Les actus
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jeu des experts / une rincette
- Le 01/12/2021
- Dans infos
Jeu – Les Experts Vous Expliquent
Qu’est-ce qu’une rincette ?
Courtisés par les médias, ils se contredisent, se déchirent, s’étripent. Moins leur propos est fiable, plus ils palabrent avec aplomb. L’espace d’un jeu, nos comédiens se glissent dans leur peau... Et surtout dans leur tête. Les voilà invités sur un plateau télé pour expliquer un terme inconnu. Chacun y va de sa petite version. Seul l’un d’entre eux propose la bonne définition. (Un sur six, ce n’est déjà pas si mal ; on est peut-être même au-dessus de la moyenne.) Saurez-vous démêler le vrai du faux ? C’est le petit quiz du jour !
Jeu créé à partir d’un dialogue improvisé avec Bernard, Caro, Dominique, Jérémie, Justine, Michel et Sandy (30 11 2021)
Et si vous êtes d’humeur à jouer, pourquoi ne pas redécouvrir nos quiz consacrés au petit monde du théâtre ? Histoire de tester vos connaissances sur les pièces incontournables du répertoire, les grands auteurs, les sketchs inoubliables, le vocabulaire des gens de théâtre… C’est par ici.
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rencontre - Les Arts Maniaques
- Le 28/11/2021
- Dans infos
Rencontre avec deux passionnés
Pipo Guillet et Gérard Guéguen, fondateurs des Arts Maniaques
Mais comment font-ils, les Arts Maniaques ? Malgré la crise qui se prolonge, la troupe garde toute sa vitalité, le nombre d’adhérents continue même d’augmenter. Pour tenter de comprendre ce prodige, nous avons fait un petit tour virtuel du côté de Rennes, en Bretagne, à la rencontre de Pipo et Gérard, les fondateurs de la troupe.
C’est en 2007 que Pipo (Jean-Claude) Guillet et Gérard Guéguen fondent ensemble la troupe des Arts Maniaques à Pont Péan, petit village au sud de Rennes. Les deux complices s’appuient sur leur passion commune pour la scène. Avant de se rencontrer, ils ont suivi des trajectoires étrangement similaires et leurs visions du théâtre amateur concordent. Une grande aventure démarre, qui se poursuit, 14 ans plus tard, avec un remarquable dynamisme.
Bonjour les Arts Maniaques. Dites-nous, comment en êtes-vous venus à créer votre troupe ?
Gérard. – Chacun de nous s'est implanté, pour des raisons professionnelles, dans la région de Rennes. On ne se connaissait pas. Nous avons cherché une troupe de théâtre qui nous corresponde mais on n’a pas trouvé.
Pipo. – Dans la région, les troupes montaient surtout du boulevard. Des pièces pas forcément mauvaises mais montées un peu à l'arrache. Nous, on aime le travail bien fait.
Vous montez des pièces d’auteur mais vous avez aussi écrit vos propres pièces…
Pipo. – Oui. J’écris depuis longtemps. J’ai animé un atelier théâtre à Paris et rapidement j’ai été amené à créer des petits dialogues pour les débutants. Gérard, lui, s’est mis à écrire pour les 10 ans de la troupe. En 2017, nous avons décidé d’aller jouer à Avignon. Chacun a écrit une pièce et on a trouvé que ce serait plus sympa de monter celle de Gérard qui était truffée de jeux de mots. Ça s'appelait La balance.
Vous avez très vite souhaité ajouter une dimension caritative à vos projets théâtraux ?
Gérard. – Oui, du temps où je faisais du théâtre à Quimper, la troupe courait toujours après l’argent pour son propre fonctionnement, à cause des locations de salle et des frais divers. Ici, les conditions de création sont plus favorables ; la mairie nous aide. Depuis les débuts de la troupe, les statuts prévoient l’organisation d’actions caritatives. Ceux qui rejoignent les Arts Maniaques pour faire du théâtre adhèrent à cet engagement caritatif. Ils viennent aider. Tout spécialement lors de la soirée qu’on organise chaque année au profit de différentes associations.
Concrètement comment avez-vous mis en place ces partenariats ?
