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  • Piliers 2 / Dominique Trillet

    Piliers 2 Comptoir

    Forestinne, maîtresse Bingo 

    Dominique Trillet - ForestinneLe 24 et 25 juin prochain, l’ATO présente son nouveau spectacle, Piliers 2 Comptoir. A cette occasion, nous avons demandé aux comédiens de nous parler de leurs personnages et de nous confier quelques anecdotes. Dominique Trillet interprète le rôle de Forestinne. 

    Dominique est arrivée à l’ATO l’été dernier. Ce spectacle est sa première expérience sur scène mais elle connaissait l’Atelier Théâtre des Oiseaux depuis quelques années, étant amie avec deux des comédiens : « J’ai assisté à plusieurs spectacles. Lorsque Michel m’a dit qu’il y avait des disponibilités dans la troupe, je n’ai pas hésité car j’étais dans une période de ma vie où j’avais besoin de rire et de légèreté. J’ai été accueillie avec beaucoup de bienveillance et je me suis sentie intégrée dans le groupe. »

    Dominique, parle-nous de Forestinne.

    Forestinne, c’est une institutrice à la retraite. Elle a terminé sa carrière mais elle a encore parfois des bouffées d’autoritarisme. Ce qui n’est absolument pas mon cas, bien que moi aussi j’aie été institutrice… C’était dans une autre vie ! Forestinne a un fils qui a fait quelques bêtises mais on n’en parle pas trop dans le spectacle. Elle a une passion, c’est le jeu. Principalement le bingo. Elle adore jouer. Même si elle ne gagne que de la cacaille. Elle aime aussi prodiguer des petits conseils à ses amis. Malheureusement, elle ne se sent pas vraiment écoutée.

    Comme Forestinne, tu serais prête à donner des leçons de conduite automobile 

    Je l’ai fait avec mes enfants, mais je déteste conduire. Par contre, j’aime – tout comme Forestinne – prodiguer des petits conseils santé nature.

    Ton personnage adore le karaoké. Toi aussi ?

    Je n’ai eu qu’une seule fois l’occasion de participer à une soirée karaoké. C’est plutôt un bon souvenir. Et puis, j’ai chanté à la chorale quand j’étais jeune.

    Forestinne est bien au courant des questions de diététique…

    Ça me correspond assez bien. Mais avec de nombreux écarts ! C’est vrai qu’en général, à la maison, on mange sainement… mais on n’oublie pas l’apéro quand même.

     

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  • Piliers 2 / Frédéric Duchène

    Piliers 2 Comptoir

    Marckloff, le voisin pas content 

    Frédéric Duchêne - MarckloffLe 24 et 25 juin prochain, l’ATO présente son nouveau spectacle, Piliers 2 Comptoir. A cette occasion, nous avons demandé aux comédiens de nous parler de leurs personnages et de nous confier quelques anecdotes. Frédéric Duchène interprète le rôle de Marckloff. Fred est arrivé à l’ATO il y a quelque mois à peine. C’est la première fois qu’il participe à la création d’une pièce de théâtre amateur mais il est membre d’une troupe d’impro depuis plusieurs années.

    Fred, parle-nous de Marckloff.

    C’est le voisin du bar. Il est un peu râleur. Au fond, ça l’arrange bien qu’on vienne stationner devant son garage parce que ça lui donne l’occasion de venir demander qu’on lui libère le passage et on lui sert toujours un petit verre gratos pour le dérangement. 

    Ton personnage adore les Chokotoffs…

    Moi, je déteste ça. C’est bizarre d’ailleurs parce que le chocolat, en règle générale, j’aime bien. Mais les Chokotoffs, non merci. Déjà quand j’étais petit, il y en avait à la maison mais je n’aimais pas. Et je ne saurais pas dire pourquoi. J’en ai regoûté quand on préparait ce spectacle et je n’aime toujours pas. 

    Marckloff a aussi la particularité d’avoir une drôle de dégaine. Et toi, Fred ?

    J’ai un point commun avec Marckloff. Moi aussi, j’ai de vieilles pantoufles que je continue à mettre à mes pieds, même si ma compagne m’a souvent demandé de changer. 

    Marckloff vient de Pologne…

    Je n’y suis jamais allé. Par contre, j’ai un ami qui est Polonais. Lui, il parle couramment français mais ses parents gardent l’accent et parlent polonais entre eux. Ça m’a aidé à construire le personnage. 

     

    Frédéric Duchêne - MarckloffFrédéric Duchêne - MarckloffFrédéric Duchêne - Marckloff

     

  • Piliers 2 / Bernard Ameryckx

    Piliers 2 Comptoir

    Bavaro, comique quinze-tonnes 

    Bernard Ameryckx - BavaroLe 24 et 25 juin prochain, l’ATO présente son nouveau spectacle, Piliers 2 Comptoir. A cette occasion, nous avons demandé aux comédiens de nous parler de leurs personnages et de nous confier quelques anecdotes. Bernard Ameryckx interprète le rôle de Bavaro, le camionneur farceur. Bernard est arrivé à l’ATO l’été dernier mais ce n’est pas sa première expérience sur scène puisqu’il a eu l’occasion de participer à plusieurs créations dans la région de Binche.

    Bernard, parle-nous de Bavaro, ton personnage. Comment le décrirais-tu ?

    C’est un chauffeur routier qui passe de longs moments seul sur la route. Il a son petit objet fétiche qui lui tient compagnie, c’est un œil de verre : quand il part pour de longs trajets, il le dépose sur son tableau de bord. 

    Et quand il est de retour dans le secteur, Bavaro passe dire bonjour…

    Il fréquente le Nul Bar Ailleurs parce que quand il revient, il est un peu seul, alors il aime aller au bistrot, écouter ce qui se passe. C’est une façon de socialiser.

    Tu as des points communs avec ce personnage ?

    Moi, je conduis très mal ​​​​​​​; je déteste ça. Bavaro a parfois un humour un peu lourd, et ça par contre ça me ressemble peut-être un peu. Parfois, je lâche une feinte et je suis tout seul à me marrer. Alors je dis à mes enfants ​​​​​​​: « ​​​​​​​Allez, quoi ​​​​​​​! Saluez l’effort quand même ​​​​​​​! ​​​​​​​» Et puis, aussi, c’est vrai, comme Bavaro, j’aime bien boire un petit coup.

    Et la danse ​​​​​​​?

    Oui, j’adore danser. Mais je ne suis pas très doué pour ça. J’ai fait des claquettes. J’ai fait du tango. Ce genre de danses, ça fonctionne généralement en huit temps. Mais j’ai du mal à me repérer. Alors, quand je suis à trois ou quatre, je m’emmêle les pinceaux. 

    Bernard Ameryckx - BavaroBernard Ameryckx - BavaroBernard Ameryckx - Bavaro

  • Piliers 2 / Sandrine Vansnick

    Piliers 2 Comptoir

    Belle-Vue, la patronne avec sa loque 

    Sandrine Vansnick - Belle-VueLe 24 et 25 juin prochain, l’ATO présente son nouveau spectacle, Piliers 2 Comptoir. A cette occasion, nous avons demandé aux comédiens de nous parler de leurs personnages et de nous confier quelques anecdotes. Sandrine Vansnick interprète le rôle de Belle-Vue, la patronne du Nul Bar Ailleurs. Rôle qu’elle interprétait déjà en décembre 2019 lors du spectacle Piliers de Comptoir. Sandrine est co-animatrice de l’atelier théâtre et assistante à la mise en scène.

    Sandrine, que peux-tu nous dire de Belle-Vue ?

    Belle-Vue est limitée au niveau intellectuel mais elle n’en est pas consciente, donc elle est heureuse. Elle a une naïveté et un fond gentil. C’est assez jouissif de jouer quelqu’un comme ça. J’envie sa simplicité. Elle est parfois un peu brusque, un peu vulgaire, et ça, ça m’arrive à moi aussi. 

    Belle-Vue, c’est elle qui règne en maître sur le Nul Bar Ailleurs…

    Elle tient le bar avec son mari qu’on ne voit jamais. Je me retrouve là-dedans puisque dans la vraie vie, avec mon mari, nous nous occupons de l’atelier théâtre. 

    Belle-Vue est souvent en train de nettoyer…

    Belle-Vue ne quitte jamais sa lavette, elle essuie les gouttes sur le bar. C’est une maniaque de la propreté.

    Parle-nous des performances vocales de ton personnage.

    Belle-Vue aime chanter mais tout le monde n’apprécie pas sa voix. Moi aussi, je me suis essayée par le passé au chant sur scène mais le bonheur n’était pas forcément partagé par le public. Je devrais sûrement prendre des cours si je voulais persévérer dans cette voie. 

    Est-ce que Belle-Vue a un bon caractère, selon toi ?

    Elle a des sautes d’humeur, elle peut être désagréable avec ses clients mais ça ne dure jamais longtemps. 

    Belle-Vue a parfois des (dé)raisonnements surprenants. Es-tu sur la même longueur d’onde ?

    Elle a sa propre logique. Quand elle a une idée en tête, elle ne l’a pas ailleurs. En ça, je me retrouve assez bien dans le personnage. Quand Belle-Vue parle, il lui arrive de télescoper deux expressions. Ce qui m’arrive de plus en plus souvent ​​​​​​​; ça fait bien rire mon mari. Peut-être que le personnage de Belle-Vue déteint sur moi. 


    Sandrine Vansnick - Belle-VueSandrine Vansnick - Belle-VueSandrine Vansnick - Belle-Vue

  • Piliers 2 / Justine Legrand

    Piliers 2 Comptoir

    Sœur Trouffette, dos à Dieu 

    Justine Legrand - sœur TrouffetteLe 24 et 25 juin prochain, l’ATO présente son nouveau spectacle, Piliers 2 Comptoir. A cette occasion, nous avons demandé aux comédiens de nous parler de leurs personnages et de nous confier quelques anecdotes. Justine Legrand interprète le rôle de sœur Trouffette. Arrivée à l’ATO en février 2018 (promotion 11), Justine a participé à la création de Tranches de Maillard (décembre 2018), Parc Montines (mai 2019) et Piliers de Comptoir (décembre 2019).

    Justine, présente-nous rapidement les caractéristiques de ton personnage.

    Sœur Trouffette est une ancienne religieuse. Suite à un accident qui est survenu dans une église, elle a quelques hallucinations. Dieu lui est apparu pour lui révéler… qu’Il n’existait pas ! C’est tout le paradoxe : sœur Troufffette pèche beaucoup - c’est son naturel qui revient toujours au galop - mais en même temps, elle fait gaffe au cas où Dieu existerait quand même en fin de compte. 

    Sœur Trouffette a sa façon bien à elle de vivre en société…

    Oui, c’est une sacrée peste : elle aime bien taquiner les gens. Mais, à sa façon, elle est gentille tout de même.

    As-tu des points communs avec ce personnage ?

    Oui, ça peut se ressentir au cours des répétitions : il semblerait que j’aie traumatisé quelques comédiens avec mes petites remarques ! Mais j’aime dire les choses en face. Et quand je charrie les gens ce n’est jamais par méchanceté. C’est de l’humour.

    Ton personnage est passionné par le film Sister Act

    Moi aussi ! Quand j’étais petite, je voulais devenir bonne sœur pour être comme Whoopi Goldberg.

    On se demande pourquoi sœur Trouffette fréquente si assidument le Nul Bar Ailleurs vu qu’elle boit très peu. Qu’est-ce qu’elle fout là ?

    Elle vient là parce que les potins circulent très bien. Alors, elle s’y amuse beaucoup. Elle adore jouer des tours espiègles aux autres habitués. Comme ils ont souvent trop bu, ils sont crédules et facilement manipulables.

    Sœur Trouffette te ressemble quand elle dorlote Lucifer, son petit chat adoré 

    Absolument pas. Mon frère et moi, on avait un chat quand on était petits. On se battait pour savoir lequel aurait le droit de ne pas aller lui donner à manger. Il faut dire qu’il dormait dans la véranda et qu’on détestait sortir quand il faisait froid. Je ne souhaite aucun mal aux animaux, mais loin de moi l’idée d’avoir un animal de compagnie. 

     

    Justine Legrand - sœur TrouffetteJustine Legrand - sœur TrouffetteJustine Legrand - sœur Trouffette

  • Piliers 2 / Caroline Bachelart

    Piliers 2 Comptoir

    Vedett, un troisième-œil aux aguets 

    Caroline Bachelart - VedettLe 24 et 25 juin prochain, l’ATO présente son nouveau spectacle, Piliers 2 Comptoir. A cette occasion, nous avons demandé aux comédiens de nous parler de leurs personnages et de nous confier quelques anecdotes. Caroline Bachelart interprète le rôle de Vedett. Arrivée à l’ATO en janvier 2017 (promotion 9), Caroline a participé à la création de Faut te faire un dessin ? (décembre 2017), La grande Tourterie (mars 2018), Tranches de Maillard (décembre 2018), Parc Montines (mai 2019) et Piliers de Comptoir (décembre 2019). 

    Caro, peux-tu nous présenter ton personnage 

    Vedett est plutôt simplette. Un côté espiègle, rocambolesque. Mais ça ne l’empêche pas de devenir manipulatrice quelquefois. Elle a souvent un verre dans le nez. Du coup, elle fait sa ‘madame Irma’.

    Vedett raconte qu’elle a des moyens mammographiques et qu’elle est en bisexe. D’où lui vient cette façon de s’exprimer si personnelle 

    C’est-à-dire que des fois, elle a deux-trois frites qui se baladent dans sa tête, elle fait un bug et puis elle repart normalement. 

