sketch - Tentative d'évasion

 

La guide, achevant une explication devant un tableau. – ... Ce qui explique que Léonard de Vinci soit considéré aujourd’hui encore comme un des plus grands génies de l’histoire.

Claude. – Moi, la Joconde, je lui trouve un air constipé.

Elise. – Claude ! Tu pourrais avoir un peu de respect quand même !

Patricia. – Cette petite toile doit valoir à elle seule le PIB du Gabon.

La guide. - Nous allons maintenant continuer dans la galerie. Il y a par ici un petit Caravage tout à fait extraordinaire… (La guide emmène le groupe. Rudy tire Laure-Anne à l’écart.)

Rudy. – Dites-moi la vérité, Laure-Anne, avouez que c’est un peu monotone, toutes ces peintures… Ces visages figés, ces paysages immobiles, ces cadres ternis par le temps… Croyez-moi, ce n’est pas bon du tout pour ce que vous avez !

Laure-Anne. – Oui, c’est vrai… Sans doute…

Rudy. – Ce qu’il vous faut c’est un peu de bon temps au grand air au bras d’un gentilhomme.

Laure-Anne. – Vous ?

Rudy. – Mais oui, Laure-Anne. Oui !... Ecoutez, la guide ne nous lâchera pas ! mais faites ce que je vous dis. Après le Radeau de la Méduse, je détournerai l'attention sur un autre Géricault, vous aurez quelques secondes. Profitez-en pour plonger, faufilez-vous derrière le Rodin. Vous n'aurez plus que quelques mètres à faire et vous serez tirée d'affaire. Dans la galerie des antiquités grecques, vous serez en sécurité. Je vous retrouve devant la Vénus de Milo.

La guide, revenant sur ses pas. – Ah, vous êtes là, vous deux. Vous avez bien failli nous perdre… à vous attarder comme ça devant la Joconde. Et les Primitifs flamands ? Et les Impressionnistes ? ça ne vous intéresse pas ?

Rudy, à contrecœur. – Si, si.

Laure-Anne, sans conviction. – Beaucoup.

La guide. - Heureusement que je veille. En dix ans de métier je n’ai jamais perdu un seul touriste, jamais un seul. (Elle les prend par la main et les entraîne, fièrement.) Allez, en avant, marche. Je vous garde à l’œil.