Pipo. – On ne voulait pas aider des associations qui partent rouler en 4x4 en Afrique. L'argent devait vraiment servir à quelque chose d’utile.
Gérard. – Nous avons constitué une structure intitulée TACLE (Théâtre amateur contre l'exclusion). C'est une sorte de filiale des Arts Maniaques. Les comptes sont nettement distincts même si l'existence des deux structures est liée : si les Arts Maniaques n'existaient pas, TACLE n'existerait pas non plus.
De quelle manière, la troupe a-t-elle traversé les différents confinements depuis 2020 ?
Pipo. – Au moment du premier confinement, on travaillait sur une pièce de Jean Anouilh. Notre travail a été interrompu alors qu’on était déjà bien avancés. Après un moment de flottement, nous avons mis en place des rencontres en vidéoconférence, histoire de garder le contact. En septembre, nous avons compris qu'on ne pourrait reprendre ni les répétitions ni les ateliers. Alors on a lancé un concours d'écriture ouvert à tous en collaboration avec la médiathèque de la ville et l'Association des parents d'élèves.
Ce concours d’écriture que vous avez intitulé À Vos Plumes…
Gérard. – Nous avons proposé le thème du confinement. Les participants nous envoyaient leurs textes. Avec les comédiens d’Arts Maniaques, nous avons réalisé des capsules vidéo pour les diffuser sur notre chaîne YouTube. C'était une manière de créer du lien. Suite au concours, un recueil des textes a été édité.
Pipo. – Après, on a repris nos répétitions, on espérait rejouer mais un nouveau confinement est survenu en mars 2021.
Gérard. – L'impact de cette crise, c'est quand même deux pièces mort-nées !
Pipo. – C'est une grosse déception, même si on reste fondamentalement optimistes.
Pour traverser cette période difficile, vous vous appuyez sur l’esprit de troupe ?
Pipo. – Oui. Pour nous c'est très important que les comédiens s'investissent même quand ils ne jouent pas. Ils s’occupent de la régie par exemple. Quand on a fondé la troupe, on était trois. A présent, il y a une quinzaine de comédiens. De nouveaux adhérents arrivent par l’atelier, ils restent, ils s'intègrent.
Gérard. – Bien qu’on soit déjà suffisamment nombreux, on participe chaque année au forum des associations. On s'oblige à y aller pour éviter que la troupe ne se sclérose. On ne veut pas vivre en vase clos, il faut rester ouvert vers l'extérieur.
Quels sont vos grands projets en cours ?
Pipo. – On monte une adaptation de la pièce Vol au-dessus d'un nid de coucou. C’est prévu pour les 19 et 20 mars 2022. On est aussi sur un projet lancé par l’ADEC, la maison du théâtre amateur rennaise. Ce projet intitulé Par 4 Chemins met en contact trois troupes de théâtre amateur et trois autrices professionnelles. Chaque autrice a créé une pièce d’une demi-heure destinée à une troupe en tenant compte du nombre d’acteurs. Trois spectacles d'une demi-heure ; 1h30 de spectacle. On s'est engagés à la monter sans en connaître le thème ! Nous la jouerons en janvier, une fois ici à Pont-Péan, une fois à Rennes, une fois du côté de Fougères et enfin sur Saint Malo. C'est un gros challenge.
Qu'est-ce qui vous donne envie de continuer après 14 ans d’aventures ?
Pipo. – Pour moi, c'est d’être entourés de gens très motivés. Au sein de notre troupe, on a des gens très motivés ; qui s'occupent de notre communication, de notre page Facebook, de notre site Internet, de notre chaîne YouTube ; qui publient tous les mercredis quelque chose ; qui viennent aux répétitions, même quand ils ne jouent pas ; qui s’investissent à fond dans les projets… Tout ça renforce la motivation.
Gérard. – Chaque année, les nouveaux projets motivent, et on essaie d'emmener les comédiens vers d'autres horizons, de sortir de Pont Péan. L'intégration des nouveaux arrivants, leur écoute lors des ateliers sont également très motivants.