    Elle a une grande passion… 

    Oui, ce qu’elle adore, c’est tout ce qui touche à l’ésotérisme (l’exotérisque, comme elle dit) : communication avec le surnaturel, divination, magie. 

    Toi aussi, Caro, tu t’intéresses à ça 

    Oui, c’est vrai. J’ai des intuitions. Nounours, mon conjoint, m’appelle parfois La Sorcière et une amie Cayosel car je mets toujours du sel dans un petit pot près de ma porte pour évacuer les mauvaises ondes (rire), d´autres : Père Carolin et Gougouttes. À certains moments, mes prédictions se réalisent ; alors, je leur dis : « Vous voyez, je vous l’avais dit. » 

    Ton personnage, lui, il lit l’avenir dans la mousse de bière… 

    Je n’ai jamais essayé. Ni même dans le marc de café. Mais il paraît que quand je fais mes incantations, ça fonctionne ​​​​​​​: la nature refleurit ​​​​​​​; quand je vais porter mes œufs à sainte Claire, il ne pleut pas. (rire)

    Vedett s’y connaît en champignons… 

    C’est une longue histoire. L’idée vient d’un fait réel puisqu’un jour, au carnaval, mes copains et moi, nous avons eu quelques démêlés avec des toilettes qui étaient d’une propreté douteuse… Autant dire que ça s’est mal terminé. 

    Je ne parlais pas de ce genre de champignons… 

    Ah oui ​​​​​​​! les champignons, c'est aussi les cueillettes. Quand j’étais gamine, il fallait se lever à quatre heures du matin. On mettait nos bottes, on prenait notre seau et on allait dans la prairie pour cueillir les champignons. Fallait bien vérifier ce qu’on cueillait. On revenait à la maison et on les mangeait. Une fois, je me souviens que j’en ai eu marre de cueillir les champignons. J’ai laissé les autres continuer sans moi et je me suis liée d’amitié avec une petite vache. D’où mon côté ‘Petite maison dans la prairie’.


    Caroline Bachelart - VedettCaroline Bachelart - VedettCaroline Bachelart - Vedett

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  • Piliers 2 / Michel Legrand

    Piliers 2 Comptoir

    Gare ! la mère Chouffe est en route !

    Michel Legrand - mère ChouffeLe 24 et 25 juin prochain, l’ATO présente son nouveau spectacle, Piliers 2 Comptoir. A cette occasion, nous avons demandé aux comédiens de nous parler de leurs personnages et de nous confier quelques anecdotes. Michel Legrand interprète le rôle de la mère Chouffe. Arrivé à l’ATO en février 2018 (promotion 11), Michel a participé à la création de Tranches de Maillard (décembre 2018), Parc Montines (mai 2019) et Piliers de Comptoir (décembre 2019).

    Michel, pourrais-tu nous présenter la mère Chouffe ?

    La mère Chouffe est une femme d’un âge incertain. Elle a un net penchant pour le Martini. Le Martini rouge sur glace pour être précis. Elle a une manière bien à elle de conduire sa voiture : une conduite assez sportive, on va dire.

    Est-ce que là-dessus tu ressembles un peu à ton personnage ?

    Non, je conduis plutôt calmement. Je ne crache pas sur un Martini, mais c’est loin d’être une addiction.

    La mère Chouffe fait bouillonner les bénitiers, selon ses propres dires. Est-ce que c’est ton cas aussi ?

    Je n’ose pas tenter l’expérience. Je ne pense pas que ça bouillonnerait mais ça frémirait peut-être un petit peu.

    La mère Chouffe a un grain de beauté sur la fesse gauche…

    Est-ce que c’est mon cas ? Pas à ma connaissance. Mais pour être honnête, ça fait quelques années que je n’ai plus assez de souplesse pour vérifier. Si quelque chose a poussé entre-temps, je ne suis pas capable de le confirmer.

    Serais-tu capable d’inventer une recette culinaire comme le fait la mère Chouffe ?

    Je ne suis pas très porté sur la cuisine, mais je sais préparer quelques cocktails. J’en ai créé un qui a connu un beau succès : le Bubble Gum, à la saveur des chewing-gums d’autrefois.

    La mère Chouffe s’est prise d’affection pour sœur Trouffette. Au début, c’était inespéré !

    Les choses ont évolué d’elles-mêmes au cours des improvisations. La relation particulière entre le comédien et la comédienne [Justine, sa fille] a sans doute naturellement favorisé cette complicité.

     

    Michel Legrand - mère ChouffeMichel Legrand - mère ChouffeMichel Legrand - mère Chouffe

     

  • Piliers 2 / interview Marckloff

    Piliers 2 Comptoir

    Interview de Marckloff, le voisin

    - Marckloff, qu'est-ce que ça fait de vivre à côté d’un café comme le Nul Bar Ailleurs ?

    - Ça fait beaucoup de bruit. Je suis arrivé ici, j'ai pris ce qu'on m'a donné. Je me suis retrouvé à côté du café. Ma femme et moi, on fait avec. Mais comme le pognon rentre bien, je pense qu'on va bientôt changer.

    - Vous raffolez des Chokotoff. D’où ça vient, cette passion ?

    - Quand je suis venu ici la première fois, il y avait un pot avec des Chokotoff à l'entrée. C'est là que j'ai découvert les spécialités du pays.

    - Vous avez passé toute votre jeunesse en Russie, je crois. Quel souvenir vous en gardez ?

    - La neige !

    - Ah, l’hiver est froid là-bas. Quand vous y repensez, qu’est-ce qui vous manque ici ?

    - Ma mère…

    - Elle est restée au pays ! Vous lui téléphonez parfois ?

    - Elle est morte.

    - Ah.

    - Ça fait vingt ans.

    - Pardon. Vous avez l'habitude de passer au café ?

    - Si je viens, c’est qu’il y a une auto en face de mon garage ; ça arrive tous les jours.

    - Alors, vous buvez une petite bière au passage ?

    - Bah, disons que pour se faire pardonner, la mère Belle-Vue me sert un petit quelque chose.

    - À propos, Marckloff, quelle est la meilleure vodka ?

    - La vodka de ma mère. Vodka maison. Il y a encore du vingt ans d'âge là-bas. La prochaine fois que je retourne, je ramènerai une bouteille.

    - Marckloff, on m’a dit que vous aviez déjà vu des extraterrestres. C’est vrai ?

    - Non. Par contre, j’ai toujours leur véhicule garé devant chez moi.

    - Une dernière question. Peut-être indiscrète. Dans la peau de quelle bête avez-vous taillé ces magnifiques pantoufles que vous avez chaussées là ?

    - Ça se voit quand même. C'est de la peau de loup.

    - De loup malade ?!

    - Oui, je reconnais, je n'ai pas eu à le tuer très fort, il était déjà mort. J’en ai profité.

    D’après un dialogue de Frédéric Duchène (Marckloff) et Jérémie Brasseur, le 15 02 2022

     

  • Piliers2 / La brocante

    La brocante Saint-Armulphe

    Aujourd'hui, sur la place Saint-Armulphe, face au Nul Bar Ailleurs, c'est la brocante Saint-Armulphe, le grand rendez-vous organisé une fois par an par le comité de quartier.

    Belle-Vue. – Ah chouette, la brocante !

    Carapils, à Belle-Vue. – Mon bouchon, ramène tes loques : on va trouver acquéreur !

    Belle-Vue. – Voilà la Vedett du village.

    Vedett. – Belle-Vue, une mousse s’il te plaît, je deviens dingue.

    Belle-Vue. – Une mousse pour l'artiste. Maintenant qu’elle sait draguer, j'espère qu'elle va trouver une chaussure à mettre à ses pieds.

    Carapils. – C’est gentil, ce que tu dis là, mon bouchon.

    Belle-Vue. – D’ailleurs, je me demande pourquoi on dit une chaussure alors qu'on a deux pieds...

    Carapils. – Vedett, tu veux de la bière avec ta mousse ou juste un fond de verre sale pour faire tes divinations ?

    Vedett. – Un peu de bière mais pas trop. Juste un peu tout plein.

    Belle-Vue. – Ça marche !

    Carapils. – Salut Bavaro !

    Bavaro. – Salut. Y a les baffles qui grésillent.

    Belle-Vue. – C’est vrai, ça crachote. On dirait que Trouffette nous ramène son matou mutant.

    Carapils. – J'ai dit à Snoek de régler ça.

    Belle-Vue. – Il est parti chercher un bazar pour resserrer le bidule.

    Carapils. – À la longue, les larsens, ça tape sur les nerfs !

    Bavaro. – « Les Larsens » ? Jamais entendu parler de ce groupe !

    Carapils. – Laisse béton.

    Bavaro. – Ah ça, oui, Renaud ! Laisse béton. J’adore… Et l’autre truc, là : Putain de camion

    Carapils. –Au fait, Bavaro, tu es au courant pour la Mère Chouffe ? Elle est au poste. Elle a encore défoncé un rond-point.

    Bavaro. – Trop de Martini, je présume.

    Carapils. – Pas plus que d'habitude ! deux bouteilles grand max.

    Belle-Vue. – Ouais, mais hier soir, comme je fermais plus tôt, elle est repartie avec une bouteille pour chez elle.

    Carapils. – Ah, ça, on m'avait pas dit. S’il y a celle-là en plus des deux autres...

    Bavaro. –A la troisième bouteille, elle a des trous de mémoire.

    Carapils. – Même quand elle est sobre, il paraît. Mais c’est dur à dire, ça n'arrive quasi jamais...

    Vedett. – Je vais pas pouvoir rester, y a le vieux pervers là-bas qui n’arrête pas de me mater.

    Carapils. – Griboval !? Ah, les cons ; ils l'ont encore laissé filer de l'hospice !

    Vedett. – Il me suit comme un chihuahua.

    Carapils. – Il va me faire fuir la clientèle.

    Bavaro. – Je vais lui dire deux mots...

    Vedett. – La Mère Chouffe n’est pas là ?

    Carapils. – Les flics l'ont collée en cellule de dégrisement !

    Belle-Vue. – Oui, elle a encore ramassé le rond-point des Grands Prés. Chaque fois qu'ils le refont, paf !

    Vedett. – Nom d'une mousse ! La quête du Martini, ça vire à la course d’obstacles.

    Belle-Vue. –Faut vraiment qu’elle aille voir un psych’acariâtre.

    Vedett. – Ouais, elle est rondpointophile. C'est grave !

    Carapils. – J'espère qu'ils vont quand même pas nous la garder trop longtemps. Ça nous ferait un sacré trou dans la caisse !

    Vedett. – Bon, moi je me sauve. Je file à l'abbaye voir s’il reste des fûts de Marre-d-être-saoul.

    Carapils. – Bah, écoute. Moi, les brocantes, ça va bien cinq minutes…

    Vedett. – Allez, Caramel, on se fait la belle.

    Carapils. – Ciao, les breloques et les vieux bidons.

    Carapils, à Belle-Vue. – Tu nous suis, mon bouchon ?

    Vedett. –Si ça tombe, y aura une expo ‘Lavettes de l’abbaye’.

    Belle-Vue. – Non, je vais passer un coup de loque en attendant le client. Soyez sages !

    Carapils. – Vive Saint-Armulphe !

    écriture collective en ligne avec Bernard Ameryckx, Caroline Bachelart, Jérémie Brasseur et Sandrine Vansnick , le 16 12 2021

     

  • Piliers 2 / interview Chouffe

    Piliers 2 Comptoir

    Interview de la mère Chouffe

    Piliers 2 / interview Chouffe- Bonjour mère Chouffe !

    - Bonjour m’ fille !

    - D’après ce qu’on dit, tant qu’il y a du Martini, vous êtes de bonne humeur…

    - C'est-à-dire que le matin...

    - … vous n'êtes pas d'humeur ?

    - Ce n'est pas que je ne suis pas d'humeur, c'est que je n'ai pas d'humeur.

    - « Vous n'avez pas d'humeur » ? Comment ça ?

    - Si vous voulez, il faut le temps que ça se dégrise. Je ne sais pas trop si c'est le jour ou la nuit, des choses comme ça. Du coup, voilà, je n'ai pas vraiment d'humeur.

    - Vos nuits sont souvent agitées ?

    - Bah, ça arrive. La dernière fois, j’ai fait un affreux cauchemar. Ça se passait en Italie et il y avait une terrible explosion…

    - Dans un champ de romarin ?

    - Pire que ça, hein, m’ fille ! à l'usine de Martini. [frisson d’effroi] Du coup, impossible de produire du Martini pendant des années !

    - Qu’est-ce que vous alliez bien pouvoir faire de votre temps libre ?

    - Dépérir ! Parce que sucer des glaçons, c'est bien, ça rafraîchit… mais sans le Martini, ce n’est quand même pas pareil. Alors, y a de quoi se mettre à fumer des joints.

    - « Des joints », mère Chouffe !? Mais comment vous feriez pour vous ravitailler ?

    - Bah, ici, c’est pas dur avec le fils de Forestinne. Seulement, je peux vous dire, la marchandise elle n’est pas toujours de première qualité !

    - C’est-à-dire ?

    - Il vous refile de la beuh qui provoque des effets secondaires. Après on se retrouve dans des situations… délicates.

    - Vous avez vu des éléphants roses ?

    - Pire que ça !

    - Vous avez vu le loup ?

    - Oh là là ! si je vous disais… Dites, votre interview là, elle remue pas mal de choses en moi.

    - Normal, hein. C'est pour Radio Psychothérapie.

