rencontre - Genseric Delpâture
- Par brasseur-vansnick
- Le 12/05/2021
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Rencontre avec un passionné
Genseric Delpâture, forgeur de rêves
La semaine dernière, dans le cadre de ses rencontres virtuelles, l’Atelier Théâtre des Oiseaux a reçu la visite de Genseric Delpâture, le président du club de jeu de rôle Les Forgeurs de Rêves basé à Mons. Passionné par les jeux de rôle depuis l’âge de 11 ans, Genseric en a lui-même créé plusieurs.
Depuis décembre dernier, les membres de l’ATO se retrouvent par visioconférence autour de ce qu’on appelle entre nous des jeux de rôle. Mais il est évident que nos petits scénarios improvisés autour de faits divers sont assez éloignés de ce qu’on définit ordinairement par ce terme. En fait, le jeu de rôle a bien évolué ces dernières décennies ! Si vous avez en tête un groupe de collégiens bizarres qui se lancent des sortilèges le soir au fond des caves, il est temps de revoir votre copie. Genseric Delpâture, le président du club Les Forgeurs de Rêves a accepté de participer à l’une de nos rencontres virtuelles pour nous parler de sa passion.
Genseric, depuis quand t’intéresses-tu aux jeux de rôle ?
J’avais 11 ans quand je suis entré dans cet univers. J’ai fait mes premières armes en famille et avec des amis, puis je suis entré dans un club. Peu à peu, j’ai fait mon chemin et j’en suis devenu le président. Je suis aussi le créateur de jeux de rôle, dont certains (Le Club et L’Agence Barbare) ont été publiés par des maisons d’édition reconnues.
Comment pourrait-on définir le jeu de rôle ?
Le jeu de rôle n’a pas toujours été bien perçu. Il faut dire que les univers des aventures proposées font souvent référence aux monstres, à la magie noire ou à des thèmes horrifiques. Les parents n’étaient pas franchement rassurés à l’idée que leurs enfants lançaient des sortilèges dans les caves des appartements. Pourtant, le jeu de rôle n’a rien de sulfureux. C’est un jeu de société, un peu comme le Monopoly. Les joueurs sont amenés à interagir dans le cadre d’un scénario. Ils construisent eux-mêmes leurs personnages en respectant quelques règles fixées par le maître de jeu. Au cours des aventures, le hasard prend une place importante : d’où la grande variété des dés utilisés… du dé à trois faces au dé à cent faces !
Quand on pratique le jeu de rôle, on parle beaucoup…
Oui, c’est un art oratoire. Le maître du jeu raconte l’histoire et les joueurs dialoguent avec lui. L’un des aspects les plus intéressants, c’est que le jeu de rôle se pratique en équipe. Il est très rare que les joueurs s’opposent les uns aux autres au cours d’une partie. Au contraire, ils s’allient pour déjouer les plans machiavéliques du maître de jeu, qui est en fait l’animateur de la partie. Il n’est pas là pour embêter les joueurs mais pour que leur expérience soit la plus intéressante possible. Ce qui implique de semer des embûches au fil de l’histoire. Plus les dangers seront grands, plus les joueurs seront heureux d’arriver au terme de l’aventure avec des personnages en vie.
Combien de temps dure une partie ?
Il y a différents formats. Certains jeux de rôle durent une demi-heure. C’est une bonne façon de faire découvrir notre activité lorsqu’on tient un stand dans un salon et que les gens passent de table en table. Il y a donc des jeux de rôle très courts mais ce ne sont pas ceux qui permettent de s’impliquer vraiment dans la construction d’un personnage et de découvrir un univers très riche. Le format d’une partie classique s’étend sur quatre ou cinq heures. Ce sont les one shot qui permettent de mener une aventure à son terme en une soirée. Et puis, il y a des formats beaucoup plus longs, les campagnes. Elles peuvent s’étaler sur plusieurs années au rythme d’une partie par mois avec un enchaînement de scénarios qui entraînent une réelle évolution des personnages.
Vous incarnez vos personnages, c’est un peu comme dans le théâtre d’improvisation ?
Oui, avec une grande différence tout de même. Il n’y a aucune obligation de faire parler son personnage. On dira par exemple : « J’entre dans l’auberge, je demande ce qu’il y a à boire. » De temps en temps, un joueur peut commencer à parler avec la voix de son personnage mais très souvent on se contente de décrire les actions et le contenu des conversations.
Pourquoi les jeux de rôle plongent-ils toujours les joueurs dans un univers fantastique ?
Ce n’est pas toujours le cas mais c’est vrai pour 95 % du marché. Comme on dit souvent, si c’est pour jouer la vie de tous les jours – métro, boulot, dodo – le jeu de rôle n’a pas grand intérêt. Cela vient sans doute aussi de l’influence énorme de Donjons et Dragons. Ce jeu de rôle [médiéval-fantastique], créé dans les années 70, a touché les amateurs de ce type de littérature. Mais de nos jours, il y a beaucoup d’autres univers, souvent inspirés de films et de séries, comme La Guerre des Étoiles, Harry Potter ou James Bond.
Participer aux jeux de rôle, cela peut-il devenir une pratique addictive ?
Je n’ai jamais connu de cas où cela soit devenu pathologique. Bien sûr, il y a des passionnés qui voudraient pratiquer le jeu de rôle le plus souvent possible, mais rien qui puisse devenir inquiétant. Par contre, la pratique du jeu de rôle pourra aider une personne timide à sortir de sa coquille. J’ai le souvenir d’un jeune homme qui est arrivé au club en se cachant derrière sa maman. Au fil des séances, on l’a vu prendre sa place, gagner en assurance et commencer à défendre son point-de-vue avec aplomb. Le jeu de rôle permet d’épanouir le contact social et de développer la faculté de prendre la parole en public.
Comment fonctionne le club des Forgeurs de Rêves ?
Ces dernières années, le club a connu une grande augmentation du nombre de ses adhérents. Début 2020, il rassemblait plus d’une cinquantaine de membres. Nous accueillons un large public, hommes et femmes, à partir de 12 ans. Cela fait beaucoup de monde à caser ! Bien sûr, les joueurs peuvent se réunir chez les uns et les autres mais, en principe, nous encourageons les maîtres du jeu à organiser leurs séances dans les trois locaux mis à la disposition du club à Mons : Les Bains Douches (rue de Malplaquet), la maison de quartier de Cuesmes et le bâtiment de la Ligue des familles sur le boulevard Albert-Elisabeth. Nous espérons nous retrouver dès que la situation s’améliorera. Bien sûr, des parties ont pu se dérouler en visioconférence. Internet propose des outils pour cela. Mais pouvoir se rassembler autour d’une table, avec nos chips et nos pizzas, cela garde une saveur inégalée !
Propos recueillis par Jérémie Brasseur
Forum des Forgeurs de Rêves : www.forgeurs.net
Pour découvrir les jeux de rôle de Genseric Delpâture : www.jdra.eklablog.net
On trouve des jeux de rôle en vidéo sur YouTube. Par exemple : www.youtube.com/c/RôlenPlay