Pipo. – C’est vrai que souvent dans les troupes de théâtre amateur, les comédiens se produisent uniquement devant leurs familles et leurs amis, autant dire un public acquis d’office. Nous essayons d'amener nos comédiens assez loin, dans des salles parfois improbables, dans des villes qu'ils ne connaissent pas, face à des publics qui vont vraiment les juger sur ce qu'ils présentent.
Gérard. – Ça crée de belles aventures, des expériences qu'on ne vivrait pas autrement.
Propos recueillis par Jérémie Brasseur
Le site web des Arts Maniaques: www.lesartsmaniaques.fr
Les Arts Maniaques sur Facebook
Les Arts Maniaques sur YouTube
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PhotoRéplique - Avis de recherche
- Le 24/11/2021
- Dans infos
Avis de recherche - PhotoRéplique ATO novembre 2021 - sur la photo : Dominique Trillet - idée texte : J. Brasseur
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Piliers2 / Bavaro raconte-3
- Le 21/11/2021
- Dans dialogues
Raconte-nous, Bavaro… (3e partie)
Piliers de Comptoir est un univers créé par l’Atelier Théâtre des Oiseaux en décembre 2019. Depuis cet été 2021, l’ATO réinvestit le bistrot imaginaire du Nul Bar Ailleurs, crée de nouveaux personnages, développe de nouvelles intrigues. Des sketchs sont en préparation, en prévision d’une présentation au public.
Bavaro. – C’est un pote qui m’a raconté ça : un jour, il traversait la Pologne avec un chargement de caisses de vodka.
Chouffe. – Ça, c’est une histoire qui commence à m’intéresser.
Bavaro. – Tout à coup, le fourgon tombe en panne. Mon pote se met sur le bas-côté et il attend. L’histoire ne dit pas s’il boit de la vodka…
Chouffe. – L’histoire ne le dit pas mais son haleine, à mon avis oui.
Bavaro. – Je ne sais pas, j’étais pas là. A un moment, il fait une incantation à saint Camion.
Belle-Vue. – Pouët, pouët !
Forestinne. – Mais arrêtez d’interrompre à tout bout de champ.
Bavaro. – Merci, Forestinne. C’est vrai que je ne me sens pas fort écouté.
Forestinne. – Moi, je suis suspendue à vos lèvres, Bavaro.
Chouffe. – Forestinne, ne commencez pas vos frottis-frottas.
Forestinne. – Bouclez-la, vous autres. Sinon, on ne connaîtra jamais le fin mot de l’histoire.
Bavaro. – Donc, mon collègue invoque saint Camion, et tout d’un coup, il voit un semi-remorque qui s’amène. Un gars descend : un mastodonte tout en blanc, des grosses bottines et une salopette qui le boudine…
Vedett. – C’est le bonhomme Michelin, ça.
Bavaro. – Pas loin. Il s’assied, il ouvre une mallette. Et qu’est-ce qu’il a dans sa mallette ? Il a sa pitance.
Chouffe. – Sa quoi ?
Bavaro. – Sa pitance… ses tartines, quoi.
Chouffe. – Ah, j’ai eu peur ! j’avais compris autre chose.
Bavaro. – Enfin, concentrez-vous. Merde !
Vedett. – Continuez, Bavaro, vous avez titillé notre curiosité.
Bavaro. – Donc, voilà notre sauveur fantôme qui déboule, avec sa mallette...
Chouffe. – … et sa pitance. On sait.
Bavaro. – Il sort une pinte, il la tend à mon pote sans rien dire.
Belle-Vue. – Bah il ne parle pas français, c’est un Slovène.
Bavaro. – On ne sait pas, ça.
Vedett. – C’est Michelin l’Enchanteur.
Bavaro. – En tout cas, il ferme sa gueule. Et y en a qui devrait prendre exemple ! (Reprenant son histoire.) Mon pote, il est hypnotisé. Le fantôme lui file la pinte.
Chouffe. – Une deuxième ?
Bavaro. – Non, toujours la même. J’essaie de raconter mais on me coupe tout le temps, je m’embrouille. Mon pote ouvre sa pinte. Pschitt ! Et là, le pschitt qu’il entend, il ne sait pas très bien si ça vient de la pinte ou d’un compresseur. Il boit un coup, il voit un peu flou. Et il réentend pschitt là-bas. Il finit sa pinte. Le fantôme n’est plus là. Il n’y a plus que le camion qui l’appelle.
