes pantoufles et passe-moi mes …
Thibaut, moqueur. – Tes … ? tes … ? Tes propulseurs ! (Il éclate de rire.) Mais tu vas ressembler à un canard, mon poussin. (Il rit.) Oh, que j’aime ça !
Nathan, en aparté. – C’est vrai qu’il fait chaud ! C’est une combinaison d’hiver que j’ai là. Elle fait au moins sept millimètres. (À Thibaut.) Pour te moquer de moi, tu n’es pas le dernier, bien sûr ! En attendant, moi, je n’en peux plus, je veux être prêt.
Thibaut. – Allez, mon grand fou ! reviens un peu les pieds sur terre ! Une tenue de plongée complète : masque, tuba, combinaison, palmes et ceinture lestée… Ne penses-tu pas que tu exagères un peu ? Ce sont les piscines que l’on va ouvrir. Tu espères peut-être y rencontrer des dauphins ou faire ton Cousteau ?
Nathan. – Et alors, pourquoi pas ? J’en ai assez de patauger, de faire la planche, de jouer avec toi au ‘yellow submarine’ dans une piscine improvisée dans notre salon.
Thibaut. – Oh, c’est vrai : tu as raison, ma petite truite. C’est ce que j’ai trouvé de mieux pour t’aider à supporter ce méchant confinement.
Joseph Cau – 12 juillet 2020
-
Pool-Party - Sophie Maes
- Le 13/07/2020
- Dans dialogues
Pool-Party - contribution de Sophie Maes
Restons créatifs cet été. À partir d'un fait divers, les comédiens de l'ATO ont improvisé des saynètes racontant les péripéties d'un nageur à la dérive.
POOL PARTY : Chez les Chousse-Mafouille (Sophie Maes)
Dimanche 24 mai, 22h28, quelques minutes plus tard
Les Chousse-Mafouille, un couple de septuagénaires, locataires du dessous
Madame chante We Will Rock You pour donner du pep à son mari. Elle lui montre les mouvements. – Allez, Maurice, on lâche rien ! Pense à bien respirer.
Monsieur – J’en peux plus de tes séances de sport ! Tu n'y rentreras jamais plus dans ce foutu bikini, tu n'as plus vingt ans ! Et puis arrête de chanter : c'est un vrai supplice !
Madame, l'air combatif. – Oh si, j'y arriverai ! (Elle se met de nouveau à chanter.) « Son petit itsi bitsi tini ouini, tout petit, petit, bikini / Qu'elle mettait pour la première fois / Un itsi bitsi tini ouini, tout petit, petit, bikini / Un bikini rouge et jaune à petits pois… » Allez, Maurice, on y va ! (Elle se met à chanter Eye of The Tiger.) Chante avec moi.
Maurice Chousse-Mafouille fredonne sans aucune conviction. Il s’arrête, regarde le plafond, tend la main et reçoit une goutte d'eau provenant du plafond.
Monsieur. – Oh mais il pleut ! Il pleut dans l'appartement !!!
Madame. – Oh, il pleut ! (Elle prend la main tendue de son mari et l’entraîne danser.) « I'm singing in the rain, just singin' in the rain / What a glorious feeling, I'm happy again… »
Monsieur – Je ne plaisante pas, il pleut vraiment ! Regarde !
Madame, constatant la fuite. – Mais oui ! il pleut ! Fichue météo ! Ils avaient pourtant prévu un ciel bien dégagé pour aujourd'hui.
Monsieur – Pas de chance : ma partie de pêche va être annulée ! Je te l'ai pourtant assez répété : « Arrête de chanter, il va pleuvoir ! »
Sophie Maes - juillet 2020
-
Pool-Party - création théâtrale
- Le 12/07/2020
- Dans dialogues
Pool-Party dans la Marne
Restons créatifs cet été. À partir d'un fait divers, les comédiens de l'ATO ont improvisé des saynètes racontant les péripéties d'un nageur à la dérive. (écriture : Jérémie Brasseur)
INTRODUTION Pool-Party dans la Marne
Lundi 25 mai, 7h30
L’animateur-radio et le chroniqueur, dans leur studio vers la fin du bulletin d’information
L’animateur de France Bleu Champagne Ardenne. – … Et puis, ce drame social la nuit dernière en Châlons-en-Champagne…
Le chroniqueur. – Oui, Boris. Il était près de 23 heures lorsque les forces de l’ordre sont intervenues au quatrième étage d’un immeuble à Saint-Memmie.
