Fête foraine - Jean-Pascal Giacometti

« On se dit que l'humanisme existe encore »

rencontre avec Jean-Pascal Giacometti

 

A l’approche de notre spectacle, Fête foraine (les 5, 6 & 7 octobre prochain), nous publions une série de portraits de comédiens. Allons à leur rencontre pour évoquer leurs souvenirs de foires, découvrir ce qui les pousse à faire du théâtre… et recueillir quelques confidences sur la préparation de cette nouvelle pièce. Voici Jean-Pascal Giacometti.

 

Jean-Pascal Giacometti Fête foraine

Jean-Pascal a rejoint l’Atelier Théâtre des Oiseaux en 2017, il est monté sur scène pour la première fois en mars 2017 dans la deuxième comédie de l’Atelier, Cappadoce. En mars dernier, Jean-Pascal a assuré la création des accessoires et du décor et la régie pour le spectacle La Grande Tourterie.

Jean-Pascal, est-ce que tu gardes des souvenirs marquants des fêtes foraines de ton enfance ?

Honnêtement, j'en ai peu, hormis les premiers paquets de frites quand nous étions gamins, mon frère et moi, accompagnés de nos parents. Ces fameux paquets de frites appelés "kangourou" parce qu'il y avait une petite poche pour y mettre la sauce. Grand progrès car avant cela, il fallait plonger les doigts dans la mayonnaise ou le pickles pour attraper la frite ! C'était chaud,et c'était l'essentiel parce que les foires avaient souvent lieu tard dans l'année, vers septembre-octobre, et il faisait déjà humide et froid. Et puis, il y avait les tirs à pipes, avec ces fameuses carabines aux guidons "gentiment" esquintés par le forain, pour que le client ne tire pas trop juste. Quand on avait compris le truc, on tirait trois ou quatre plombs pour ensuite compenser et rafler les jouets pendus hors des lignes de tir. Plus tôt encore - je devais avoir 4 ou 5 ans - c'était le manège avec ses petites voitures, ses motos, ses avions et cette maudite floche, que - soit dit en passant - j'attrapais assez souvent... Et puis, ces "attrape jetons" qui nous laissaient toujours espérer, au dernier moment, que cette montre tant convoitée allait enfin descendre de son piédestal et être à nous.

C'est quoi pour toi faire du théâtre amateur ?

Tout d'abord une chouette aventure, que nous avons la chance, mon épouse et moi, de partager ensemble. C'est un espace de rencontres, de partage avec d'autres univers, d'autres perceptions, d'autres visions, et c'est un brassage très riche d'expériences. C'est encore un moment de fou rire, quand on ose dépasser ses propres limites, dans la joie, la bonne humeur et le respect de chacun, car nos camarades de jeu sont dans la même galère. Et puis, c'est se préparer à affronter la scène, sous le regard bienveillant de nos spectateurs, qui sont là aussi pour partager nos émotions, pour rire et sourire surtout. Comme dans toutes les aventures artistiques, c'est un apprentissage de l'autre, de soi ; comprendre qu'il n'y a pas qu'une vision du monde mais que la vie est multiple et que toutes ces vies sont dignes d'intérêt.

Qu’est-ce qui t’a marqué dans l’aventure de cette Fête foraine ?

Eh bien, c'est encore un de ces rares moments où on se dit que l'humanisme existe encore. En effet, nous avons réussi à construire une pièce en tenant compte des désirs, envies ou limites de chacun, pour que tous nous puissions nous y intégrer, nous y amuser, y apporter notre petit grain de folie ou de fantaisie. C'est une aventure commune, faite de surprises, de grands délires : ah, cette recherche d'accessoires farfelus, les fous rires que cela provoque lorsque nous les découvrons et expérimentons. Bref, une étrange alchimie s'est mise en place, particulièrement avec ce nouveau groupe, issu de la fusion de deux équipes qui, chacune, pouvait apporter quelque chose de différent. Et le plus fou, c'est que ça marche ! Et puis, nous allons essayer un nouveau système de décor, et j'avoue que si c'est stimulant, c'est aussi un peu stressant car il est parfois difficile de construire sans avoir les supports sous la main.