Forestinne. – C’est comme dans les contes de fées.
Bavaro. – Mon pote se remet au volant, il met le contact et vroum ! ça démarre au quart de tour.
Forestinne. – Ouah ! quelle merveilleuse histoire, Bavaro.
Vedett. – Surtout le passage avec la pinte !
Bavaro. – Personne n’a jamais su ce qui s’était vraiment passé.
Forestinne. – Eh bah moi, je me sens mieux.
Vedett. – Cette nuit, on va tous rêver de Michelin l’Enchanteur.
Belle-Vue. – Mais oui, on va faire dodo et on se revoit demain.
Chouffe. – Moi, je crois que je vais rester ici. Comme ça, je serai déjà là pour demain. Belle-Vue, vous n’aurez pas à courir pour venir ouvrir.
Belle-Vue. – Bah, passez un coup de torchon alors tant que vous y êtes.
Vedett. – C’est un peu dommage de se quitter maintenant…
Bavaro. – … Juste au moment où on commence à bien s’entendre.
Forestinne. – Pour rester dans l’ambiance, on devrait tous aller camper dans le camion de Bavaro.
Vedett. – Il reste de la vodka ?
Belle-Vue. – Mais non : c’est Michelin qui l’a ramenée en Slovénie avec sa mallette !
Bavaro. – Ah oui, quand même ! y en a qui n’ont rien pigé à l’histoire en fait.
Texte de Jérémie Brasseur, d'après un dialogue de Bernard, Caro, Dominique, Michel et Sandy, le 02 11 2021
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Piliers2 / Bavaro raconte-2
- Le 17/11/2021
- Dans dialogues
Raconte-nous, Bavaro… (2e partie)
Piliers de Comptoir est un univers créé par l’Atelier Théâtre des Oiseaux en décembre 2019. Depuis cet été 2021, l’ATO réinvestit le bistrot imaginaire du Nul Bar Ailleurs, crée de nouveaux personnages, développe de nouvelles intrigues. Des sketchs sont en préparation, en prévision d’une présentation au public.
Vedett. – Moi, je veux entendre une aventure... avec des camionneurs ardents, des nuits passées au fond des motels moites, où résonne l’écho des mâles tribulations et des trépidations intrépides. Une odyssée qui fleure l’odeur de bitume.
Chouffe. – L’odeur de quoi ?
Vedett. – De bitume.
Chouffe. – Ah, hum…
Forestinne. – Oui, il faut bien l’écouter jusqu’à la dernière syllabe, Vedett. Sinon, on fait fausse route.
Vedett. – Bavaro, racontez-nous votre vie de chauffeur poids-lourds.
Bavaro. – Non, ça va me donner soif.
Belle-Vue. – Allez, on va vous ravitailler si c’est pour la bonne cause.
Chouffe. – J’en reprends un petit par solidarité !
Bavaro. – Dans ces conditions, je veux bien. Il y a des choses dont on ne parle qu’entre routiers, à voix basse, à l’ombre des semi-remorques.
Forestinne. – Ça ne sortira pas d’ici.
Belle-Vue. – On sera muets comme des tongs.
Bavaro. – Les transporteurs ont leur propre univers, leurs traditions, leur folklore. Ils voient des choses que les gens comme vous, qui restez à végéter au bistrot, vous ne verrez jamais.
Belle-Vue. – Bah… on voit des truc, nous.
Vedett. – Des fois, on voit même en double.
Chouffe. – Dites, Bavaro, arrêtez vos grands airs : « vous qui restez à végéter au bistrot »… où est-ce que vous croyez que vous êtes ici ?
Bavaro. – Moi, ça ne compte pas. Je suis en pause.
Chouffe. – Nous aussi, on est en pause. Hein, Vedett, qu’on est en pause. On prend des poses, on change de pose, on fait ce qu’on veut.
Bavaro. – Attendez. J’ai roulé jusque quatre heures, je reprends à quatre heures demain, il faut bien que je décompresse cinq minutes.
Chouffe. – Une pause de vingt-quatre heures, ça fait déjà cinq belles minutes !