L’animateur. – Une petite commune pourtant sans histoire !
Le chroniqueur. – En effet, Boris. La Police explique avoir reçu un coup de fil désemparé de la part d’un couple résidant au troisième étage de l’immeuble. Ce couple avait constaté des infiltrations d’eau au niveau de leur plafond.
L’animateur. – Et dites-nous, mon cher Bernard : la vaillante Police châlonnaise a-t-elle pu venir à bout de cette intrusion aquatique ?
Le chroniqueur. – Eh bien, il s’est avéré que les voisins du dessus, deux jeunes colocataires, s’étaient bricolé une piscine au beau milieu du séjour en vue de faire la fête. Une ‘Pool-Party’ à laquelle ils avaient même conviés quelques amis.
L’animateur. – Une initiative conviviale, certes ! mais discutable quand on loge au quatrième.
Le chroniqueur. – Je vous l’accorde. Plusieurs invités ont pris la poudre d’escampette à l’arrivée de la police.
L’animateur. – Merci, Bernard. Ajoutons que les pompiers ont été mobilisés pour vider la piscine – une piscine de trois mètres de long – car les tonnes d’eau menaçaient la stabilité du bâtiment.
(d’après un fait divers publié par France TV Info, le 25 mai 2020)
POOL PARTY : Un nageur au bord du suicide
Samedi 16 mai, neuf jours plus tôt
Thibaut et Nathan, les deux colocataires, dans leur appartement
Nathan. – Bon Dieu, Thibaut, qu’est-ce que tu fous avec la tête là-dedans ?!
Thibaut. – J’en peux plus, Nathan ! Tu m’entends ? J’en peux plus. Pardonne-moi : ferme la porte en sortant, j’allume le gaz.
Nathan. – Arrête tes conneries, Thibaut : t’es dans la machine à laver, là !... Écoute ! après ton suicide médicamenteux, t’avais promis d’arrêter. Quand même ! t’as avalé trois cents grammes de laxatif et t’es toujours là. C'est un signe, merde ! T’as pas encore compris ? T’es pas doué pour les suicides.
Thibaut. – C’est trop dur ; tu ne te rends pas compte ! Je viens juste de créer une technique de nage révolutionnaire : la brasse dorsale coulée-touchée. Et depuis ce foutu confinement, impossible d’aller à la piscine tester mon invention de génie !
Nathan. – Chiale pas, Thibaut ; s'il te plaît, chiale pas : tu vas réveiller Chousse-Mafouille et il va monter gueuler… Thibaut, écoute-moi... Ecoute-moi, vieux ! Je te promets que d’ici la fin du mois, je te trouve une solution. Tu vas nager, mon pote. Je ne sais pas encore comment mais je vais te rejeter à la flotte.
Thibaut. – Jure-le, Nathan ! Sur la tête de la petite Sirène.
Nathan. – Je te le jure… Et même sur les nageoires à Bubulle ! (En aparté.) Ô destin faquin ! Comment tenir pareille promesse ? Et comment pourrais-je ne pas la tenir ?... Eh bien, quoi qu’il en coûte, je suis homme de foi et je tiendrai parole.
POOL PARTY : Chez les parents
Samedi 23 mai, une semaine plus tard
Le couple Chignole, les parents de Nathan, dans leur lit conjugal
Monsieur. – Tiens, au fait, Nathan est passé cette après-midi à l’atelier…
Madame. – Ah bon ? Pourquoi tu ne m’as rien dit ? Qu’est-ce qu’il raconte ?
Monsieur. – Il venait emprunter deux, trois bricoles : des bâches, du Scotch, des palettes. Je crois qu’il monte une piscine.
Madame. – Une piscine ? Nathan ? Mais son appart’ est au quatrième ! Germain, qu’est-ce que tu racontes ?
Monsieur. – Oh, écoute ! J’en sais rien, moi.
