Piliers2 / Bavaro raconte-3

Raconte-nous, Bavaro… (3e partie)

Piliers de Comptoir est un univers créé par l’Atelier Théâtre des Oiseaux en décembre 2019. Depuis cet été 2021, l’ATO réinvestit le bistrot imaginaire du Nul Bar Ailleurs, crée de nouveaux personnages, développe de nouvelles intrigues. Des sketchs sont en préparation, en prévision d’une présentation au public.

Bavaro raconte3 citationBavaro. – C’est un pote qui m’a raconté ça : un jour, il traversait la Pologne avec un chargement de caisses de vodka.

Chouffe. – Ça, c’est une histoire qui commence à m’intéresser.

Bavaro. – Tout à coup, le fourgon tombe en panne. Mon pote se met sur le bas-côté et il attend. L’histoire ne dit pas s’il boit de la vodka…

Chouffe. – L’histoire ne le dit pas mais son haleine, à mon avis oui.

Bavaro. – Je ne sais pas, j’étais pas là. A un moment, il fait une incantation à saint Camion.

Belle-Vue. – Pouët, pouët !

Forestinne. – Mais arrêtez d’interrompre à tout bout de champ.

Bavaro. – Merci, Forestinne. C’est vrai que je ne me sens pas fort écouté.

Forestinne. – Moi, je suis suspendue à vos lèvres, Bavaro.

Chouffe. – Forestinne, ne commencez pas vos frottis-frottas.

Forestinne. – Bouclez-la, vous autres. Sinon, on ne connaîtra jamais le fin mot de l’histoire.

Bavaro. – Donc, mon collègue invoque saint Camion, et tout d’un coup, il voit un semi-remorque qui s’amène. Un gars descend : un mastodonte tout en blanc, des grosses bottines et une salopette qui le boudine…

Vedett. – C’est le bonhomme Michelin, ça.

Bavaro. – Pas loin. Il s’assied, il ouvre une mallette. Et qu’est-ce qu’il a dans sa mallette ? Il a sa pitance.

Chouffe. – Sa quoi ?

Bavaro. – Sa pitance… ses tartines, quoi.

Chouffe. – Ah, j’ai eu peur ! j’avais compris autre chose.

Bavaro. – Enfin, concentrez-vous. Merde !

Vedett. – Continuez, Bavaro, vous avez titillé notre curiosité.

Bavaro. – Donc, voilà notre sauveur fantôme qui déboule, avec sa mallette...

Chouffe. – … et sa pitance. On sait.

Bavaro. – Il sort une pinte, il la tend à mon pote sans rien dire.

Belle-Vue. – Bah il ne parle pas français, c’est un Slovène.

Bavaro. – On ne sait pas, ça.

Vedett. – C’est Michelin l’Enchanteur.

Bavaro. – En tout cas, il ferme sa gueule. Et y en a qui devrait prendre exemple ! (Reprenant son histoire.) Mon pote, il est hypnotisé. Le fantôme lui file la pinte.

Chouffe. – Une deuxième ?

Bavaro. – Non, toujours la même. J’essaie de raconter mais on me coupe tout le temps, je m’embrouille. Mon pote ouvre sa pinte. Pschitt ! Et là, le pschitt qu’il entend, il ne sait pas très bien si ça vient de la pinte ou d’un compresseur. Il boit un coup, il voit un peu flou. Et il réentend pschitt là-bas. Il finit sa pinte. Le fantôme n’est plus là. Il n’y a plus que le camion qui l’appelle.

Forestinne. – C’est comme dans les contes de fées.

Bavaro. – Mon pote se remet au volant, il met le contact et vroum ! ça démarre au quart de tour.

Forestinne. – Ouah ! quelle merveilleuse histoire, Bavaro.

Vedett. – Surtout le passage avec la pinte !

Bavaro. – Personne n’a jamais su ce qui s’était vraiment passé.

Forestinne. – Eh bah moi, je me sens mieux.

Vedett. – Cette nuit, on va tous rêver de Michelin l’Enchanteur.

Belle-Vue. – Mais oui, on va faire dodo et on se revoit demain.

Chouffe. – Moi, je crois que je vais rester ici. Comme ça, je serai déjà là pour demain. Belle-Vue, vous n’aurez pas à courir pour venir ouvrir.

Belle-Vue. – Bah, passez un coup de torchon alors tant que vous y êtes.

Vedett. – C’est un peu dommage de se quitter maintenant…

Bavaro. – … Juste au moment où on commence à bien s’entendre.

Forestinne. – Pour rester dans l’ambiance, on devrait tous aller camper dans le camion de Bavaro.

Vedett. – Il reste de la vodka ?

Belle-Vue. – Mais non : c’est Michelin qui l’a ramenée en Slovénie avec sa mallette !

Bavaro. – Ah oui, quand même ! y en a qui n’ont rien pigé à l’histoire en fait.

 

Texte de Jérémie Brasseur, d'après un dialogue de Bernard, Caro, Dominique, Michel et Sandy, le 02 11 2021