Bavaro. – Je préfère pas prendre de risque, des fois qu’on contrôlerait mon disque. Mais vous m’interrompez tout le temps. Je n’ai pas encore commencé mon histoire et j’ai déjà fini mon verre.
Forestinne. – Moi, à la radio, j’ai entendu dire qu’il s’en passait de drôles sur les parkings d’autoroutes.
Vedett. – Surtout du côté de Namur, à ce qu’on raconte.
Bavaro. – Bah ça, ce n’est pas le genre de cochoncetés qu’on débite devant des demoiselles de bonnes famille.
Belle-Vue. – Oh si ! racontez. On est entre nous.
Chouffe. – Il n’y a qu’à tirer les tentures.
Belle-Vue. – On va se cocooner ! Prenez les coussins, on va les mettre par terre pour s’asseoir en rond.
Bavaro. – Si je vous raconte ce qui se passe sur les aires de repos du Namurois, j’en connais ici qui vont courir là-bas. Et c’est le genre de coins où on ne tète pas que du café.
Chouffe. – Vedett, moi, j’ai la voiture, je vous embarque, on part à deux. Les divas débridées !
Bavaro. – Ce soir, je vais plutôt vous raconter une autre histoire. On y croit ou on n’y croit pas, c’est la légende du camionneur sauveur fantôme... Ou camionneur fantôme sauveur.
Vedett. – Ou fantôme camionneur sauveur.
Bavaro. – Si vous voulez.
Vedett. – Ou fantôme sauveur camionneur.
Bavaro. – Aussi.
Vedett. – Ou fantôme comme savonneur… Ah, non.
Bavaro. – Aucun de vous n’a jamais entendu parler du camionneur sauveur fantôme ?
Belle-Vue. – Non. (Mortifiée.) On fait rien qu’à végéter au bistrot.
Texte de Jérémie Brasseur, d'après un dialogue de Bernard, Caro, Dominique, Michel et Sandy, le 02 11 2021
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Piliers2 / Bavaro raconte-1
- Le 12/11/2021
- Dans dialogues
Raconte-nous, Bavaro… (1e partie)
Piliers de Comptoir est un univers créé par l’Atelier Théâtre des Oiseaux en décembre 2019. Depuis cet été 2021, l’ATO réinvestit le bistrot imaginaire du Nul Bar Ailleurs, crée de nouveaux personnages, développe de nouvelles intrigues. Des sketchs sont en préparation, en prévision d’une présentation au public.
Au Nul Bar Ailleurs, tard le soir.
Belle-Vue. – Je dis ça mais je ne pense pas à mal : on va bientôt fermer…
Chouffe. – « Fermer » !? Ah non. Après, faut rentrer chez soi, tout ça.
Forestinne. – Je n’ai pas fini mon verre, moi.
Bavaro. – Je ne suis pas aux pièces non plus, le camion est bloqué à l’entrepôt.
Belle-Vue. – Allez, buvez vos fonds. Moi, je suis là, j’attends.
Chouffe. – Où ce que vous courez, comme ça, Belle-Vue ? Carapils, il ferme toujours à pas d’heure.
Belle-Vue. – Ce que j’en dis, c’est pour la forme. Je joue mon boulot de patronne…
Forestinne. – Je n’ai pas fort envie de rentrer : mon ordi est mort, je ne sais plus aller sur MonBingo.com.
Bavaro. – Parce que même la nuit vous jouez au bingo ?
Forestinne. – Faut bien que je m’entraîne.
Bavaro. – Ça vaut ben l’ peine ; vous finissez toudis dernière.
Forestinne. – J’ai la scoumoune depuis que j’ai paumé mon cure-dent porte-bonheur.
Chouffe. – Qu’est-ce que vous voulez ! Quand on touche le fond, on touche le fond.
Vedett. – Non, y a toujours plus au fond.
Bavaro. – Dis donc, l’ambiance est pas géniale, ce soir !
Vedett. – C’est ce que je me dis depuis que j’ai arrêté l’alcool.
Forestinne. – Vous avez arrêté ? Mais depuis quand ?
Vedett. – Depuis tout à l’heure… j’ai commandé un Kidi-bidull.