    - C'est ça que je me sens toute psychotée de partout.

    D’après un dialogue de Michel Legrand (Chouffe) et Caroline Bachelart, le 21 12 2021

     

  • Piliers 2 / interview Forestinne

    Piliers 2 Comptoir

    Interview de Forestinne

    Piliers 2 / interview Forestinne- Forestinne, bonjour. Je suis enchantée de vous rencontrer. Nous allons en apprendre un peu plus à votre sujet. Parce qu’on ne sait même pas si vous êtes en couple.

    - Non, je suis seule.

    - Ah, vous êtes célibataire ?

    - Oui, pour tout vous dire, ma plus longue relation a duré six mois. Juste le temps de faire un enfant. Je préfère ne pas m'attacher.

    - Je vois. Vous faites partie des gens qui sont devenus accros à leur téléphone ?

    - Pas vraiment. Tout un temps, je recevais des appels bizarres.

    - « Bizarres » ? comment ça ?

    - Un obsédé appelait chaque jour à la même heure ; il croyait que c’était le téléphone rose.

    - Ça vous dérangeait ?

    - Bah, je n'aimais pas trop ça.

    - On peut comprendre. Forestinne, y a-t-il une chose pour laquelle vous vous sentez prête à tuer ?

    - Le bingo, sans hésitation. C'est ma passion, j'y jouerais jour et nuit. J'adore.

    - Pour clôturer cette interview, pourriez-vous nous avouer un de vos petits secrets ?

    - Oh là là, vous me gênez.

    - Nous sommes entre nous.

    - Alors, je peux bien vous l’avouer, j’utilise mon mucus nasal en complément alimentaire.

    - Vous mangez vos crottes de nez ? Formidable !

    - Il paraît que c'est plein de glycoprotéines et qu’une consommation régulière produit un effet régénérant. D'ailleurs, regardez ma peau, comme elle est belle !

    - En effet. Merci beaucoup, Forestinne. Je suis sûre que tous nos auditeurs sont impatients de tester cette astuce.

    D’après un dialogue de Dominique Trillet (Forestinne) et Justine Legrand, le 21 12 2021

  • Piliers 2 / interview Belle-Vue

    Piliers 2 Comptoir

    Interview de Belle-Vue

    Piliers 2 / interview Belle-Vue- Bonjour Belle-Vue. Nous sommes très heureux de vous recevoir pour cette émission consacrée à nos amis de l’Horeca. Vous vous occupez d'un café, à Monche, Le Nul Bar Ailleurs. Je sais que la propreté, c'est important pour vous.

    - Ah oui, l’hygiène ! moi, je passe la loque à reloqueter cinquante fois par jour. Toujours au même endroit. Comme ça, ça brille.

    - J’imagine ! Est-ce que ça paie bien de travailler comme ça dans un café ?

    - Écoutez, pas assez à mon goût, je ne vais pas vous dire le contraire. Dans un café de village, on n’a pas beaucoup de pourboires. Parfois, il y a un touriste qui passe, il laisse quelque chose. Des pièces bizarres, qu’on ne sait pas trop quoi faire avec.

    - Du coup, vous avez une collection de devises étrangères…

    - … et de petits cailloux. Moi, bon ! je les garde parce que ça fait plaisir.

    - Belle-Vue, quels sont, selon vous, les inconvénients à travailler dans un café ?

    - Bah, des fois, on me vomit dessus. Vedett, par exemple, quand elle se lance dans des expériences de coma tithylique (sic). Ça finit toudis mal.

    - A l’inverse, on vous fait parfois des compliments ?

    - Pas des masses. Un jour, un gars est entré dans le café pour offrir des fleurs. Alors j'étais toute contente. Mais au final, c'était pas pour moi.

    - Ah non ?

    - Le livreur s’était gouré de boutique. Il y avait un message qui disait : « Grisette, je suis ton bel admirateur. Chaque fois que je passe et que c’est toi en vitrine, ça me plaît bien, tout ce que tu fais. »

    - On va se quitter là-dessus. Le mot de la fin, Belle-Vue ?

    - Tant qu'on peut reloqueter, il y a de l’ouvrage.

    - Eh bien, ma foi, reloquetons !

    D’après un dialogue de Sandrine Vansnick (Belle-Vue) et Jérémie Brasseur, le 21 12 2021

     

  • Piliers 2 / interview Bavaro

    Piliers 2 Comptoir

    Interview de Bavaro

    Piliers 2 Comptoir - Bavaro- Vous regardez Télé-Monche, bonjour ! Aujourd’hui dans notre émission, nous avons le plaisir d’accueillir un chauffeur poids-lourd d’envergure internationale. Bavaro, bienvenue !

    - Merci, ça me touche beaucoup. Merci de m’avoir invité.

    - Bavaro. Parlez-nous de votre camion…

    - Ah, vous savez, les camions, pour nous les chauffeurs poids-lourds, ça fait partie de la famille. Le mien, je l’ai appelé comme mon chien : Charleston.

    - C’est une bonne idée.

    - La famille, c’est la famille.

    - Vous avez un métier pas banal. On se pose des tas de questions. Et tout d’abord, on se demande : est-ce que ça vous est déjà arrivé de faire le tour d’un parking sans pouvoir retrouver votre camion ?

    - Vous posez là une question très pertinente parce qu’effectivement sur les parkings le long des autoroutes, il n’y a pas d’indication ‘allée 12, emplacement 43’, ce genre de choses… Mais moi j’ai trouvé une astuce. Je me suis rendu compte que mon chien quand je le siffle, il vient. Et donc mon camion je lui ai installé un système. Dès que je fais : « fi-fi-fi ! Charleston ! », eh bien, les clignotants s’allument. Mon quinze-tonnes, il est aussi fidèle que mon chien. Par contre, ma femme, si je siffle, elle ne vient pas.

    - Vous n’allez quand même pas comparer votre femme avec votre camion ?

    - Ah certainement pas. Bien sûr que non ! Il n’y a pas de comparaison entre mes deux Charleston, le chien et le camion, et ma femme. Les Charleston, eux, ils ne disent jamais rien, ils sont toujours d’accord avec moi.

    - Bon, bref… Vous faites de grands trajets internationaux, vous avez sûrement une anecdote à nous raconter.

    - Ah oui ! à l’époque où j’étais tout jeune camionneur, me voilà un jour parti pour mon premier voyage international. Je roule. Je descends à Édimbourg et je m’arrête à une station essence. Je fais le plein puis je me remets en route, machinalement. D’un coup, je me retrouve avec une bagnole qui arrive en face, je me dis : « Le con ! Il est du mauvais côté de la route ! » Bah non, c’était moi qui roulais à contre-sens. Di douille ! Je ne suis pas très fier.

    - Nous arrivons déjà à la dernière question. La solitude dans les camions, comment ça se passe ?

    - « La solitude » ? La solitude, quand il n’y a que Charleston et moi ?!... Là on entre dans l'intimité de couple ! Je préfère ne pas répondre. Nous les routiers, on a quand même notre petite pudeur.

    D’après un dialogue de Bernard Ameryckx (Bavaro) et Dominique Trillet, le 14 12 2021

     

  • Piliers 2 / interview Trouffette

    Piliers 2 Comptoir

    Interview de sœur Trouffette

    20211217 visuel interview trouffette br- Sœur Trouffette, bonjour. Vous êtes sur la radio de la paroisse de Saint-Armulphe. J’ai quelques questions délicates à vous poser. J’espère que vous voudrez bien y répondre sincèrement.

    - Je ne mens jamais.

    - Est-ce que vous avez déjà prétexté la maladie d’un proche pour éviter d’aller à la messe ?

    - Non.

    - Ah, c’est très bien…

    - Par contre, une fois j’ai corrompu le curé du village et à la messe du dimanche, nous avons annoncé le décès du clodo du coin pour lancer un appel aux dons.

    - Mais c’est… inqualifiable !

    - Ça a marché du tonnerre, on s’est rempli les poches à mort !

    - Je préfère ne pas savoir… Sœur Trouffette, je sais que vous accordez beaucoup d’importance à votre apparence. Avez-vous déjà photocopié votre visage ?

    - Mon visage ? Non, hein !

    - Ah, ouf !

    -  … mais mon cul, oui.

    - Mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu !

    - Je le trouve plus joli.

    - Passons, ma sœur. Est-ce qu’il vous est déjà arrivé de voler des bonbons ?

    - Oui, ça m’est arrivé.

    - J’imagine que vous étiez gamine. On peut comprendre.

    - Oui, enfin non… c’était il y a trois ans. J’ai piqué tous les bonbons des enfants du caté.

    - Oh non, pas les enfants du catéchisme. Ma sœur, quand même !

    - Si. Pour pas me faire prendre, j’ai tout planqué dans un vieil encensoir. Et après, je m’en suis fait péter.

    - Seigneur ! Et le curé n’a rien dit ?

    - Bah… Il avait déjà sifflé pas mal de vin de messe ce jour-là…

    - Dites donc, on est vraiment bien entourés au niveau ecclésiastique ici.

    - Oh pardon, il ne s’agit pas de notre curé. Je vous parle de faits qui remontent à mon passage dans une autre paroisse. Quelle époque ! on a fait les quatre cents coups, l’abbé Gengoulf et moi.

    - Allons au bout des choses, soyons fous. Vous dites vraiment la vérité, hein ?

    - Oui, là je suis sans filtre.

    - Est-ce qu’il vous arrive de parler sur le dos des habitués du café ?

    - Alors là, non, jamais ! Ce n’est vraiment pas du tout mon style de critiquer. J’aurais trop peur d’aller en enfer.

    - Mon Dieu, sœur Trouffette ! Mais il me semble que votre nez s’allonge. On dirait Pinocchio.

    - Ça tombe bien, j’ai toujours adoré les jouets en bois.

    - Ouh là ! Nous allons rendre l’antenne.

    D’après un dialogue de Justine Legrand (sœur Trouffette) et Michel Legrand, le 14 12 2021

  • Piliers 2 / interview Vedett

    Piliers 2 Comptoir

    Interview de Vedett

    Piliers 2 Comptoir Vedett- Bonjour Vedett. Il paraît que vous en êtes une, de vedette.

    - Il paraît, il paraît.

    - Votre réputation vous précède.

    - Çà, oui ! On dit souvent : « Vedett, c’est du folklore sur pattes ! » Faut dire que j'ai toujours sur moi ma petite pierre précieuse.

    - Oui, votre améthyste…

    - Je pensais qu’elle me protégerait contre les effets de la boisson et du coup, une fois, j’ai bu tout un magnum de Bush de Noël.

    - En une soirée ?

    - Non, comme ça, cul-sec !... Puis j’ai roulé sous la table.

    - C’est inhabituel pour vous ?

    - Bah oui quand même.

    - On m'a dit qu'une fois vous aviez piqué du fric dans les poches d’une veste. C'est vrai ?

    - Eh bien, oui. J’avoue. J’ai quand même un petit côté canaille. Je voulais me venger de sœur Trouffette qui m’avait joué un sale tour.

    - On veut savoir, on veut savoir… Qu’est-ce qui s’est passé ?

    - Bah, au départ, elle voulait m’aider. Elle s’était mis en tête de m’apprendre à draguer.

    - Sœur Trouffette ?

    - Oui, sœur Trouffette ! Alors, elle m’a un peu dévergondée.

    - « Dévergondée » !? 

    - On est allées au magasin, elle m’a dit : « mets ça » et quand je suis sortie de la cabine en mini-jupe, elle m’a fait défiler dans toute la boutique. J’étais gênée !

    - On imagine.

    - Alors, le lendemain au café, dès qu’elle a eu le dos tourné, j’ai fouillé les poches de sa petite veste noire de nonnette. Je savais qu’elle avait vidé le tronc de l’église. Elle avait deux-trois sous. Je les ai pris et je lui ai payé à boire avec.

    - Vedett, on sait que vous êtes toujours célibataire. Est-ce qu'il ne vous est jamais arrivé de flirter ici au café ?

    - Eh bien, je dois dire qu'en général, j’aime les belles personnes. Les hommes et les femmes, d’ailleurs. Je suis en bi-sexe (sic).

    - Ah, ah !

    - Là-dedans, j’ai une petite frite qui se balade. Un homme, une femme... ça dépend comment la frite s’en va. Et j’adore leur mater le 

    - Je crois qu’on va se quitter là-dessus. Merci beaucoup, Vedett. Je ne suis pas déçue de la rencontre.

    - Il va falloir censurer, hein, Madame !

    D’après un dialogue de Caroline Bachelart (Vedett) et Sandrine Vansnick, le 14 12 2021

  • Piliers2 / Allô Belle-Vue

    Allô Belle-Vue

    Piliers de Comptoir est un univers créé par l’Atelier Théâtre des Oiseaux en décembre 2019. Depuis cet été 2021, l’ATO réinvestit le bistrot imaginaire du Nul Bar Ailleurs, crée de nouveaux personnages, développe de nouvelles intrigues. Des sketchs sont en préparation, en prévision d’une présentation au public.

     

    Allô Belle-Vue citationLe téléphone du Nul Bar Ailleurs se met à sonner. Belle-Vue, qui est seule, prend l’appel.

