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rencontre - Jean-Pascal Giacometti

Secrets d’un bricoleur

Rencontre avec Jean-Pascal Giacometti

Un stand de pêche aux canards ; une grenade en plastique récupérée d'une improbable panoplie pour enfant ; deux banderoles de soutien de cinq mètres de long ; un guichet avec un volet qui s'ouvre puis se referme. Tout ça, l'auteur de la pièce en a rêvé... et il rêve que le rêve devienne réalité. Heureusement, un homme est là, prêt à relever tous les défis.

Fête foraine Jean-Pascal GiacomettiCet homme c'est Jean-Pascal Giacometti. Lui seul sait le temps qu'il aura passé à créer les décors du spectacle, à dénicher certains accessoires de scène, à en fabriquer d'autres sur mesure. À l'approche de l'exceptionnelle reprise de notre spectacle Fête foraine dans les locaux de l'UCL Mons (dimanche 21 octobre), il nous révèle quelques-uns de ses secrets.

Jean-Pascal, sur ce spectacle tu t'es transformé en véritable tailleur de carton...

Oui, quarante-cinq kilos de carton ont été nécessaires pour fabriquer ces décors : j'ai utilisé des boîtes d'emballage pour panneaux solaires. C'était un matériau un peu encombrant à manipuler dans mon petit atelier mais c'est robuste. Pour découper ça, il faut de bonnes lames et un solide cutter.

Tel un cow-boy, tu dégaines ton pistolet à colle plus vite que ton ombre...

Des pistolets à colle, j'en ai utilisé trois. C'est le genre de pistolets qui chauffent à 170° pour que la colle soit bien liquide. Au début, faute de rallonge électrique, je mettais les pistolets en charge l'un après l'autre. Dans un second temps, j'ai trouvé plus simple d'installer carrément une rallonge et un rack et de m'en tenir à un seul (celui qui chauffait le mieux), en gardant les autres en stand-by.

Quelle est la partie du décor qui a été la plus délicate à créer ?

C'est l'arche d'entrée des artistes parce qu'il fallait tenir compte des comédiens de grande taille. Comme j'avais fixé la hauteur générale du décor à 1m97, il ne me restait pas beaucoup d'espace en haut pour faire la découpe. Pour que ça tienne, il a fallu bricoler un renfort à l'intérieur et sur le côté.

Pour réaliser un bon décor, il faut penser aux aspects pratiques...

Oui, c'est pour ça que j'ai placé des petites lampes LED à l'arrière le long du guichet du manège. Quand on enlève la barre de bois pour ouvrir l'abattant, la manœuvre doit être aisée même s'il fait très sombre.

Fête foraine DécorLe décor de Fête foraine a nécessité autant de travail que celui de La Grande Tourterie ?

Plus ! parce qu'ici tout est en trois dimensions. Il fallait construire des renforts pour que les différentes parties tiennent ensemble. Ce n'est pas très difficile mais ça demande du temps pour réaliser les découpes et les mettre en place.

C'était compliqué de peindre les banderoles que les femmes déroulent au cours du spectacle ?

Pas tellement. Pour ça, j'avais une table de 1m80 sur 1m50. Le seul problème c'est que tout est peint au pinceau. Même si l'acrylique sèche assez vite, je devais attendre avant de rouler le papier-peint. Si on est très attentif, on peut voir des petites coulures parce qu'à un moment, j'ai quand même été trop vite. Et puis, il y a aussi des repentirs au crayon que j'ai préféré laisser parce que c'est plus rigolo.

Le costume de ton personnage (Harold) est... escamotable !

Là-dessus, Catherine Beerens m'a donné un sacré coup de main : elle s'est occupée du pantalon parce qu'il fallait être doué en couture, ce qui n'est pas mon cas. Pour la chemise, par contre, je voyais clairement comment je voulais qu'elle se démonte. Pour que ça résiste, j'avais besoin d'une chemise d'excellente qualité. J'ai eu la chance d'en trouver une. Malheureusement, je n'avais pas pensé que ce genre de chemise était plus complexe à démonter qu'une chemise standard... Enfin, grâce à ça, j'ai appris à reconnaître les bonnes chemises !

Fête foraine Scène des BonhommesC'est sur brocantes que tu as déniché un grand nombre d'accessoires de scène...

Oui. Nathalie et moi, on adore chiner sur les brocantes, et là, on s'est bien amusés. On avait en tête la liste de tout ce dont on avait besoin : des canards de foire, une grenade en plastique, un Rubik's cube... Quand on fixe ainsi son attention sur certains objets en particulier, on finit par tomber sur un truc qu'on cherche.

C'est quoi, pour toi, un bon accessoire de scène ?

Le plus important c'est qu'il ne soit pas trop petit. Si on utilise certains objets à taille réelle, les cigarettes par exemple, les spectateurs du fond ne voient rien. Il faut trouver ou fabriquer ce genre d'accessoires en grand format. La grenade en plastique, ça n'a pas été simple parce qu'on trouvait toujours ça en miniatures. Je m'étais dit qu'en désespoir de cause je pourrais en bricoler une moi-même. Et finalement, un jour que Nathalie et moi, on se baladait en scooter en Flandre, on est tombés sur une brocante. On s'est dit : « Tiens ! allons voir : les brocantes flamandes c'est peut-être un peu différent de ce qu'on connaît chez nous, en Wallonie Et de fait : quand ils ont des choses sans grande valeur dont ils veulent se débarrasser, les Flamands les mettent à part dans des grands cartons avec le mot gratis. C'est là-dedans que j'ai trouvé la grenade du spectacle. Un sacré coup de bol !

Propos recueillis par Jérémie Brasseur