rencontre - Janick Daniels

« Quand on s’amuse sur scène, le pari est gagné ! »

Rencontre avec Janick Daniels

Le 19 septembre dernier, dans le cadre de la préparation de notre spectacle Fête foraine, l’Atelier Théâtre des Oiseaux a reçu la visite de Janick Daniels, comédienne et metteure en scène professionnelle. Premier Prix d'Art Dramatique au Conservatoire Royal de Liège, Janick a l’habitude de travailler avec des troupes de théâtre amateur, notamment le Théâtre de l’Hétéroclite et le Théâtre d’Appoint. Elle nous a parlé de carte d’identité du personnage, de charnières, de modulations, de projection affective et de bien d’autres choses… Un coaching intense et stimulant auquel ont participé plus de vingt comédiens de l’ATO.

Ato coaching janick daniels 20180919 2Janick, quelles sont les rencontres qui t’ont le plus marquée dans ton parcours ?

D’abord Alain-Guy Jacob, mon professeur d’art dramatique au conservatoire de Liège. Et puis deux chargés de cours : Micheline Hardy, une comédienne qui est devenue depuis scénariste, metteure en scène et dramaturge ; et Thierry Salmon, malheureusement aujourd’hui décédé.

En ce moment, quels sont tes projets théâtraux ?

Je mets en scène Le tour du monde en 80 jours avec le Théâtre de l’hétéroclite de Welkenraedt Henri-Chapelle, une compagnie avec laquelle je travaille depuis dix ans. Les représentations sont prévues pour le troisième weekend d’octobre. C’est très chouette, il y a une belle énergie dans le groupe. Et pour novembre, avec le Théâtre d’Appoint (Orp-Jauche, Brabant Wallon), je monte une comédie grinçante, burlesque, cruelle, existentielle : Les funérailles d’hiver d’Hanokh Levin. Hanokh Levin est un auteur que j’adore. C’est un des auteurs les plus connus de Tel-Aviv, décédé à l’âge de 55 ans en 1999. Son écriture théâtrale est assez directe, assez crue et moi je trouve ça très drôle.

Quel regard portes-tu sur le théâtre amateur ?

Le propre du théâtre amateur c’est de permettre à chacun de s’essayer à cet art qu’est le théâtre. Dans le théâtre professionnel, on est censé avoir appris un métier et être engagé pour ce qu’on sait faire. Alors que dans le théâtre amateur, même si on sait pertinemment qu’une personne ne sera jamais comédien ou comédienne, ça n’a pas d’importance ; on travaille avec les différents potentiels. C’est la culture par tous.

Quel est le meilleur conseil à donner à un comédien amateur ?

Si les comédiens n’ont pas de plaisir, le public n’en aura pas. C’est vrai pour les professionnels, mais plus encore pour le théâtre amateur. Malgré toutes les faiblesses du jeu, quand on voit une personne s’amuser en scène (avec les autres, pas tout seul), à ce moment-là, le pari est gagné.

D’une certaine manière, faire du théâtre, c’est une activité exigeante ?

Il faut être assidu. Or on vit dans une société de consommation trop rapide. On perd la notion d’excellence. Les gens s’imaginent qu’en regardant un tuto sur Internet, ils seront violonistes en dix leçons. Ce qui est impossible. Ça se remarque aussi dans le théâtre amateur : il y a un moment où la troupe se décourage. Surtout quand il faut mémoriser. Les comédiens ne s’en rendent pas toujours compte mais tant qu’ils ont une feuille en main, c’est très difficile d’évoluer. Alors, on constate souvent une phase de démobilisation. Après, quand le jour J approche, il y a une pointe d’excitation, puis le plaisir immense des représentations. Et une fois que c’est terminé, on oublie toutes les galères parce qu’on a eu cette fameuse récompense du public.

Aujourd’hui, face au développement des nouveaux médias, le théâtre est-il en déclin ?

Non, il change. C’est normal. Le théâtre sera toujours en mutation permanente. Le brassage des cultures, ça représente un formidable enrichissement. L’interculturalité ! Il y a encore trop peu de gens qui l’acceptent mais il faut pouvoir donner et recevoir… et découvrir ce qui va se créer de nouveau grâce à ce partage. On ne peut jamais rester sur un acquis. On ne se dit pas: "je sais !" mais au contraire: "j’ai de la chance parce qu’il me reste encore du chemin à parcourir… avec des découvertes que je ne peux même pas encore entrevoir". C’est ça qui est passionnant.

Propos recueillis par Jérémie Brasseur

 

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