Madame. – Enfin, c’est ton fils quand même ! Tu aurais pu lui demander... Et s’il allait faire une bêtise…
Monsieur. – Qu’est-ce que tu veux qu’il arrive ? Il bricole un peu : c’est pas une affaire qui va sortir dans la presse, hein. Allez, dors maintenant !
POOL PARTY : Le plan de Stinky
Dimanche 24 mai, 22h06
Noëlla et Stinky, deux invités à la Pool-Party, dans la cuisine de l’appartement
Noëlla. – Stinky, t’es pas encore en maillot ?!
Stinky. – Nan ! Moi, l’eau j’aime pas ça. Au début, même, je voulais pas venir…
Noëlla. – Ben oui, je comprends…
Stinky. – Quoi ! tu voulais pas que je vienne ?
Noëlla. – C’est pas ça mais bon… Qu’est-ce que tu vas faire si tu nages pas ?
Stinky. – Thibaut m’a dit : « Viens quand même; tu verras, ce sera comme d’aller à la mer… »
Noëlla. – Ah oui… Et quoi ?
Stinky. – J’ai amené mon seau, je vais ramasser les coquillages.
POOL PARTY : L’embuscade
Dimanche 24 mai, 22h58, une petite demi-heure plus tard
Bichon et Flanchard, deux policiers, dans le couloir de l’appartement
Bichon. – Alors, c’est quoi le plan ?
Flanchard. – Ben, je fous mon pied dans la porte ; on gueule ‘police !’, on pénètre ; et on neutralise tout ce qu’il y a à neutraliser. T’es prêt ?
Bichon. – Attends, je suis pas sûr. C’est quand qu’on gueule ? Avant ou après qu’on pénètre ?
Flanchard. – On s’en fout. On gueule et on débarque. Il est clair, le plan ; clair et net… Ton arme, elle est chargée ?
Bichon. – Quoi ?
Flanchard. – Bon sang, quelle bite, ce mec ! (Il lui gueule dans le nez.) Est-ce que ton arme est chargée ? C.H.A.R.J.É. : Chargée !
Bichon. – Bah ouais qu’elle est chargée… (À mi-voix.) Presque autant que ton haleine.
Flanchard. – Tu disais ?
Bichon. – Rien, rien.
POOL PARTY : Nageuses en cavale
Dimanche 24 mai, 23h07, à peine dix minutes plus tard
Vanilla et Sully, deux invitées de la Pool-Party, en maillots de bain sur les balcons de l’immeuble
Vanilla. – Sully, je te hais. Sans déconner, je crois que je vais te tuer. Je voulais pas venir à cette putain de fête. Je t’avais dit que ce coup-là, je le sentais pas.
Sully. – Mais arrête de râler, Vanilla. Regarde : le temps est super doux. Profite un peu ! Tu as vu toutes ces étoiles ? Y a la grande Ourse, là-bas.
Vanilla. – Je crois que tu ne te rends pas compte : on est à moitié à poil, on est trempées, on a les flics au cul !
Sully. – Le problème avec toi, c’est que tu vois toujours le verre à moitié vide.
Vanilla. – « Le verre » ? Quel verre, bordel ? Y avait même pas d’alcool. C’était la Pool-Party la plus pourrie de toutes les Pool-Parties de l’histoire. Comment est-ce qu’on va redescendre maintenant ?
Sully. – Passe-moi ta main, on va passer par la corniche. Tu me lâches pas, hein ! Promis ?
Vanilla. – Non, mais sérieux, Sully, tu charries. Arrête ! (Sully glisse, Vanilla lâche sa main et Sully chute de quatre étages ; son cri d’effroi s’éteint dans la nuit.) Eh, merde ! Sully ?!... Oh, oh ! Sully ?... Qu’est-ce que ça dit en bas ? La voie est libre ?
POOL PARTY : Blues de pompier
Lundi 25 mai, 00h16, une heure plus tard
Le pompier et Stinky (caché dans un coin), au bord de la piscine
Le pompier, dans son talkie-walkie. – Capitaine, pour vider la piscine, je fais comment ? J’ai pas le matos, moi… À vous !... Capitaine, vous m’entendez ?... À vous… (Il vérifie le talkie-walkie.) Shit ! plus de batterie.