    Belle-Vue. – Allô, c’est moi ! Qui est à l’appareil ? … Vous êtes au Nul Bar Ailleurs ici. … Une séance de voyance avec Madame Soleil !? Je veux bien. Du soleil, on n’en voit pas beaucoup ici. Par contre des lunes, avec tous les camionneurs qui passent… Oui, passez-moi Madame Soleil, je veux bien. … Allô, Madame Soleil ? Belle-Vue, ici. … Si j’ai une question !? Euh... Dites-moi : qu’est-ce qu’il fait, Carapils ? Il est monté là-haut en disant qu’il allait faire des papiers. Est-ce qu’il n’est pas en train de dormir ? … Ah, vous ne voyez pas, ça !? … Bon, vous pourriez me donner les bons numéros pour le Lotto de demain ? … Vous ne savez pas non plus !? … Mais qu’est-ce que je peux demander ? … Ah, mon avenir !? Ben, très bien. Donnez-moi mon avenir. Je vous écoute. … Vous voyez un bel événement !? Ah, c’est bien, ça ! … Un problème !? Oui mais qu’est-ce que vous voyez ? … Beaucoup d’eau !? … C’est qu’il va pleuvoir ! … Un message de ma mère défunte !? … Ma mère est morte !? … Mais je n’en sais rien, je ne l’ai pas connue. … Ah, ce n’est pas pour moi, alors !? D’accord. … Pardon !? Ça m’a déjà coûté quatorze euros cinquante !? Et vous ne l’avez pas vu, ma baffe qui va partir dans vos gueules ? … Eh ben, je vous laisse quand même !

     

    d'après une impro solo de Sandrine Vansnick, le 23 11 2021

     

  • Piliers2 / Bavaro raconte-3

    Raconte-nous, Bavaro… (3e partie)

    Piliers de Comptoir est un univers créé par l’Atelier Théâtre des Oiseaux en décembre 2019. Depuis cet été 2021, l’ATO réinvestit le bistrot imaginaire du Nul Bar Ailleurs, crée de nouveaux personnages, développe de nouvelles intrigues. Des sketchs sont en préparation, en prévision d’une présentation au public.

    Bavaro raconte3 citationBavaro. – C’est un pote qui m’a raconté ça : un jour, il traversait la Pologne avec un chargement de caisses de vodka.

    Chouffe. – Ça, c’est une histoire qui commence à m’intéresser.

    Bavaro. – Tout à coup, le fourgon tombe en panne. Mon pote se met sur le bas-côté et il attend. L’histoire ne dit pas s’il boit de la vodka…

    Chouffe. – L’histoire ne le dit pas mais son haleine, à mon avis oui.

    Bavaro. – Je ne sais pas, j’étais pas là. A un moment, il fait une incantation à saint Camion.

    Belle-Vue. – Pouët, pouët !

    Forestinne. – Mais arrêtez d’interrompre à tout bout de champ.

    Bavaro. – Merci, Forestinne. C’est vrai que je ne me sens pas fort écouté.

    Forestinne. – Moi, je suis suspendue à vos lèvres, Bavaro.

    Chouffe. – Forestinne, ne commencez pas vos frottis-frottas.

    Forestinne. – Bouclez-la, vous autres. Sinon, on ne connaîtra jamais le fin mot de l’histoire.

    Bavaro. – Donc, mon collègue invoque saint Camion, et tout d’un coup, il voit un semi-remorque qui s’amène. Un gars descend : un mastodonte tout en blanc, des grosses bottines et une salopette qui le boudine…

    Vedett. – C’est le bonhomme Michelin, ça.

    Bavaro. – Pas loin. Il s’assied, il ouvre une mallette. Et qu’est-ce qu’il a dans sa mallette ? Il a sa pitance.

    Chouffe. – Sa quoi ?

    Bavaro. – Sa pitance… ses tartines, quoi.

    Chouffe. – Ah, j’ai eu peur ! j’avais compris autre chose.

    Bavaro. – Enfin, concentrez-vous. Merde !

    Vedett. – Continuez, Bavaro, vous avez titillé notre curiosité.

    Bavaro. – Donc, voilà notre sauveur fantôme qui déboule, avec sa mallette...

    Chouffe. – … et sa pitance. On sait.

    Bavaro. – Il sort une pinte, il la tend à mon pote sans rien dire.

    Belle-Vue. – Bah il ne parle pas français, c’est un Slovène.

    Bavaro. – On ne sait pas, ça.

    Vedett. – C’est Michelin l’Enchanteur.

    Bavaro. – En tout cas, il ferme sa gueule. Et y en a qui devrait prendre exemple ! (Reprenant son histoire.) Mon pote, il est hypnotisé. Le fantôme lui file la pinte.

    Chouffe. – Une deuxième ?

    Bavaro. – Non, toujours la même. J’essaie de raconter mais on me coupe tout le temps, je m’embrouille. Mon pote ouvre sa pinte. Pschitt ! Et là, le pschitt qu’il entend, il ne sait pas très bien si ça vient de la pinte ou d’un compresseur. Il boit un coup, il voit un peu flou. Et il réentend pschitt là-bas. Il finit sa pinte. Le fantôme n’est plus là. Il n’y a plus que le camion qui l’appelle.

    Forestinne. – C’est comme dans les contes de fées.

    Bavaro. – Mon pote se remet au volant, il met le contact et vroum ! ça démarre au quart de tour.

    Forestinne. – Ouah ! quelle merveilleuse histoire, Bavaro.

    Vedett. – Surtout le passage avec la pinte !

    Bavaro. – Personne n’a jamais su ce qui s’était vraiment passé.

    Forestinne. – Eh bah moi, je me sens mieux.

    Vedett. – Cette nuit, on va tous rêver de Michelin l’Enchanteur.

    Belle-Vue. – Mais oui, on va faire dodo et on se revoit demain.

    Chouffe. – Moi, je crois que je vais rester ici. Comme ça, je serai déjà là pour demain. Belle-Vue, vous n’aurez pas à courir pour venir ouvrir.

    Belle-Vue. – Bah, passez un coup de torchon alors tant que vous y êtes.

    Vedett. – C’est un peu dommage de se quitter maintenant…

    Bavaro. – … Juste au moment où on commence à bien s’entendre.

    Forestinne. – Pour rester dans l’ambiance, on devrait tous aller camper dans le camion de Bavaro.

    Vedett. – Il reste de la vodka ?

    Belle-Vue. – Mais non : c’est Michelin qui l’a ramenée en Slovénie avec sa mallette !

    Bavaro. – Ah oui, quand même ! y en a qui n’ont rien pigé à l’histoire en fait.

     

    Texte de Jérémie Brasseur, d'après un dialogue de Bernard, Caro, Dominique, Michel et Sandy, le 02 11 2021

     

  • Piliers2 / Bavaro raconte-2

    Raconte-nous, Bavaro… (2e partie)

    Piliers de Comptoir est un univers créé par l’Atelier Théâtre des Oiseaux en décembre 2019. Depuis cet été 2021, l’ATO réinvestit le bistrot imaginaire du Nul Bar Ailleurs, crée de nouveaux personnages, développe de nouvelles intrigues. Des sketchs sont en préparation, en prévision d’une présentation au public.

    Bavaro raconte2 citationVedett. – Moi, je veux entendre une aventure... avec des camionneurs ardents, des nuits passées au fond des motels moites, où résonne l’écho des mâles tribulations et des trépidations intrépides. Une odyssée qui fleure l’odeur de bitume.

    Chouffe. – L’odeur de quoi ?

    Vedett. – De bitume.

    Chouffe. – Ah, hum…

    Forestinne. – Oui, il faut bien l’écouter jusqu’à la dernière syllabe, Vedett. Sinon, on fait fausse route.

    Vedett. – Bavaro, racontez-nous votre vie de chauffeur poids-lourds.

    Bavaro. – Non, ça va me donner soif.

    Belle-Vue. – Allez, on va vous ravitailler si c’est pour la bonne cause.

    Chouffe. – J’en reprends un petit par solidarité !

    Bavaro. – Dans ces conditions, je veux bien. Il y a des choses dont on ne parle qu’entre routiers, à voix basse, à l’ombre des semi-remorques.

    Forestinne. – Ça ne sortira pas d’ici.

    Belle-Vue. – On sera muets comme des tongs.

    Bavaro. – Les transporteurs ont leur propre univers, leurs traditions, leur folklore. Ils voient des choses que les gens comme vous, qui restez à végéter au bistrot, vous ne verrez jamais.

    Belle-Vue. – Bah… on voit des truc, nous.

    Vedett. – Des fois, on voit même en double.

    Chouffe. – Dites, Bavaro, arrêtez vos grands airs : « vous qui restez à végéter au bistrot »… où est-ce que vous croyez que vous êtes ici ?

    Bavaro. – Moi, ça ne compte pas. Je suis en pause.

    Chouffe. – Nous aussi, on est en pause. Hein, Vedett, qu’on est en pause. On prend des poses, on change de pose, on fait ce qu’on veut.

    Bavaro. – Attendez. J’ai roulé jusque quatre heures, je reprends à quatre heures demain, il faut bien que je décompresse cinq minutes.

    Chouffe. – Une pause de vingt-quatre heures, ça fait déjà cinq belles minutes !

    Bavaro. – Je préfère pas prendre de risque, des fois qu’on contrôlerait mon disque. Mais vous m’interrompez tout le temps. Je n’ai pas encore commencé mon histoire et j’ai déjà fini mon verre.

    Forestinne. – Moi, à la radio, j’ai entendu dire qu’il s’en passait de drôles sur les parkings d’autoroutes.

    Vedett. – Surtout du côté de Namur, à ce qu’on raconte.

    Bavaro. – Bah ça, ce n’est pas le genre de cochoncetés qu’on débite devant des demoiselles de bonnes famille.

    Belle-Vue. – Oh si ! racontez. On est entre nous.

    Chouffe. – Il n’y a qu’à tirer les tentures.

    Belle-Vue. – On va se cocooner ! Prenez les coussins, on va les mettre par terre pour s’asseoir en rond.

    Bavaro. – Si je vous raconte ce qui se passe sur les aires de repos du Namurois, j’en connais ici qui vont courir là-bas. Et c’est le genre de coins où on ne tète pas que du café.

    Chouffe. – Vedett, moi, j’ai la voiture, je vous embarque, on part à deux. Les divas débridées !

    Bavaro. – Ce soir, je vais plutôt vous raconter une autre histoire. On y croit ou on n’y croit pas, c’est la légende du camionneur sauveur fantôme... Ou camionneur fantôme sauveur.

    Vedett. – Ou fantôme camionneur sauveur.

    Bavaro. – Si vous voulez.

    Vedett. – Ou fantôme sauveur camionneur.

    Bavaro. – Aussi.

    Vedett. – Ou fantôme comme savonneur… Ah, non.

    Bavaro. – Aucun de vous n’a jamais entendu parler du camionneur sauveur fantôme ?

    Belle-Vue. – Non. (Mortifiée.) On fait rien qu’à végéter au bistrot.

     

    Texte de Jérémie Brasseur, d'après un dialogue de Bernard, Caro, Dominique, Michel et Sandy, le 02 11 2021

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  • Piliers2 / Bavaro raconte-1

    Raconte-nous, Bavaro… (1e partie)

    Piliers de Comptoir est un univers créé par l’Atelier Théâtre des Oiseaux en décembre 2019. Depuis cet été 2021, l’ATO réinvestit le bistrot imaginaire du Nul Bar Ailleurs, crée de nouveaux personnages, développe de nouvelles intrigues. Des sketchs sont en préparation, en prévision d’une présentation au public.

     

    Au Nul Bar Ailleurs, tard le soir.

    Bavaro raconte1 citation brBelle-Vue. – Je dis ça mais je ne pense pas à mal : on va bientôt fermer…

    Chouffe. – « Fermer » !? Ah non. Après, faut rentrer chez soi, tout ça.

    Forestinne. – Je n’ai pas fini mon verre, moi.

    Bavaro. – Je ne suis pas aux pièces non plus, le camion est bloqué à l’entrepôt.

    Belle-Vue. – Allez, buvez vos fonds. Moi, je suis là, j’attends.

    Chouffe. – Où ce que vous courez, comme ça, Belle-Vue ? Carapils, il ferme toujours à pas d’heure.

    Belle-Vue. – Ce que j’en dis, c’est pour la forme. Je joue mon boulot de patronne…

    Forestinne. – Je n’ai pas fort envie de rentrer : mon ordi est mort, je ne sais plus aller sur MonBingo.com.

    Bavaro. – Parce que même la nuit vous jouez au bingo ?

    Forestinne. – Faut bien que je m’entraîne.

    Bavaro. – Ça vaut ben l’ peine ; vous finissez toudis dernière.

    Forestinne. – J’ai la scoumoune depuis que j’ai paumé mon cure-dent porte-bonheur.

    Chouffe. – Qu’est-ce que vous voulez ! Quand on touche le fond, on touche le fond.

    Vedett. – Non, y a toujours plus au fond.

    Bavaro. – Dis donc, l’ambiance est pas géniale, ce soir !

    Vedett. – C’est ce que je me dis depuis que j’ai arrêté l’alcool.

    Forestinne. – Vous avez arrêté ? Mais depuis quand ?

    Vedett. – Depuis tout à l’heure… j’ai commandé un Kidi-bidull.

    Chouffe. – Vous avez chopé l’abstinence.

    Belle-Vue, que cette perspective terrifie. – L’abstinence ?!

    Chouffe. – Ça peut arriver à n’importe qui. Sapristi, Vedett, qu’est-ce qui vous est passé par la tête ?

    Vedett. – Je n’en pouvais plus de voir des visions surgir dans ma bière, alors je me suis mise au Kidi-bidull.

    Bavaro. – Et vous voyez à travers les bulles ?

    Vedett. – Bah oui, quand elles remontent.

