sketch - Chaperon turquoise

 

La psy, s’adressant au public. – Ah ! Si vous saviez comme c’est difficile d’être psychologue. Un métier que le diable n’aurait pas voulu. On croit devenir folle. Le monsieur qui vient de sortir, par exemple, il se prenait pour un coq et il ne savait pas que les coqs ne pondaient pas d’œufs. Enfin... La prochaine sur la liste... Le Chaperon turquoise... (La psy pouffe de rire.) Elle est sûrement traumatisée à cause de son nom ! Entrez, mademoiselle Chaperon...

Le Chaperon turquoise. – Bonjour Madame la psy... chose.

La psy. – La psychologue : "Madame la Psychologue" avec un grand P comme dans... Ça n’a pas d’importance. Mais je crois connaître l’objet de votre visite : vous êtes traumatisée par votre nom, c’est cela ?

Le Chaperon. – C’est à peu près cela. Enfin, c’est plutôt à cause du nom que l’on veut me donner dans ce sketch. Cette teigne de Chaperon rouge est allée trouver monsieur Charles Perrault pour tout chambouler. Elle a fait perdre la tête à ce bon Charles. Il ne sait plus quoi, le pauvre, et il m’a bombardé Chaperon turquoise.

La psy. – Ah ! Je comprends... Oui... Je comprends... rien !

Le Chaperon. – Mais c’est simple. Il y a des tas de Chaperons maintenant : des verts, des mauves, des bleus. Même un Chaperon indigo. Vous vous rendez compte ?

La psy. – Oui cela doit être traumatisant de se retrouver au milieu de cet arc-en-ciel de couleur. J’ai déjà entendu dire que le Chaperon rouge était une rosse. Mais n’a-t-elle pas été mangée ?

Le Chaperon. – Ça, c’était dans le conte original. Mais le Chaperon rouge a fricoté avec le loup. Elle lui a fait croire que sa mère-grand était plus tendre à croquer. Et puis, elle a fait perdre la tête au chasseur qui ne se retrouve plus dans la forêt. Mère-grand, maintenant vous savez ce qu’elle fait ?

La psy. – Non, je ne vois pas. D’ailleurs, je ne vois rien nulle part.

Le Chaperon. – Elle va danser le soir avec Barbe Bleue. Elle tire les poils de sa barbe et en fait des chapelets, en forme de scoubidous, qu’elle fait bénir par monsieur le curé.

La psy. – C’est effroyable, je veux bien le croire. Mais vous, ce qui vous traumatise, c’est le patronyme que l’on voudrait vous faire porter dans cet imbroglio. Ce sobriquet ridicule, Chaperon turquoise !... Quel nom voudriez-vous porter ?

Le Chaperon. – Le mien, tout simplement. J’ai un nom si doux, si tendre.

La psy. – Comment vous appelez-vous ?

Le Chaperon. – Léontine Boîte-à-clou.

texte d'Yvan Dedieu [extrait] - janvier 2016

 

PCR flyer web