Tourterie - Jean-Pascal Giacometti
- Par brasseur-vansnick
- Le 23/03/2018
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« J'aime le challenge : trouver comment on va faire... »
Entretien avec Jean-Pascal Giacomettit
Jean-Pascal Giacometti a tenu le rôle de Lazare dans la comédie Cappadoce que l'ATO a créée en mars 2017. Pour La Grande Tourterie, il a réalisé la plupart des accessoires et des éléments de décor. C'est lui aussi qui assure la régie. Jean-Pascal est responsable de formation au métier de valoriste. Un métier pas banal qui consiste à donner une nouvelle vie aux vieux machins qui traînent.
Jean-Pascal, un valoriste partage un peu la même philosophie qu'un bon accessoiriste de théâtre, non ?
Certainement ! c'est un boulot où on récupère à peu près n'importe quoi pour créer quelque chose de nouveau : par exemple, on peut créer des lustres avec des roues de vélo ou des armoires avec des planches de palettes. Réfléchir sur la transformation des objets, c'est fort utile au théâtre.
Déjà tout petit, tu aimais bricoler avec des trucs que tu récupérais ?
Oui, j'ai toujours aimé faire plein de choses « avec deux élastiques et un trombone ». Quand je peins aussi, j'utilise énormément de matériaux, comme le faisaient des artistes beaucoup plus aguerri que moi, comme Braque, Picasso et bien d'autres.
Tu as un matériau de prédilection ?
Non, je n'ai pas de préférence. Tous méritent d'être analysés : prendre un objet et se demander ce qu'on pourrait en faire... J'adore chiner et je vais souvent sur les brocantes avec mon épouse. Le plus amusant, c'est la recherche : on a l'idée, comment va-t-on la concrétiser ? Prenons par exemple la statuette de saint-Calao qu'il fallait créer pour la pièce. On a une bouteille, on a une boule de polystyrène et on se dit : comment on va faire tenir tout ça ? et puis, on trouve des astuces et on y arrive.
Et le fameux tromblon de la scène 6, d'où il sort ?
Je me suis inspiré de l'univers de la bande-dessinée. C'est un univers où il faut représenter les choses de manière à ce que le lecteur puisse les identifier très facilement. À partir de là, j'ai dessiné le tromblon tel que je l'imaginais et j'ai demandé à un collègue de le réaliser. Je voulais qu'il y ait du bois et du zinc. C'est lui qui a assemblé le tout. Et ce qu'il a réalisé c'est la copie conforme de ce que j'avais dessiné.
Il y a beaucoup de gens qui t'aident dans tes créations ?
Pour certaines réalisations, je n'ai pas les outils nécessaires. Alors, je passe par d'autres personnes mais j'essaie d'être présent dans la mesure du possible ou, en tout cas, de dessiner les croquis préparatoires pour que ce soit très clair et que l'on comprenne facilement ce que j'imagine.
De tous les accessoires que tu as créés pour ce spectacle, lequel a été le plus amusant à réaliser ?
Tous. C'était chaque fois un nouveau défi à relever. C'est le challenge qui me plait : arriver à réaliser ce que j'ai en tête... ou ce que d'autres ont envie de mettre en place.
Le saint-Calao, c'est la toute première statuette que tu sculptes ?
Oui, je n'avais jamais fait quelque chose comme ça auparavant. Je suis parti d'une photo, il fallait rendre le volume que l'image montre par jeu d'ombres mais qui n'est pas palpable. C'était très amusant !... il n'est pas dit que je n'en ferai pas d'autres.
Tu as aussi construit un tipi pour le spectacle : ça réveille des souvenirs d'enfance ?
Mon frère et moi, nous avons eu la chance d'avoir des grands-parents qui avaient un très grand jardin. Alors, on a joué aux cowboys et aux indiens, on a fait des feux de camp, on a construit des cabanes... Quand j'y repense, je me dis qu'il faut rester enfant le plus longtemps possible.
Dans ce spectacle, tu vas également t'occuper de la régie. La musique, c'est quelque chose qui te branche aussi ?
J'écoute depuis longtemps Classic 21 : du rock ! J'ai eu l'occasion de faire du piano pendant des années à une époque où tout ce qui n'était pas du classique pur et dur, c'était considéré dans les conservatoires comme moins que rien. Au début des années '70, je rêvais d'aller vers des musiques un peu plus modernes, celles qu'on entendait à la radio. Bien entendu, il y a des morceaux de musique classique qui sont absolument merveilleux : Chopin, Mendelssohn, etc., ce sont des morceaux que j'ai aimé jouer et que j'aime encore entendre. Mais je suis quand même plutôt classique... rock !
Et la photo ? On a vu que tu n'avais pas peur de prendre des poses et de faire le clown lors des shootings...
Oui, mais j'aime mieux être derrière l'objectif. Je regrette de ne pas pouvoir faire de la photo autant que je le voudrais. Quand j'étais plus jeune, je faisais partie d'un club. Ceci dit, faire des grimaces ça fait un peu partie de mon métier : quand j'anime des groupes de stagiaires, je me vois mal leur expliquer certaines choses ex cathedra. C'est un public parfois peu scolarisé et il faut savoir les intéresser aux histoires qu'on raconte. Par exemple, si j'aide un groupe à faire une recherche active d'emploi, quand j'aborde l'entretien avec un employeur, je joue les deux rôles – l'employeur désagréable et le stagiaire timoré – pour que les stagiaires réalisent à quoi ils vont parfois devoir faire face. Et donc, des grimaces, j'en fais souvent !
Propos recueillis par Jérémie Brasseur
Olivier Vandernoot - Jean-Pascal Giacometti