    Forestinne. – Vous allez en ramasser plein le pif. C’est un coup à choper des trous d’air dans le cerveau.

    Chouffe. – Faut se méfier des boissons gazeuses : le gaz, on ne sait jamais d’où ça vient et par où ça passe.

    Bavaro. – C’est que ça voyage libre. Un peu comme nous les camionneurs. Mais l’odeur est pas pareille…

    Chouffe. – Quoique !

    Forestinne. – Et si on faisait une veillée…

    Vedett. – Funèbre ?

    Belle-Vue. – D’accord. Qui c’est qu’on enterre ?

    Forestinne. – Mais non, une veillée comme autrefois : se blottir au coin du feu, écouter les ancêtres évoquer leur jeunesse de leur petite voix mourante... Mère Chouffe, racontez un truc.

    Chouffe. – La mère Chouffe, avec sa petite voix mourante, elle vous bleffe à la barbe !

    Bavaro, narquois. – Forestinne, faites-nous le récit d’une partie de bingo ; il y a toujours un tel suspens, de tels rebondissements !

    Forestinne. – Et mon verre, vous voulez le ramasser sur le coin de la tronche ?

    Vedett. – Allez, on ne va pas se chamailler...

    Belle-Vue. – Les chamailles, ça finit toujours mal. Y en a toujours un qui se fait traiter de pochtron et qui part un peu vexé.

    Bavaro, levant son verre. – Bon beh, à la nôtre !

    Chouffe, qui trinque avec les autres. – À nous !

    Belle-Vue, avec un enjouement forcé. – À la bonne ambiance du café ce soir !

     

    Texte de Jérémie Brasseur, d'après un dialogue de Bernard, Caro, Dominique, Michel et Sandy, le 02 11 2021

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  • Poème de l'ATO virtuel

    Affiche ato hiver 2020

    En novembre l’idée a été semée.

    En décembre, elle a germé.

    Quoique l’expérience reste virtuelle,

    Les rendez-vous sont attendus, bien réels.

    Mercredis soirs devenus rituels,

    Entre deux, on se donne aussi des nouvelles.

    De bugs informatiques en maîtrise de la technique,

    Nous apprivoisons Teams de clics en clics,

    À en devenir presque geek.

    Si l’écran ne remplace pas le présentiel,

    Il préserve au moins quelques essentiels :

    Le lien, le partage et le rire.

    De joyeux délires en jeux de mots,

    De micro défis en faux apéros,

    Nos personnages prennent vie

    Avec une liberté qu’on leur envie.

    Alors toi, te prends pas la tête.

    Ce serait vraiment trop bête !

    Rejoins Célestin, Sybille et l’agent Brette,

    La fabrique de Trolls et Guillemette.

    Prépare ton portable ou ta tablette,

    Et viens avec nous pour faire la fête !

     

    Sophie Gérin

    janvier 2021

     

  • Monche - Poussière couleur sang

    Poussière couleur sang

    [La gazette de Monche] – Branlebas de combat dans la ville ! La carte de vœux envoyée quelques jours avant Noël par l’échevine monchoise Mathilde Borain-Minette déclenche une alerte chimique

    Monche - Poussière couleur sangCarterie Jalat créations (rue commerçante de Monche), 14 décembre

    Adélaïde Jalat. – Voilà, madame l'échevine.

    Mathilde Borain-Minette. – En tout cas, c’est un joli métier que vous faites. Dessiner des cartes postales ! Ça m’aurait bien plu. Je veux dire, si j’avais eu du temps à perdre…

    Adélaïde Jalat. – Je vous ai montré à peu près tout ce que j’ai en stock.

    Mathilde Borain-Minette. – Des trolls dans la neige, des trolls sous le sapin, des trolls dans la crèche. Ça fait beaucoup de trolls.

    Adélaïde Jalat. – C’est que c’est en quelque sorte mon univers artistique depuis quinze ans.

    Mathilde Borain-Minette. – Moi, je voudrais que ma carte fasse local. Qu’on se dise : « Ça c’est typiquement Monchois. » Et bon, des trolls à Monche… à part dans les rangs de l’opposition au Conseil communal…

    Adélaïde Jalat. – Vous auriez dû m’en parler plus tôt, je travaille justement sur un projet…

    Mathilde Borain-Minette. – Montrez voir.

    Adélaïde Jalat. – Ce n’est pas encore au point.

    Mathilde Borain-Minette. – Oui mais croyez-moi, si vous attendez d’être au point, ça risque d’être long.

    Adélaïde Jalat. – C’est une vue de Monche. L’impression est faite avec de la houille extraite de l’Héributte.

    Mathilde Borain-Minette. – Exactement ce que je veux ! Faites-m’en 250 avec l’inscription Meilleurs vœux 2021.

    Adélaïde Jalat. – Le procédé d’encrage est encore en phase de test.

    Mathilde Borain-Minette. – Eh bien, testez ! C’est très bien. Vous mettrez la facture au nom de la Commune.

     

  • Monche - Rattrape-le Père Noël

    « Rattrape-le, Père Noël ! »

    [La gazette de Monche] – Le 10 décembre dernier, devant le centre commercial du Grain Près, deux policiers en costumes de saison ont arrêté des individus qui tentaient de voler une voiture. 

    Visuel rattrape le pere noel brMagasin de jouets de la galerie commerciale (Monche), 3 décembre

    La commerçante. – Excusez-moi d’avoir fouillé votre sac…

    La cliente. – C’est ça.

    La commerçante. – … et d’avoir retourné les poches de votre imper.

    La cliente. – Mon trench-coat.

    La commerçante. – Oui, pardon. J’ai vraiment cru que c’était vous…

    La cliente. – Que c’était moi ?

    La commerçante. – Je veux dire : que c’était vous qui piquiez mes PlayBidules.

    La cliente. – Parce que j’ai une tête de voleuse ?

    La commerçante. – C’est pas la tête, c’est l’imper.

    La cliente. – C’est vous qui faites des impairs. Vous feriez mieux d’appeler la police pour vos PlayBidules. Au lieu d’agresser votre aimable clientèle.

     

  • Monche - Saint Armulphe

    Saint Armulphe perd la tête

    [La gazette de Monche] – La statue de saint Armulphe (quartier de Meschines) décapitée par un mouvement de grue : le buste est allé s'enfoncer dans la voûte. Les travaux de rénovation de l’église entrepris il y a cinq ans, venaient de s’achever.

    20201212 jeu de role st armulphe perd la tete page 001

    Bistrot de Meschine (Monche), 7 décembre - 2h00​​​​​​​

    Célestin. –  Alors quoi ? On fout les clients à la porte, maintenant ?

    La patronne. – Rentre chez toi, Célestin. Il est deux heures du mat’.

    Célestin. – La fin d’un chantier, c’est quelque chose qui se fête dignement !

    La patronne. – Quinze Pils, je crois que c’est assez digne. Allez ouste ! Ta femme doit se demander si tu n'es pas coincé là-haut, dans ta grue.

    Célestin. – Beuh, ma femme... J’aime autant filer : la conversation tourne au vinaigre !

    ​​​​​​​

     

  • Le chapelier allumé

     

    Basile salue en tirant respectueusement son chapeau.

     

    Antoine – Mais que faites-vous, mon cher ?Sophie Gérin - Sébastien Lambert

    Basile – Je tire mon chapeau, Monsieur.

    Antoine – À qui, bon Dieu ? Je ne vois personne.

    Basile – Et pourtant, ils sont des milliers, Monsieur.

    Antoine – Ah bon ! Mais qui ça, ‘ils’ ?

    Basile – Tous ceux qui continuent à marcher tête haute, Monsieur. 

    Antoine – Où ça ? Vous les voyez, vous ?

    Basile – Là-Bas. Regardez comme ils sont fiers. On dirait leurs ancêtres quand ils ont gagné leurs bonnets phrygiens d’esclaves libérés.

    Antoine – Des bonnets ? Vous êtes toqué mon cher, je ne vois rien.

    Basile – Non ! Vous, vous ne voyez rien de tous ceux qui à longueur de mois en bavent des ronds de chapeaux. Vous ne voyez pas comme ils restent debout, malgré les gros bonnets qui voudraient leur faire porter le galurin.

    Antoine – Mais qui donc voudrait faire porter quoi à qui ? Je ne comprends rien à ce que vous dites. Vous perdez la boule, mon vieux ! 

    Basile – Oh oui, j’en ai ras la casquette de tous ces gens si haut placés, si imbus d’eux-mêmes qu’ils ont perdu toute humilité. Aucun ne mangerait son bob.

    Antoine – Qui est Bob ?

    Basile – Peu importe ! Aucun ne mangerait son bob, son canotier ou son casque.

    Antoine – Comme je les comprends ! ça doit être fort indigeste.

    Basile – Non, c’est une expression qui veut dire qu’aucun d’eux n’accepterait de reconnaître ses erreurs. Ils préfèrent rester en place, encourager chacun à opiner du chef pour toute nouvelle avancée vers le futile et inciter tout le monde à s’occuper du bibi de la gamine plutôt que du sien.

    Antoine – Mais cela est immuable, mon cher ! Les grands de ce monde, et même les grands d’un tout petit pays vous savez, ne supportent pas d’être coiffés au poteau. Et ceux qui peuvent se permettre le Pérou ou même le Panama sont loin des soucis de ceux qui tendent leur vieux béret troué dans l’espoir de récolter une pluie, aussi fine soit-elle, de pièces de cuivre.

    Basile – Il est clair qu’en gardant les yeux fermés, tel un sombrero posé sur nos paupières lourdes, nous finirons tous par jouer du feutre.

    Antoine – Ainsi va le monde, mon cher ! Je ne vois pas de solution.

    Basile – J’en vois une, Monsieur. Je mise sur le sursaut d’humanité qui, tel un lapin surgi d’un Borsalino, nous secouera le melon à tous. Alors, cette humanité nous remettra en forme. En haut de forme !

     

    Sophie Gérin (novembre 2020)

     

  • Poème de confinement

    Sophie Gérin

    Freinés, arrêtés, empêchés,
    Claquemurés, confinés, contrôlés.
    Nos seuls compagnons restent nos murs,
    Dont nous percevrons bientôt les murmures.
    Alors, pour faire face à nos peurs,
    Pour atténuer nos douleurs,
    Souvenons-nous des faiseurs de bonheur.
    Ceux qui font de nous des rêveurs.
    Ceux qui font de nous des penseurs.
    Ceux qui font de nous des rieurs.
    Photographes et sculpteurs, 
    Écrivains et chanteurs,
    Peintres et danseurs, 
    Comédiens et acteurs.
    Et si l’envie nous prend d’être acido-rigolos,
    Revoyons Guitry, Courteline, Feydeau
    Et tous les magiciens des mots
    Qui inspirent l’ATO.

     

    Sophie Gérin

    octobre 2020

     

  • Un chemin de croix

    Un chemin de croix

    Le week-end des 12 et 13 septembre 2020 se sont tenues les Journées du Patrimoine en Wallonie. L’occasion pour l’Atelier Théâtre des Oiseaux d’aller découvrir le fabuleux chemin de croix en pâte à modeler de la chapelle du Malgré Tout. (Dialogue de Jérémie Brasseur, avec la contribution de Sébastien Lambert et Michèle Rouhart.)

     

    Sebastien lambert septembre 2020Un camelot amène sa malle de trucs à vendre. – Bonjour, la foule. Tant que vous êtes là à poireauter, j’ai tout ce qu’il faut pour votre bonheur… Monsieur, je vois que vous avez une tête de pêcheur. Oui, ça se voit que vous avez beaucoup péché dans votre vie. (Il sort un poisson de sa malle.) Ça vous dit pas, mon petit anchois ? Il est frais du jour. Enfin, il a été frais du jour… il y a quelques jours… 45 euros les cent grammes. J’ai aussi du fromage au lait de caniche.

    La guide. – Mesdames et Messieurs, approchez, s’il vous plaît.

    Une dame arrive en traînant derrière elle un sac visiblement très lourd. – Excusez-moi, je cherche le chemin de point de croix. D’ordinaire, je fais plutôt dans le crochet, mais je me suis dit : ce coup-ci, on va faire un p’tit bout de chemin de point de croix.

    La guide. – Merci d’être venus à l’occasion des Journées du Patrimoine. Bienvenue à la chapelle Notre-Dame du Malgré Tout, vous allez découvrir un chemin de croix très particulier, puisqu’entièrement réalisé en pâte à modeler. Ce qui apporte au récit biblique une touche plus guillerette : y a un petit côté La Mort de Jésus au Pays de Wallace et Gromit. Vous avez ici la première station. « Jésus est condamné à être crucifié. » Jésus, c’est le petit bonhomme bleu qui rigole.

    Le camelot, à une personne du public. – Pardon, je vois que ça vous parle, Jésus qui est condamné. Je parie que ça vous connaît, les tribunaux de Justice. On sait ce que c’est : détournement de fonds, braquage à main armée, prostitution, séquestration et crime contre l’humanité… On est tous passés par là. (Il sort un livre de sa malle.) C’est votre jour de chance : j’ai ici un petit abécédaire du Code pénal… Bon, c’est en russe. Mais vous trouverez facilement quelqu’un pour traduire…

    La guide. – La deuxième station du chemin de croix est en réparation : y a un bidule qu’on doit rafistoler. Je vous invite à vous déplacer directement vers la troisième station.

    La dame, se déplace et trébuche. – Aïe !