Chouffe. – Vous avez chopé l’abstinence.
Belle-Vue, que cette perspective terrifie. – L’abstinence ?!
Chouffe. – Ça peut arriver à n’importe qui. Sapristi, Vedett, qu’est-ce qui vous est passé par la tête ?
Vedett. – Je n’en pouvais plus de voir des visions surgir dans ma bière, alors je me suis mise au Kidi-bidull.
Bavaro. – Et vous voyez à travers les bulles ?
Vedett. – Bah oui, quand elles remontent.
Forestinne. – Vous allez en ramasser plein le pif. C’est un coup à choper des trous d’air dans le cerveau.
Chouffe. – Faut se méfier des boissons gazeuses : le gaz, on ne sait jamais d’où ça vient et par où ça passe.
Bavaro. – C’est que ça voyage libre. Un peu comme nous les camionneurs. Mais l’odeur est pas pareille…
Chouffe. – Quoique !
Forestinne. – Et si on faisait une veillée…
Vedett. – Funèbre ?
Belle-Vue. – D’accord. Qui c’est qu’on enterre ?
Forestinne. – Mais non, une veillée comme autrefois : se blottir au coin du feu, écouter les ancêtres évoquer leur jeunesse de leur petite voix mourante... Mère Chouffe, racontez un truc.
Chouffe. – La mère Chouffe, avec sa petite voix mourante, elle vous bleffe à la barbe !
Bavaro, narquois. – Forestinne, faites-nous le récit d’une partie de bingo ; il y a toujours un tel suspens, de tels rebondissements !
Forestinne. – Et mon verre, vous voulez le ramasser sur le coin de la tronche ?
Vedett. – Allez, on ne va pas se chamailler...
Belle-Vue. – Les chamailles, ça finit toujours mal. Y en a toujours un qui se fait traiter de pochtron et qui part un peu vexé.
Bavaro, levant son verre. – Bon beh, à la nôtre !
Chouffe, qui trinque avec les autres. – À nous !
Belle-Vue, avec un enjouement forcé. – À la bonne ambiance du café ce soir !
Texte de Jérémie Brasseur, d'après un dialogue de Bernard, Caro, Dominique, Michel et Sandy, le 02 11 2021
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rencontre - Emmanuel Dupuis
- Le 10/11/2021
- Dans infos
Rencontre avec un passionné
Emmanuel Dupuis, organisateur de murder parties
Le confinement fut l'occasion pour l’Atelier Théâtre des Oiseaux d’explorer un recoin du vaste univers des jeux de rôle. Dans le domaine, Emmanuel Dupuis nous a précédés de quelques lustres ! Sa passion pour les histoires et son plaisir d'interpréter des personnages l'ont amené à créer bon nombre de murder parties.
Envie de vivre, le temps d'une soirée, « une aventure policière avec sa part d'énigme, de frisson, d'action et son lot de rebondissements »* ? Bienvenue dans le monde de la murder party ! Ici, chaque joueur incarne un personnage embarqué dans une intrigue où se côtoient suspects et assassin(s). Au programme, le plaisir de jouer un personnage et de mener une enquête. Suivez le guide : Emmanuel Dupuis vit à Binche. Depuis près de vingt ans, il organise des soirées qui peuvent rassembler une quinzaine de participants.
Emmanuel, d’où vient ta passion pour les murder parties ?
Depuis l'enfance, j'aime les histoires. Particulièrement celles qui contiennent du mystère et des énigmes. J’aime aussi interpréter des personnages. J'avais un théâtre de marionnettes quand j'étais gosse et à l'école, j’adorais jouer aux gendarmes et aux voleurs, aux cowboys et aux Indiens,...
Comment as-tu découvert l'univers de la murder party ?
A la fin des années 90, les magasins de jouets ont sorti une série de jeux de société. Les joueurs interprétaient huit personnages suspectés d’avoir commis un meurtre. Dans la boîte, il y avait une cassette pour accompagner l'intrigue. Le jeu prévoyait des tours de parole ou chacun posait des questions aux autres. Et puis ces jeux-là sont passés de mode, on n’en a plus trouvé dans la grande distribution. Je trouvais ça dommage et j'ai fait des recherches dans des boutiques spécialisées dans les jeux de rôle. C’est comme ça que je suis tombé sur un livret de 80 pages publié par un groupe de Lillois. Ça devenait plus sérieux : l’intrigue était plus détaillée et nécessitait plus de préparation. Trois ou quatre autres livrets sont parus dans la même série. Quand ce filon a été épuisé, je me suis tourné vers Internet.