Stinky, apparaissant. – Y en a pas, des coquillages !
Le pompier, surpris. – Hein !? D’où il sort, celui-là ?... (À Stinky.) Qu’est-ce que vous foutez là, vous ?
Stinky. – J’étais sous l’évier, je comptais les cafards.
Le pompier. – Les cafards ? Mais pourquoi?
Stinky. – Parce que moi, l’eau, j’aime pas ça. Et puis, c’est pas comme la mer, ici. À la mer, les cafards c’est des moules.
Le pompier. – Écoutez, mon vieux : faut pas rester là. La dalle peut céder d’une minute à l’autre.
Stinky. – Ben… Et vous alors ?
Le pompier. – Moi, j’ai reçu des ordres : je dois vider cette foutue piscine. D’ailleurs, faut que je trouve un truc… (Il cherche.)
Stinky. – J’ai un seau.
Le pompier. – Ah ouais ! (Il lui prend le seau des mains.) Ben… réquisitionné, du coup !
POOL PARTY: Au bord de l’étang
Mercredi 3 juin, dix jours plus tard
Gilles (un ami de Thibaut) et le père Mouchaillon, dans un pré, au bord d’un étang
Mouchaillon. – Ça n’a l’air de rien parce que c’est vaseux, mais c’est profond, vous savez ? J’avais mis des bébés requins là-dedans.
Gilles. – Comment ça, des requins ?
Mouchaillon. – Là, il n’y en a plus, hein ! Je ne sais pas comment ça se fait, ils ont crevé. Ils ont dû choper un truc…
Gilles. – Tant mieux… Je veux dire : pour Thibaut c’est plus sécure.
Mouchaillon. – Oh, je dis pas… mais ça m’a fait de la peine. Je les avais appelés Sharky et Makron. Deux belles bêtes, vous auriez vu !
Gilles. – … En tous cas, c’est vraiment sympa de votre part de laisser Thibaut venir plonger : c’est super important pour lui. Rapport à la nouvelle nage qu’il met au point.
Mouchaillon. – Ah ouais : la brasse dorsale croquée, je-sais-pas-quoi… C’est beau, l’innovation !... Enfin, là, ça commence à faire un peu long, quand même.
Gilles. – Un quart d’heure, je dirais.
Mouchaillon. – Et votre copain, il est censé remonter un jour, ou bien… ?
(Un temps.)
Gilles. – Pour vos requins, vous êtes 100 % sûr, ou bien… ?
création théâtrale, juillet 2020
-
Maison à Vendre
- Le 03/07/2020
- Dans infos
Maison à Vendre
projet à reprendre
En mars dernier, la promo 15 de notre atelier travaillait sur Maison à Vendre, un café-théâtre dont les représentations étaient prévues pour fin mai. Après avoir élaboré la trame narrative et défini les personnages du spectacle, le groupe s’attaquait à l’élaboration des dialogues. Le confinement a mis un coup d’arrêt au projet...
Le confinement aura durement affecté nos projets. Florologies, le café-théâtre de la promotion 14, devait faire le plein de spectateurs le weekend du 13 au 15 mars, l’équipe était fin prête mais n’a pu présenter son spectacle au public.
La frustration fut grande également pour la promotion 15 qui préparait son spectacle Maison à Vendre, programmé le week-end du 22 au 24 mai. Notre ami Frédéric Tomisinec nous avait dessiné une belle affiche. Le spectacle devait emmener le public derrière les portes d’un bien immobilier à rafraîchir, hanté par les fantômes du passé et par les potentiels futurs acquéreurs. Les préparatifs allaient bon train avec un canevas fantasque et des personnages hauts en couleur…
Voyez d’ici le tableau : autour de Clarisse Arrache-Clou, l’agent immobilier vite dépassée par les événements, se bousculent Soline Pointerolle, la championne du bricolage, et sa copine Nine Gradine, qui la suit en traînant les pieds, Francette Genouillère qui cultive "la zen-attitude", la baronne Zélie Wastringue et son rat Zouzou, Céleste Martelette dont la voix d’or cherche toujours le plus bel écho, Lucile Douille dans son imper sexy, Clio Moule, grande flemmarde devant l’Éternel, Guyot Burin, l’encombrant voisin, Florie Maillet la vieille mêle-tout du quartier, Josselin Serre-Joint, le fourbe fonctionnaire, Ronan Taraud, le poète qui perçoit les murmures des vieux murs. Et rôdant discrètement, se sentant comme chez elle, Fantine Moine, la squatteuse, qui scrute avec une douce ironie ces drôles de zigotos.