    La guide. – « Jésus tombe pour la première fois sous le poids de la croix. »

    La dame. – Ah ben, y a pas que lui. C’est pavé ici comme dans la Rampe Sainte-Waudru. Je me suis troué la robe, moi. C’est du propre ! Je vais pas pouvoir ravoir ça, moi. Même au crochet. Si j’avais su, je serais venue en salopette. (Jetant un regard mauvais à la station du chemin de croix.) Tout ça pour voir un Schtroumpf qui trimbale son échelle ! Il ferait mieux de se mettre à la couture, le giambo : les gros travaux, c’est pas fait pour lui.

    La guide. – J’oubliais de vous prévenir : faites attention, le sol est piégeux.

    Le camelot. – En cas de besoin, j’ai du mercurochrome… 12 euros du litre. (Il sort de sa malle une grosse bouteille remplie d’un liquide bordeaux.) Je peux aussi fournir en bandages, vaccins, cataplasmes. En cas d’achat groupé, je fais les suppositoires gratuits.

    La guide. – Quatrième station : « Jésus rencontre sa mère. » On reconnaît bien la vierge Marie à droite. Enfin, on suppose que c’est elle… Oui, elle a des grandes oreilles. Mais comme dit l’Evangile, c’est pour mieux vous entendre, mon enfant.​

    La dame. – Elle a pas l’air commode, la mère du petit. Si c’est elle qui lui apprend le point de croix, ça doit pas être une partie de plaisir. Moi quand maman m’a fait faire mes débuts au crochet, fallait pas crocheter de travers. Je me revois encore, gamine, sous la menace d’une torgnole qui plane jamais loin. Je vous prie de croire que faire son crochet avec les doigts qui tremblent, ça tient de l’exploit !

    La guide. – Et là, c’est la cinquième station. « Simon de Cyrène aide Jésus à porter sa croix. » Vous noterez que Simon a amené sa petite brouette. Un peu d’esprit pratique, ça aide.

    Le camelot sort de sa malle un sac pastique avec un fatras de petites pièces. – Pour les petits déménagements, j’ai un chariot élévateur… à monter soi-même. Là, c’est en modèle réduit. Mais une fois que vous l’avez fait en miniature, vous prenez des planches, des clous, des trucs qui traînent : y a toujours moyen d’adapter les dimensions. Monsieur, je vous sens intéressé. Je vous fais le lot à 200… Bon, allez… 190. Parce que c’est vous. Et parce qu’il manque sans doute deux, trois vis.

    La guide. – La sixième station, « Sainte Véronique essuie le visage de Jésus ».

    La dame. – Ben, mon vieux ! moi, je n’ai pas besoin que la voisine vienne me moucher le nez. Ça, c’est bien les jeunes d’aujourd’hui. Dire qu’il y a pas loin, les fillettes, à cinq ans, elle vous cousaient des napperons en dentelle, que ça faisait tout à fait correct sur le buffet du salon !

    La guide. – Pour le voile de Véronique, l’artiste s’est sans doute inspiré des serviettes chaudes qu’on a parfois en fin de repas au resto chinois.

    Le camelot. – À propos, je fais aussi dans la lingette démaquillante. 9 euros la douzaine. (Il sort de sa malle des bouts de ouate.) Monsieur, un cadeau pour votre dame… quand elle a son rimmel qui coule. C’est comme ça qu’on gagne une réputation de parfait gentilhomme.

    La guide. – Je vous invite à passer de l’autre côté pour la septième station...

    La dame, se déplace et trébuche. – Aïe !

    La guide. – « Jésus tombe pour la deuxième fois. »

    La dame. – Ah ben non, alors ! ça devient répétitif, cette affaire. Moi, je ne reste pas. Je préfère aller au Silex’s de Spiennes : y a rien grand-chose à voir mais au moins tout est bien sécurisé : pas un gravier qui dépasse ! (Elle part.)

    La guide. – J’oubliais de rappeler : attention au sol, hein !

    Le camelot, sortant à la suite de la dame. – Madame ! J’entends que vous aimez la belle caillasse. Attendez de voir ce que j’ai en stock. Du caillou de Quaregnon, du caillou de Quévy, du caillou de Cuesmes, du gravillon dur, du gravillon mou,…

    La guide. – Bon, sinon… quelqu’un veut voir ma huitième station ou bien… ? Personne ?

    septembre 2020

     

  • Faut pas draguer !

    Faut pas draguer !

    Joseph Cau

    Joseph Causéquence 01

    Lui. – Maa oui qué tou mé connais… Maa c’est moi, Tonio Gustavio Verdi ! Jé souis lé plous bello, eh… Jé souis céloui qui té fait mal aux yaux quand tou mé régardes ! Hmm, jé vois ahossi qué tou ne sais plous respirer. Maa ch’est normalè ! Ferme les zouyeux, jé va té faire lé boca boca.

    Il veut l’embrasser. Elle lui colle une baffe.

    Elle. – Mais ça ne va pas, non ! T’es un rapide, toi… TGV, va !

    Lui. – Maa qué, « TGV » ? Jé m’appellé Tonio Gustavio Verdi.

    séquence 02

    Lui. – Pardon, mademoiselle. Pouvez-vous m’indiquer la rue T’es-bonne-toi Straat ?

    Elle. – Bien sûr, Monsieur. Prenez la deuxième à gauche après l’avenue Connard-Laan et arrêtez-vous au feu Va-te-Faire-Mettre-Profond : vous y êtes !

    séquence 03

    Lui, chantant Dany Brillant. – « Quand je vois tes yeux, je suis amoureux / Quand j’entends ta voix, je suis fou de joie / Quand je vois tes yeux, je suis amoureux / Quand j’entends ta voix, je suis fou de toi… »

    Elle, chantant Daniel Guichard. – « Mais sèche un peu tes yeux / Et ne crois pas surtout / Que nous autres on s’en fout / Tu sais, pleurer ça sert à rien / Laisse un peu dormir ta peine / Dans un coin. »

    Lui. – Bon, OK ! C’est pas encore aujourd’hui que je vais conclure.

    séquence 04

    Ils dansent.

    Lui, se trémoussant. – Tu sais, tu ne le sais pas encore mais c’est aujourd’hui que ton avenir se dessine ! Tu es sur le point de changer ta destinée. Saisis ta chance sans hésiter… Elle ne repassera pas ! (À son oreille :) Ne le dis à personne mais j’ai un don pour ça.

    Elle, continuant à danser. – Quelle chance que j’ai ! J’ai toujours eu beaucoup de chance et te voilà, toi, la lumière de ma vie, la prunelle de mes yeux. Mais dommage…

    Lui. – Comment ça, « dommage » ?

    Elle. – Mais oui ! Dommage que ton don ne t’a pas fait voir mon copain qui va te mettre la tête au carré !

    séquence 05

    Lui. – Quand j’étais petit, j’étais tellement beau que toutes les nounous étaient folles de moi. Elles m’appelaient ZouzouMon petit Zouzou.

    Elle. – Oui, je sais, j’ai entendu parler de toi mais…

    Lui. – J’ai grandi et ma beauté en a ébloui plus d’une. Elles ont toujours été folles de moi. C’est naturel chez moi. Va savoir pourquoi ! Une bonne étoile, peut-être ?

    Elle. – Oui, ça aussi j’en ai entendu parler mais…

    Lui. – « Mais… », « mais… » Comment ça, « mais… » ? Que cherches-tu à me dire ?

    Elle. – Ta beauté s’est arrêtée à ton nombril et maintenant je sais pourquoi elles t’appellent toutes Petit zizi.

    séquence 06

    Lui, frappant à la vitrine. – C’est combien ? (Il frappe trois fois.)

    Elle, montrant trois doigts. – C’est trois cents.

    Lui. – Ouah ! C’est cher !

    Elle. – Peut-être, mais c’est du double-vitrage !

    séquence 07

    Lui. – Je vois que vous êtes très en forme aujourd’hui. Ne soyez plus impatiente, je suis là pour tous vos désirs.

    Elle. – Tiens donc ! Et qu’est-ce qui vous émoustille de la sorte ?

    Lui. – Eh bien, si ça ce n’est pas un signe : avoir sa petite culotte sur sa cheville !

    Elle. – Espèce de sale goujat ! (Elle lui colle une baffe.) C’est un bandage : je me suis tordu la cheville ce matin.

    séquence 08

    Ils sont bras dessus, bras dessous.

    Lui. – J’ai vu beaucoup de pays. Celui qui m’a le plus marqué, c’est le Brésil : ce sont tous des joueurs de foot et des prostituées !

    Elle, fâchée. – Eh, le globetrotteur, je suis Brésilienne !

    Lui. – Ah oui ? Quelle coïncidence ! Dans quelle équipe de foot tu jouais ?

    séquence 09

    Lui. – Dans tes yeux, il y a tant de soleil ; quand tu me regardes, je bronze...

    Elle. – Tu ne risques pas une insolation : en bégayant comme tu le fais, tu t’inondes de postillons !

    séquence 10

    Lui. – I had a dream ! Cette nuit, j’ai fait un rêve merveilleux ! J’ai rêvé de toi.

    Elle. – Grand fou, va ! « De moi » ! Et comment ça ?

    Lui. – J’ai rêvé de ton corps. Je marchais les pieds nus sur un océan de seins. Un océan de tes seins !

    Elle. – Eh bien, j’espère que tu sais nager parce que je fais du 75 A !

    août 2020

     

  • Petits défauts, trois fois rien

    Petits défauts, trois fois rien !

    Maison à Vendre

     

    dessin Fred TomisinecMadame. – Bonjour, nous sommes le rendez-vous de dix-sept heures.

    Le vendeur. – Je vous attendais. Entrez donc… Voilà d’emblée le hall d’entrée. Très beau couloir, très large, très aéré.

    Monsieur. – Excusez-moi, mais votre hall d’entrée n’a qu’un mur. Ce n’est même pas un couloir.

    Le vendeur. – Mais c’est moderne, c’est un peu loft. On ne s’embarrasse plus de mur inutile à l’heure actuelle. C’est beaucoup plus lumineux.

    Madame. – Mais oui, chéri, laissons Monsieur ImmoChance nous montrer la suite.

    Le vendeur. – Eh bien, justement, pas de mur et pas de porte ! Vous avez sur votre droite le living… 18 m de long, 5 m de large à rue.

    Monsieur, ironique. – Pas de porte, pas de murs. Pour peindre et tapisser, ça fait moins de boulot.

    Le vendeur. – Je sens que la maison commence à vous plaire ! Vous avez au bout de ce très spacieux triangle une small kitchen équipée.

    Monsieur. – C’est ça que vous appelez une cuisine équipée ? Pas de frigo, pas de lave-vaisselle, un évier troué et un robinet sans eau chaude.

    Le vendeur. – Tout de suite les critiques ! Les gens qui vivaient ici avaient huit enfants et ils étaient très heureux ! Des gens très débrouillards. (À mi-voix.) Jusqu’à ce que...

    Monsieur. – Avant d’aller plus loin… le chauffage ? Je ne vois pas de radiateur.

    Le vendeur. – Un poêle à pellets, là-bas devant la baie vitrée pour couper le froid en hiver. Ça chauffe toute la maison. Astucieux, non ? Très débrouillard, l’ancien propriétaire. Très débrouillard !... Mais je vois que madame a trouvé la salle de bains. Vous avez, là dans le coin, une baignoire sabot et une splendide douche délicatement ocrée. Magnifique, n’est-ce-pas ?

    Madame. – Délicatement ocrée : c’est de la crasse.

    Le vendeur. – Un petit coup de serpillère et Monsieur Propre fera le reste !

    Madame. – Et la fenêtre donne sur la cuisine du voisin ?

    Le vendeur. – Oui. Des gens très sympathiques. Voyez, ils vous font signe. Souriez : c’est important, les relations de bon voisinage.

    Monsieur. – On pourrait carrément les embrasser : leur fenêtre est à un mètre à tout casser ! Ce n’est plus de la promiscuité là, c’est de la cohabitation !

    Le vendeur. – Monsieur plaisante ! J’aime ça : ça détend l’atmosphère. La maison commence à vous plaire. Si, si. Ça se voit.

    Madame. – D’où vient ce courant d’air qui me glace le dos ?

    Le vendeur. – La baie vitrée n’a plus de carreau. C’est dû à une fissure sur le pignon : le vent s’est engouffré et a fait éclater la vitre. Mais c’est trois fois rien. Ce serait encore l’ancien propriétaire… ah çà ! un type très débrouillard ! (À mi-voix.) Enfin, jusqu’à ce que...

    Madame. – Dis, Gérard, je viens de voir le garage. Il fait à peine deux mètres de long. Le coffre de la voiture sera sur la rue. Je crois qu’il vaut mieux arrêter la visite.

    Le vendeur. – Et puis, vous avez une très belle cave, bien aérée.

    Monsieur. – Tu m'étonnes ! il y a des trous partout. Oui, je sais : le propriétaire était très débrouillard. Mais jusqu’à ce que... quoi, à la fin ?

    Le vendeur. – Eh bien, jusqu’à qu’on le fasse interner, avec sa femme et ses huit enfants.

    Monsieur. – Tous ensemble ?

    Le vendeur. – Oui, ils se sont mis à voir des spectres partout dans la maison.

    Madame. – Quelle horreur !

    Le vendeur. – Mais le bâtiment reste une très bonne affaire. À saisir immédiatement.

    Madame. – Et vous, vous les avez vus ?

    Le vendeur. – Qui ?

    Madame. – Les spectres.

    Le vendeur éclate de rire. – Mais, madame… je suis leur chef !

    Madame. – Gérard, j’ai peur !... Gérard ? Où es-tu ?