Les amateurs de murder parties étaient déjà sur le web ?
Oui, j’ai découvert un site créé par des passionnés qui publiaient leurs scénarios. J'en ai téléchargé un qui s’appelait Meurtre à Paris. J’ai organisé une soirée et comme ça s'est bien passé, je suis retourné sur le site mettre un petit mot de remerciement aux concepteurs du jeu. C'était des Bordelais. Apparemment, ça leur a fait plaisir. On est devenus très amis. En 2004, ils nous ont invités, mon épouse et moi, à participer à une murder party organisée dans un château à Bordeaux. Au fil du temps, j'en suis venu à me lancer moi aussi dans l'écriture de scénarios.
J’imagine que l’organisation d'une murder party demande pas mal d’investissement...
Oui, bien sûr. Il y a d'abord le long travail d'écriture, et comme j’invente des scénarios pour 15 joueurs et que chez moi ce n'est pas très grand, je me suis mis à louer des gîtes. Les gens arrivent le samedi en début de soirée et on joue jusqu'au lendemain matin. Ceux qui ne sont pas fatigués peuvent investiguer toute la nuit, d'autres vont se reposer. Moi, en tant qu'organisateur, je dois gérer les imprévus (les désistements de dernière minute par exemple) et les questions logistiques. Je ne dors que deux heures sur la nuit. Ce qui me motive, ce sont les retours des gens : l'enthousiasme des participants donne envie de continuer. Parfois, je me dis que je vais arrêter d'écrire… mais jusqu’à présent j'ai toujours réussi à mettre sur pied en moyenne une grande murder party par an, que je fais généralement jouer deux fois.
Comment ça fonctionne précisément ?
J'écris mon scénario. Les gens s'inscrivent. Un mois avant la murder party, j'envoie un dossier aux joueurs : on y trouve le déroulement de la soirée, le point de base de l'intrigue et surtout la fiche de présentation du personnage à interpréter (son histoire, son caractère, la raison de sa présence, ses motivations). Chaque personnage a des objectifs différents. Pour moi, même s'il y a une enquête à mener et des énigmes à résoudre, ce qui importe par-dessus tout c’est le plaisir de vivre une histoire ensemble. Chacun s’investit pour incarner son personnage et faire évoluer l’aventure. Parfois l'organisateur sait bien que l'objectif que poursuit un personnage est pratiquement impossible à atteindre. Mais en fixant cet objectif, on donne au joueur une détermination, ce qui l’aide à entrer dans la peau du personnage et à entreprendre des actions. Cela donne du relief au jeu.
Quel impact a eu la crise sanitaire sur tes activités ?
Le confinement a commencé à la mi-mars 2020 et j'avais une murder party programmée en avril ; on était déjà en pleine préparation. Ça a été un coup dur. Mais en définitive, la période fut propice à l'écriture. Cela faisait un petit temps que j’envisageais de me réorienter vers des scénarios plus courts, pour huit joueurs. J’ai aussi écrit un jeu de rôle atypique, de style narrativiste sur base d'une expérience de jeu vécue chez un ami aussi passionné que moi. Il n'y a pas d'intrigue policière, c'est une série de saynètes qui retracent la vie de quatre personnages. Chaque joueur doit faire des choix. Un peu comme dans les livres dont vous êtes le héros. L’histoire commence à l'école maternelle et se poursuit durant toute la vie : les études, la carrière professionnelle, les relations amoureuses, la confrontation à la mort, les aléas de la vie qui peuvent altérer l'amitié...
Des murder parties ont pu se poursuivre aussi en visioconférence ?
Oui. Lors du premier confinement, j’ai participé à des soirées en ligne organisées par des amis, mais c'était toujours des adaptations de scénarios conçus pour être joués en présentiel. J’ai eu l’idée d'écrire une murder spécialement conçue pour des rencontres virtuelles. L'histoire que j’ai imaginée suit les aventures de personnages qui se réunissent ponctuellement sur les réseaux sociaux.