En février, pour promouvoir le spectacle, l’équipe avait réalisé un shooting photo. Avant d’archiver le dossier (non sans l’espoir de reprendre un jour le projet inachevé), notre site publie quelques-unes des photos prises à cette occasion. Ça témoigne bien de l’enthousiasme de l'équipe et des chouettes soirées du lundi, d’octobre 2019 à mars 2020 ! En compagnie d’Isabelle Blanquet, Christiane Carlier, Joseph Cau, Dominique Fievet, Sophie Gérin, Inèse Haubourdin, Candice Honorez, Marianne Jourquin, Emilie Kalecinski, Sébastien Lambert, Camille Schiffer, Sandrine Vansnick et Gina Zicari.
À présent, c’est l’été et on reprend doucement nos activités. « Le théâtre ça devient vite addictif, confiait Joseph Cau un soir où l'on préparait Maison à vendre. Une fois qu’on a commencé, on ne peut plus s’en passer. » Il est encore impossible de programmer nos prochains rendez-vous avec le public mais nous continuerons néanmoins à exercer notre fantaisie et à créer des saynètes délirantes. Le site Internet proposera tout au long de l’été des dialogues et des sketchs créés par les comédiens de l’ATO. Comme une promesse de retrouvailles…
Jérémie Brasseur
-
FloroLogies - en BD
- Le 18/03/2020
- Dans infos
FloroLogies
souvenirs en bande dessinée
Sandy Vansnick
Sophie Maes - Joseph Cau - Coralie Thomas - Stéphanie Eggermont
Isabel Greco - Margarita Guerra
Dorothée Giraud - Laurence Scherer
Coralie Thomas - Doriane Ghysels
Stéphanie Eggermont - Eléonore Dimey
Sabrina Cauchies - Isabel Greco
Joseph Cau - Sophie Maes
Doriane Ghysels - Coralie Thomas
Sébastien Lambert - Sophie Maes - Doriane Ghysels
Eléonore Dimey - Isabel Greco
Roberto Carbone - Margarita Guerra
Mélissa Copenaut - Sabrina Cauchies
Sophie Maes - Isabel Greco
Sébastien Lambert - Eléonore Dimey
Coralie Thomas - Sophie Maes - Roberto Carbone
Joseph Cau - Laurence Scherer
-
FloroLogies - programme
- Le 13/03/2020
- Dans infos
FloroLogies
Nous sommes contraints d'annuler les représentations de notre spectacle. Nous publions sur notre site le livret de présentation en souvenir de cette belle aventure.
Demandez le programme de notre nouveau spectacle FloroLogies... Ou plutôt servez-vous. Vous pouvez le télécharger - tout en couleur ! - sur notre page Nos spectacles.
L'accès rapide ? C'est par ici.
FloroLogies, café-théâtre de l'atelier initiation au théâtre (promotion 2019-2020) / créé à la Maison de Quartier de Mons en mars 2020 / avec Roberto Carbone, Joseph Cau, Sabrina Cauchies, Mélissa Copenaut, Eléonore Dimey, Stéphanie Eggermont, Doriane Ghysels, Dorothée Giraud, Isabel Greco, Margarita Guerra, Sébastien Lambert, Sophie Maes, Laurence Scherer, Coralie Thomas, Sandrine Vansnick / textes de Jérémie Brasseur, Joseph Cau, Sabrina Cauchies, Doriane Ghysels, Dorothée Giraud, Isabel Greco, Jacques Lambert, Sébastien Lambert, Sophie Maes, Laurence Scherer, Coralie Thomas / adaptation des textes et mise en scène : Jérémie Brasseur / assistante-metteur en scène : Sandrine Vansnick / affiche : Frédéric Tomisinec