    (Gérard s'est évanoui.)

    Joseph Cau, janvier 2020

  • Le Silence des Voisins

    Le silence des voisins

    Maison à Vendre

     

    dessin Fred TomisinecUn expert immobilier fait visiter la maison à Renan Taraud. L’expert est volubile, fait de grands gestes, donne beaucoup de détails alors que Renan voudrait visiter en silence.

     

    L’expert. – Voilà, voilà ! Après le magnifique rez-de-chaussée, la pièce la plus belle de l’étage !

    Renan. – Ah ? Vous êtes sûr ?

    L’expert. – Oui ! (Il tourne sur lui-même, les bras en l’air, pour admirer l’ensemble de la pièce.)

    Renan. – Vu l’état, j’ai peur de voir le reste. Je cherche le calme, vous savez, pas un chantier de gare.

    L’expert. – Oh, ne soyez pas ronchon ! Cette maison est une source d’inspiration idéale pour un écrivain.

    Renan, penché sur un tas de briques au fond de la pièce. – C’est sûr que ce mur effondré a sûrement des choses à raconter.

    L’expert. – Allez, aidez-moi ! (L’expert tend un mètre-ruban à Renan et prend toutes les mesures avec lui. Renan voudrait s’en libérer.) Dimensions idéales de 6 m sur 7 m 50. Hauteur au plafond de 2,50 m. Fenêtre de 1,50 sur 2,50 m. Vue magnifique sur le jardin : 10 m sur 15 m.

    Renan. – Oui mais c’est le jardin des voisins.

    L’expert. – Ce jardin est un véritable havre de paix. Que ce soit aux voisins, c’est un détail !

    Renan. – Un détail de 10 m sur 15 !

    L’expert. – Avec un petit arrangement, vous pourrez profiter de leur merveilleux coin vert.

    Renan. – Un arrangement ? Un arrangement de quelle sorte ?

    L’expert. – Oh, peu importe… De toute façon, ils sont rarement là ; vous pourrez vous faufiler à travers la haie ni vu ni connu. Leur hamac est un des meilleurs du quartier.

    Renan. – Ah bon ! Vous avez testé ? Vous n’êtes pas gêné !

    L’expert. – Mais Monsieur, ça fait partie des obligations professionnelles de tout connaître du voisinage.

    Renan. – Et que font-ils, les voisins, s’ils sont rarement là ?

    L’expert. – Ce sont des artistes. Ils créent ! Comme vous, finalement.

    Renan. – Ils créent … quoi ? Des pièces de théâtre, des peintures, des sculptures ?

    L’expert. – Non, ils sont dans la musique. D’où les concerts, les nombreux déplacements… Vous verrez, vous ne les verrez pas souvent. (L’expert est fier de son jeu de mots.)

    Renan. – Et c’est quel genre de musique ? Pas trop bruyant, j’espère ? Du classique ?

    L’expert. – Euh… non, pas tout à fait. C’est tout sauf classique en fait…

    Renan. – Eh bien, expliquez-vous ! Ils jouent d’un instrument ? Ils chantent ? Ils jouent du rock, de la pop ?

    L’expert. – En fait, ils travaillent sur le chant des baleines et le traduisent en partition pour cuivres, instruments à cordes et chants lyriques.

    Renan. – Ah ? Je ne connais pas ce genre musical. Mais soit ! Puisque vous savez tout, qu’est-ce qui est arrivé au plancher ? Il est plein de griffes.

    L’expert. – Oui mais ce n’est pas très grave. C’est le chat de l’ancien propriétaire.

    Renan. – Le chat ? Vous avez vu la profondeur des griffes ?

    L’expert, la larme à l’œil. – Je sais, oui… Malheureusement…

    Renan. – Quoi, malheureusement ? Qu’est-ce qui vous rend triste tout d’un coup ?

    L’expert. – Le chat en avait tellement marre…

    Renan. – Marre ? Marre de quoi ? Expliquez-vous, mon vieux !

    L’expert. – La voisine… Sa voix de crécelle…

    Renan. – Je ne comprends rien à votre histoire !

    L’expert. – Lorsque la voisine est venue la dernière fois, le chat lui a sauté dessus, il l’a traînée tout du long ; on aurait dit une bête enragée !

    Renan. – Le chat ou la voisine ?

    L’expert. – Elle a résisté… Ce sont ses ongles imprimés dans le plancher. Le chat l’a secouée dans tous les sens…

    Renan. – Et le mur, lui, n’a pas résisté : c’est ça, hein ?

    L’expert. – Elle s’est échappée mais plutôt que de prendre les escaliers, elle a pris la fenêtre…

    Renan. – Elle ne s’en est pas sortie ?

    L’expert, faisant non de la tête. – Trop haut ! Elle a hurlé en tombant ; un véritable hommage à Moby Dick…

    Renan, tout excité. – Eh bien, il fera plus calme dans le quartier, on dirait ! Allez, concluons la vente. Je tiens mon nouveau polar.

     

    Sophie Gérin, janvier 2020

  • Pool-Party - Sophie Gérin

    Pool-Party - contribution de Sophie Gérin

     

    Restons créatifs cet été. À partir d'un fait divers, les comédiens de l'ATO ont improvisé des saynètes racontant les péripéties d'un nageur à la dérive.

     

    Sophie GérinPOOL PARTY : L’interview des Chousse-Mafouille (Sophie Gérin)

    Mercredi 27 mai, quelques jours plus tard

    Les Chousse-Mafouille et Bernal Lesaint, chroniqueur à Radio France-Bleu Indigo de Champagne- Ardennes

    Bernard Lesaint. – Tout d’abord, merci à vous, les Chousse-Mafouille, de me recevoir dans votre appartement pour cette interview exclusive, sur les ondes de Radio France-Bleu Indigo. Alors, dites-moi, comment avez-vous réagi quand vous avez vu l’eau passer à travers votre plafond ?

    Monique Chousse-Mafouille. – Ah, mon p’tit ! Ma première pensée a été pour vous. Je me suis dit que vous n’étiez vraiment pas doué pour les prévisions météo. J’ai plaint votre mère, vraiment !

    Maurice Chousse-Mafouille. – Mais tais-toi, Monique ! Excusez-la, monsieur Bernard, elle plaisante bien sûr ! Notre réaction a été l’étonnement, puis la colère. C’est pas la première fois que ces jeunes nous en font voir. Le mois passé, ils ont organisé un nouveau jeu… Une partie de rave qu’ils appellent ça. Je n’ai pas vraiment compris mais ils ont eu des ennuis parce que c’est un jeu qui se fait dehors, à ce qu’il paraît… Dans un champ de céleri sans doute… mais pas dans un petit appartement, hein ! ça fait bien trop de bruit.

    Monique Chousse-Mafouille, se rapprochant très fort de Bernard. – La police a fait stopper leur fête. C’est dommage. Moi, j’aurais bien aimé que Maurice y aille. Vous vous rendez-compte, mon p’tit ? Un champ de céleri !

    Bernard Lesaint. – Attention aux distances, madame Chousse-Mafouille. Mais revenons à vos voisins bruyants. Est-ce que vous saviez que le jour de la Pool-Party, ils avaient aussi prévu des covers ?

    Maurice Chousse-Mafouille. – Ben, pourtant, il fait pas si froid que ça en ce moment ! Et je suis sûr qu’elles viennent de Chine, leurs couvertures. Pour sûr, ils allaient les revendre un bon prix; des magouilleurs, en plus !

    Monique Chousse-Mafouille. – Mais non Maurice, tu comprends rien… Dites, mon p’tit Bernard, ça vous dirait d’être mon agent ? Pour leur prochaine fête, faites-moi engager ; j’ai un répertoire varié, vous savez : je chante du Rolling Stones, du Petula Clark et du Queen. Je me suis confectionné la même combinaison que Freddy, vous savez, celle avec des carreaux blancs et noirs. Bon, un peu moins collante quand même… Dites aux voisins du quatrième que Queen Monique est prête à faire un tabac chez eux… Quand la dalle sera réparée.

    Sophie Gérin – 12 juillet 2020

  • Pool-Party - Joseph Cau

    Pool-Party - contribution de Joseph Cau

     

    Joseph CauRestons créatifs cet été. À partir d'un fait divers, les comédiens de l'ATO ont improvisé des saynètes racontant les péripéties d'un nageur à la dérive.

     

    Thibaut et Nathan sont mariés. Le déconfinement les rend dingues. Nathan aime l’eau !

    Thibaut. – Mais qu’est-ce que tu fais ? Tu vas crever de chaud.

    Nathan, en combinaison de plongée. – T’occupe ! je tiens à être prêt, des fois où ils changeraient d’avis. (Devant son reflet dans la glace.) Ah zut ! j’ai grossi. Faut que je remette du poids à ma ceinture, bon sang ! Je ne tiens pas à m’épuiser. Ah ah ah ! pas le jour de l’ouverture.

    Thibaut. – Mais mon mignon, t’es complètement barge. Ça ne s’arrange pas hein, t’es complètement siphonné, mon popote.

    Nathan. – Oui, c’est ça ! J’en peux plus de ces quatre murs et de la déco. Je vais finir par faire une bêtise si on ne me lâche pas… Avec ça, je ne dois pas oublier mon masque.

    Thibaut. – Tiens ! prends le mien, mon chou.

    Nathan. – Mais non, voyons ! pas ton masque. Pas ton masque de Zorro !... Mon masque qui va avec ma combinaison. Sans oublier mon respirateur.

    Thibaut. – Pff ! mon poulet… D’abord, Zorro, c’est sur ses yeux qu’il a un masque. Et puis, ton respirateur, ton respirateur ! Ah ah ah ! Ton petit bout de tuyau, tu veux dire ?

    Nathan. – Ben oui, mon petit bout de tuyau… celui qui va avec mon masque, ma combinaison et ma belle ceinture…à gros poids, na ! Celui qui va me permettre de respirer. De respirer, si tu ne veux pas venir à mes funérailles ! Et puis, zut ! Tiens, rends-toi utile, prends mes pantoufles et passe-moi mes …

    Thibaut, moqueur. – Tes … ? tes … ? Tes propulseurs ! (Il éclate de rire.) Mais tu vas ressembler à un canard, mon poussin. (Il rit.) Oh, que j’aime ça !

    Nathan, en aparté. – C’est vrai qu’il fait chaud ! C’est une combinaison d’hiver que j’ai là. Elle fait au moins sept millimètres. (À Thibaut.) Pour te moquer de moi, tu n’es pas le dernier, bien sûr ! En attendant, moi, je n’en peux plus, je veux être prêt.

    Thibaut. – Allez, mon grand fou ! reviens un peu les pieds sur terre ! Une tenue de plongée complète : masque, tuba, combinaison, palmes et ceinture lestée… Ne penses-tu pas que tu exagères un peu ? Ce sont les piscines que l’on va ouvrir. Tu espères peut-être y rencontrer des dauphins ou faire ton Cousteau ?

    Nathan. – Et alors, pourquoi pas ? J’en ai assez de patauger, de faire la planche, de jouer avec toi au ‘yellow submarine’ dans une piscine improvisée dans notre salon.

    Thibaut. – Oh, c’est vrai : tu as raison, ma petite truite. C’est ce que j’ai trouvé de mieux pour t’aider à supporter ce méchant confinement.

    Joseph Cau – 12 juillet 2020

  • Pool-Party - Sophie Maes

    Pool-Party - contribution de Sophie Maes

     

    Restons créatifs cet été. À partir d'un fait divers, les comédiens de l'ATO ont improvisé des saynètes racontant les péripéties d'un nageur à la dérive.

     

    POOL PARTY : Chez les Chousse-Mafouille (Sophie Maes)

    Sophie MaesDimanche 24 mai, 22h28, quelques minutes plus tard

    Les Chousse-Mafouille, un couple de septuagénaires, locataires du dessous

    Madame chante We Will Rock You pour donner du pep à son mari. Elle lui montre les mouvements. – Allez, Maurice, on lâche rien ! Pense à bien respirer.

    Monsieur – J’en peux plus de tes séances de sport ! Tu n'y rentreras jamais plus dans ce foutu bikini, tu n'as plus vingt ans ! Et puis arrête de chanter : c'est un vrai supplice !

    Madame, l'air combatif. – Oh si, j'y arriverai ! (Elle se met de nouveau à chanter.) « Son petit itsi bitsi tini ouini, tout petit, petit, bikini / Qu'elle mettait pour la première fois / Un itsi bitsi tini ouini, tout petit, petit, bikini / Un bikini rouge et jaune à petits pois… » Allez, Maurice, on y va ! (Elle se met à chanter Eye of The Tiger.) Chante avec moi.

    Maurice Chousse-Mafouille fredonne sans aucune conviction. Il s’arrête, regarde le plafond, tend la main et reçoit une goutte d'eau provenant du plafond.

    Monsieur. – Oh mais il pleut ! Il pleut dans l'appartement !!!

    Madame. – Oh, il pleut ! (Elle prend la main tendue de son mari et l’entraîne danser.) « I'm singing in the rain, just singin' in the rain / What a glorious feeling, I'm happy again… »

    Monsieur – Je ne plaisante pas, il pleut vraiment ! Regarde !

    Madame, constatant la fuite. – Mais oui ! il pleut ! Fichue météo ! Ils avaient pourtant prévu un ciel bien dégagé pour aujourd'hui.