Quelles sont les conditions pour se lancer comme joueur ?
Pour moi, il n'y en a qu'une seule, c'est d'avoir envie d’essayer. Le groupe de joueurs évolue sans cesse : au fil du temps, il y a des participants qui deviennent des habitués, certains s'en vont, de nouvelles têtes arrivent. C'est ainsi que j’ai pu rencontrer un tas de gens en France et en Belgique francophone.
Quels sont les projets sur lesquels tu travailles ?
Je continue à travailler sur des murder parties en visioconférence. Pas seulement à cause des contraintes liées à la crise actuelle mais surtout parce que cela permet de faire participer des joueurs qui habitent plus loin ou qui manquent de moyen de locomotion. On peut ainsi regrouper des gens de toute la Wallonie, mais aussi de Paris, de Rouen, de Toulouse... Je tiens beaucoup au fonctionnement en groupe ouvert : bienvenue à tous ceux qui souhaitent participer !
Propos recueillis par Jérémie Brasseur
* Pour aller plus loin :
• www.murderparty.be – un site géré par un ami d’Emmanuel Dupuis
• manu280372@skynet.be – l’adresse courriel d’Emmanuel Dupuis
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Piliers 2 Comptoir
- Le 07/11/2021
- Dans infos
Piliers 2 Comptoir
Lorsque vous viendrez flâner à Monche, un moment donné – ce sera sur votre droite (ou sur votre gauche si vous arrivez en sens inverse) – , vous tomberez sur un pittoresque bistrot de quartier, le Nul Bar Ailleurs.
Poussez la porte ; vous ne serez pas déçu. Aucun académicien n’y vient disserter mais les conversations s’élèvent quelquefois à de haut degrés de métaphysique. On n’y voit guère de Miss Monde mais les demoiselles qui fréquentent les lieux ont leurs charmes cachés. Pas d’athlètes prestigieux accoudés au comptoir, à moins qu’on englobe parmi les pratiques sportives l’art de la glandouille, l’exercice de la carabistouille et la gymnastique du lever de coude.
Le maître à bord ici, c’est le sieur Carapils. Du moins, en théorie ! Dans la pratique, on croise rarement le bonhomme. Il s’arrange toujours pour déléguer la gestion de l’établissement à son épouse, Belle-Vue, plus coutumière du coup de rouge que du coup de torchon.
Parmi les habitués, vous êtes certain de tomber sur la mère Chouffe, sirotant son petit verre de Martini sur glace tout en pimentant les conversations voisines de ses commentaires sarcastiques. La sœur Trouffette n’est jamais loin non plus. Cela fait belle lurette qu’elle a troqué ses ave maria contre une kyrielle de chansons à boire. Vedett est bien plus mystique au fond, avec ses pierres énergétiques et ses incantations. Elle prétend lire l’avenir dans la mousse de bière mais la technique n’est pas encore à même d’aider Forestinne à anticiper les numéros gagnants du bingo. Qu’importe ! Forestinne redouble d’ardeur et se livre à une série d’entraînements extrêmes ! Snoek passe de temps à autre, entre deux bricolages ; qu’il soit en train de rafistoler un alambic ou de cogiter sur un prototype de machine à faire pétiller le café. Il n’est pas rare, enfin, que Bavaro gare Charleston son quinze-tonnes devant les fenêtres du bistrot. Cela prive un peu les lieux de leur lumière naturelle mais Bavaro compense par son énergie solaire et ses idées éblouissantes.
Voilà le petit monde du Nul Bar Ailleurs ! Suivez nos potins éthyliques et nos grisantes aventures sur le blog de l’ATO. (novembre 2021)
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Piliers de Comptoir est un univers créé par l’Atelier Théâtre des Oiseaux en décembre 2019. Depuis l'été 2021, l’ATO réinvestit le bistrot imaginaire du Nul Bar Ailleurs, crée de nouveaux personnages, développe de nouvelles intrigues. Des sketchs sont en préparation, en prévision d’une présentation au public.