Piliers2 / Bavaro raconte-2

Raconte-nous, Bavaro… (2e partie)

Piliers de Comptoir est un univers créé par l’Atelier Théâtre des Oiseaux en décembre 2019. Depuis cet été 2021, l’ATO réinvestit le bistrot imaginaire du Nul Bar Ailleurs, crée de nouveaux personnages, développe de nouvelles intrigues. Des sketchs sont en préparation, en prévision d’une présentation au public.

Bavaro raconte2 citationVedett. – Moi, je veux entendre une aventure... avec des camionneurs ardents, des nuits passées au fond des motels moites, où résonne l’écho des mâles tribulations et des trépidations intrépides. Une odyssée qui fleure l’odeur de bitume.

Chouffe. – L’odeur de quoi ?

Vedett. – De bitume.

Chouffe. – Ah, hum…

Forestinne. – Oui, il faut bien l’écouter jusqu’à la dernière syllabe, Vedett. Sinon, on fait fausse route.

Vedett. – Bavaro, racontez-nous votre vie de chauffeur poids-lourds.

Bavaro. – Non, ça va me donner soif.

Belle-Vue. – Allez, on va vous ravitailler si c’est pour la bonne cause.

Chouffe. – J’en reprends un petit par solidarité !

Bavaro. – Dans ces conditions, je veux bien. Il y a des choses dont on ne parle qu’entre routiers, à voix basse, à l’ombre des semi-remorques.

Forestinne. – Ça ne sortira pas d’ici.

Belle-Vue. – On sera muets comme des tongs.

Bavaro. – Les transporteurs ont leur propre univers, leurs traditions, leur folklore. Ils voient des choses que les gens comme vous, qui restez à végéter au bistrot, vous ne verrez jamais.

Belle-Vue. – Bah… on voit des truc, nous.

Vedett. – Des fois, on voit même en double.

Chouffe. – Dites, Bavaro, arrêtez vos grands airs : « vous qui restez à végéter au bistrot »… où est-ce que vous croyez que vous êtes ici ?

Bavaro. – Moi, ça ne compte pas. Je suis en pause.

Chouffe. – Nous aussi, on est en pause. Hein, Vedett, qu’on est en pause. On prend des poses, on change de pose, on fait ce qu’on veut.

Bavaro. – Attendez. J’ai roulé jusque quatre heures, je reprends à quatre heures demain, il faut bien que je décompresse cinq minutes.

Chouffe. – Une pause de vingt-quatre heures, ça fait déjà cinq belles minutes !

Bavaro. – Je préfère pas prendre de risque, des fois qu’on contrôlerait mon disque. Mais vous m’interrompez tout le temps. Je n’ai pas encore commencé mon histoire et j’ai déjà fini mon verre.

Forestinne. – Moi, à la radio, j’ai entendu dire qu’il s’en passait de drôles sur les parkings d’autoroutes.

Vedett. – Surtout du côté de Namur, à ce qu’on raconte.

Bavaro. – Bah ça, ce n’est pas le genre de cochoncetés qu’on débite devant des demoiselles de bonnes famille.

Belle-Vue. – Oh si ! racontez. On est entre nous.

Chouffe. – Il n’y a qu’à tirer les tentures.

Belle-Vue. – On va se cocooner ! Prenez les coussins, on va les mettre par terre pour s’asseoir en rond.

Bavaro. – Si je vous raconte ce qui se passe sur les aires de repos du Namurois, j’en connais ici qui vont courir là-bas. Et c’est le genre de coins où on ne tète pas que du café.

Chouffe. – Vedett, moi, j’ai la voiture, je vous embarque, on part à deux. Les divas débridées !

Bavaro. – Ce soir, je vais plutôt vous raconter une autre histoire. On y croit ou on n’y croit pas, c’est la légende du camionneur sauveur fantôme... Ou camionneur fantôme sauveur.

Vedett. – Ou fantôme camionneur sauveur.

Bavaro. – Si vous voulez.

Vedett. – Ou fantôme sauveur camionneur.

Bavaro. – Aussi.

Vedett. – Ou fantôme comme savonneur… Ah, non.

Bavaro. – Aucun de vous n’a jamais entendu parler du camionneur sauveur fantôme ?

Belle-Vue. – Non. (Mortifiée.) On fait rien qu’à végéter au bistrot.

 

Texte de Jérémie Brasseur, d'après un dialogue de Bernard, Caro, Dominique, Michel et Sandy, le 02 11 2021

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