    Monsieur – Pas de chance : ma partie de pêche va être annulée ! Je te l'ai pourtant assez répété : « Arrête de chanter, il va pleuvoir ! »

    Sophie Maes - juillet 2020

     

  • Pool-Party - création théâtrale

    Pool-Party dans la Marne

     

    Restons créatifs cet été. À partir d'un fait divers, les comédiens de l'ATO ont improvisé des saynètes racontant les péripéties d'un nageur à la dérive. (écriture : Jérémie Brasseur)

     

    INTRODUTION Pool-Party dans la Marne

    Lundi 25 mai, 7h30

    L’animateur-radio et le chroniqueur, dans leur studio vers la fin du bulletin d’information

    L’animateur de France Bleu Champagne Ardenne. – … Et puis, ce drame social la nuit dernière en Châlons-en-Champagne…

    Le chroniqueur. – Oui, Boris. Il était près de 23 heures lorsque les forces de l’ordre sont intervenues au quatrième étage d’un immeuble à Saint-Memmie.

    L’animateur. – Une petite commune pourtant sans histoire !

    Le chroniqueur. – En effet, Boris. La Police explique avoir reçu un coup de fil désemparé de la part d’un couple résidant au troisième étage de l’immeuble. Ce couple avait constaté des infiltrations d’eau au niveau de leur plafond.

    L’animateur. – Et dites-nous, mon cher Bernard : la vaillante Police châlonnaise a-t-elle pu venir à bout de cette intrusion aquatique ?

    Le chroniqueur. – Eh bien, il s’est avéré que les voisins du dessus, deux jeunes colocataires, s’étaient bricolé une piscine au beau milieu du séjour en vue de faire la fête. Une ‘Pool-Party’ à laquelle ils avaient même conviés quelques amis.

    L’animateur. – Une initiative conviviale, certes ! mais discutable quand on loge au quatrième.

    Le chroniqueur. – Je vous l’accorde. Plusieurs invités ont pris la poudre d’escampette à l’arrivée de la police.

    L’animateur. – Merci, Bernard. Ajoutons que les pompiers ont été mobilisés pour vider la piscine – une piscine de trois mètres de long – car les tonnes d’eau menaçaient la stabilité du bâtiment.

    (d’après un fait divers publié par France TV Info, le 25 mai 2020)

     

    POOL PARTY : Un nageur au bord du suicide

    Samedi 16 mai, neuf jours plus tôt

    Thibaut et Nathan, les deux colocataires, dans leur appartement

    Nathan. – Bon Dieu, Thibaut, qu’est-ce que tu fous avec la tête là-dedans ?!

    Thibaut. – J’en peux plus, Nathan ! Tu m’entends ? J’en peux plus. Pardonne-moi : ferme la porte en sortant, j’allume le gaz.

    Nathan. – Arrête tes conneries, Thibaut : t’es dans la machine à laver, là !... Écoute ! après ton suicide médicamenteux, t’avais promis d’arrêter. Quand même ! t’as avalé trois cents grammes de laxatif et t’es toujours là. C'est un signe, merde ! T’as pas encore compris ? T’es pas doué pour les suicides.

    Thibaut. – C’est trop dur ; tu ne te rends pas compte ! Je viens juste de créer une technique de nage révolutionnaire : la brasse dorsale coulée-touchée. Et depuis ce foutu confinement, impossible d’aller à la piscine tester mon invention de génie !

    Nathan. – Chiale pas, Thibaut ; s'il te plaît, chiale pas : tu vas réveiller Chousse-Mafouille et il va monter gueuler… Thibaut, écoute-moi... Ecoute-moi, vieux ! Je te promets que d’ici la fin du mois, je te trouve une solution. Tu vas nager, mon pote. Je ne sais pas encore comment mais je vais te rejeter à la flotte.

    Thibaut. – Jure-le, Nathan ! Sur la tête de la petite Sirène.

    Nathan. – Je te le jure… Et même sur les nageoires à Bubulle ! (En aparté.) Ô destin faquin ! Comment tenir pareille promesse ? Et comment pourrais-je ne pas la tenir ?... Eh bien, quoi qu’il en coûte, je suis homme de foi et je tiendrai parole.

     

    POOL PARTY : Chez les parents

    Samedi 23 mai, une semaine plus tard

    Le couple Chignole, les parents de Nathan, dans leur lit conjugal

    Monsieur. – Tiens, au fait, Nathan est passé cette après-midi à l’atelier…

    Madame. – Ah bon ? Pourquoi tu ne m’as rien dit ? Qu’est-ce qu’il raconte ?

    Monsieur. – Il venait emprunter deux, trois bricoles : des bâches, du Scotch, des palettes. Je crois qu’il monte une piscine.

    Madame. – Une piscine ? Nathan ? Mais son appart’ est au quatrième ! Germain, qu’est-ce que tu racontes ?

    Monsieur. – Oh, écoute ! J’en sais rien, moi.

    Madame. – Enfin, c’est ton fils quand même ! Tu aurais pu lui demander... Et s’il allait faire une bêtise…

    Monsieur. – Qu’est-ce que tu veux qu’il arrive ? Il bricole un peu : c’est pas une affaire qui va sortir dans la presse, hein. Allez, dors maintenant !

     

    POOL PARTY : Le plan de Stinky

    Dimanche 24 mai, 22h06

    Noëlla et Stinky, deux invités à la Pool-Party, dans la cuisine de l’appartement

    Noëlla. – Stinky, t’es pas encore en maillot ?!

    Stinky. – Nan ! Moi, l’eau j’aime pas ça. Au début, même, je voulais pas venir…

    Noëlla. – Ben oui, je comprends…

    Stinky. – Quoi ! tu voulais pas que je vienne ?

    Noëlla. – C’est pas ça mais bon… Qu’est-ce que tu vas faire si tu nages pas ?

    Stinky. – Thibaut m’a dit : « Viens quand même; tu verras, ce sera comme d’aller à la mer… »

    Noëlla. – Ah oui… Et quoi ?

    Stinky. – J’ai amené mon seau, je vais ramasser les coquillages.

     

    POOL PARTY : L’embuscade

    Dimanche 24 mai, 22h58, une petite demi-heure plus tard

    Bichon et Flanchard, deux policiers, dans le couloir de l’appartement

    Bichon. – Alors, c’est quoi le plan ?

    Flanchard. – Ben, je fous mon pied dans la porte ; on gueule ‘police !’, on pénètre ; et on neutralise tout ce qu’il y a à neutraliser. T’es prêt ?

    Bichon. – Attends, je suis pas sûr. C’est quand qu’on gueule ? Avant ou après qu’on pénètre ?

    Flanchard. – On s’en fout. On gueule et on débarque. Il est clair, le plan ; clair et net… Ton arme, elle est chargée ?

    Bichon. – Quoi ?

    Flanchard. – Bon sang, quelle bite, ce mec ! (Il lui gueule dans le nez.) Est-ce que ton arme est chargée ? C.H.A.R.J.É. : Chargée !

    Bichon. – Bah ouais qu’elle est chargée… (À mi-voix.) Presque autant que ton haleine.

    Flanchard. – Tu disais ?

    Bichon. – Rien, rien.

     

    POOL PARTY : Nageuses en cavale

    Dimanche 24 mai, 23h07, à peine dix minutes plus tard

    Vanilla et Sully, deux invitées de la Pool-Party, en maillots de bain sur les balcons de l’immeuble

    Vanilla. – Sully, je te hais. Sans déconner, je crois que je vais te tuer. Je voulais pas venir à cette putain de fête. Je t’avais dit que ce coup-là, je le sentais pas.

    Sully. – Mais arrête de râler, Vanilla. Regarde : le temps est super doux. Profite un peu ! Tu as vu toutes ces étoiles ? Y a la grande Ourse, là-bas.

    Vanilla. – Je crois que tu ne te rends pas compte : on est à moitié à poil, on est trempées, on a les flics au cul !

    Sully. – Le problème avec toi, c’est que tu vois toujours le verre à moitié vide.

    Vanilla. – « Le verre » ? Quel verre, bordel ? Y avait même pas d’alcool. C’était la Pool-Party la plus pourrie de toutes les Pool-Parties de l’histoire. Comment est-ce qu’on va redescendre maintenant ?

    Sully. – Passe-moi ta main, on va passer par la corniche. Tu me lâches pas, hein ! Promis ?

    Vanilla. – Non, mais sérieux, Sully, tu charries. Arrête ! (Sully glisse, Vanilla lâche sa main et Sully chute de quatre étages ; son cri d’effroi s’éteint dans la nuit.) Eh, merde ! Sully ?!... Oh, oh ! Sully ?... Qu’est-ce que ça dit en bas ? La voie est libre ?

     

    POOL PARTY : Blues de pompier

    Lundi 25 mai, 00h16, une heure plus tard

    Le pompier et Stinky (caché dans un coin), au bord de la piscine

    Le pompier, dans son talkie-walkie. – Capitaine, pour vider la piscine, je fais comment ? J’ai pas le matos, moi… À vous !... Capitaine, vous m’entendez ?... À vous… (Il vérifie le talkie-walkie.) Shit ! plus de batterie.

    Stinky, apparaissant. – Y en a pas, des coquillages !

    Le pompier, surpris. – Hein !? D’où il sort, celui-là ?...  (À Stinky.) Qu’est-ce que vous foutez là, vous ?

    Stinky. – J’étais sous l’évier, je comptais les cafards.

    Le pompier. – Les cafards ? Mais pourquoi?

    Stinky. – Parce que moi, l’eau, j’aime pas ça. Et puis, c’est pas comme la mer, ici. À la mer, les cafards c’est des moules.

    Le pompier. – Écoutez, mon vieux : faut pas rester là. La dalle peut céder d’une minute à l’autre.

    Stinky. – Ben… Et vous alors ?

    Le pompier. – Moi, j’ai reçu des ordres : je dois vider cette foutue piscine. D’ailleurs, faut que je trouve un truc… (Il cherche.)

    Stinky. – J’ai un seau.

    Le pompier. – Ah ouais ! (Il lui prend le seau des mains.) Ben… réquisitionné, du coup !

     

    POOL PARTY: Au bord de l’étang

    Mercredi 3 juin, dix jours plus tard

    Gilles (un ami de Thibaut) et le père Mouchaillon, dans un pré, au bord d’un étang

    Mouchaillon. – Ça n’a l’air de rien parce que c’est vaseux, mais c’est profond, vous savez ? J’avais mis des bébés requins là-dedans.

    Gilles. – Comment ça, des requins ?

    Mouchaillon. – Là, il n’y en a plus, hein ! Je ne sais pas comment ça se fait, ils ont crevé. Ils ont dû choper un truc…

    Gilles. – Tant mieux… Je veux dire : pour Thibaut c’est plus sécure.

    Mouchaillon. – Oh, je dis pas… mais ça m’a fait de la peine. Je les avais appelés Sharky et Makron. Deux belles bêtes, vous auriez vu !

    Gilles. – … En tous cas, c’est vraiment sympa de votre part de laisser Thibaut venir plonger : c’est super important pour lui. Rapport à la nouvelle nage qu’il met au point.

    Mouchaillon. – Ah ouais : la brasse dorsale croquée, je-sais-pas-quoi… C’est beau, l’innovation !... Enfin, là, ça commence à faire un peu long, quand même.

    Gilles. – Un quart d’heure, je dirais.

    Mouchaillon. – Et votre copain, il est censé remonter un jour, ou bien… ?

    (Un temps.)

    Gilles. – Pour vos requins, vous êtes 100 % sûr, ou bien… ?

    création théâtrale, juillet 2020

  • FloroLogies - en BD

     

    FloroLogies

    souvenirs en bande dessinée

    affiche Fred Tomisinec

     

    FloroLogies ATO-2020 BDSandy Vansnick

     

    FloroLogies ATO-2020 BDSophie Maes - Joseph Cau - Coralie Thomas - Stéphanie Eggermont

     

    FloroLogies ATO-2020 BDIsabel Greco - Margarita Guerra

     

    FloroLogies ATO-2020 BDDorothée Giraud - Laurence Scherer

     

    FloroLogies ATO-2020 BDCoralie Thomas - Doriane Ghysels

     

    FloroLogies ATO-2020 BDStéphanie Eggermont - Eléonore Dimey

     

    FloroLogies ATO-2020 BDSabrina Cauchies - Isabel Greco

     

    FloroLogies ATO-2020 BDJoseph Cau - Sophie Maes

     

    FloroLogies ATO-2020 BDDoriane Ghysels - Coralie Thomas

     

    FloroLogies ATO-2020 BDSébastien Lambert - Sophie Maes - Doriane Ghysels

     

    FloroLogies ATO-2020 BDEléonore Dimey - Isabel Greco

     

    FloroLogies ATO-2020 BDRoberto Carbone - Margarita Guerra

     

    FloroLogies ATO-2020 BDMélissa Copenaut - Sabrina Cauchies

     

    FloroLogies ATO-2020 BDSophie Maes - Isabel Greco

     

    FloroLogies ATO-2020 BDSébastien Lambert - Eléonore Dimey

     

    FloroLogies ATO-2020 BDCoralie Thomas - Sophie Maes - Roberto Carbone

     

    FloroLogies ATO-2020 BDJoseph Cau - Laurence Scherer

     

    FloroLogies carte groupe14

  • Piliers - en BD / 02

     

    Piliers de Comptoir

    souvenirs en bande dessinée

    affiche Fred Tomisinec

     

    Piliers de comptoir bd part2 01Xavier Daffe - David Courselles

     

    Piliers de comptoir bd part2 02Michel Legrand - Marie-Bérengère Etienne

     

    Piliers de comptoir bd part2 03Michel Legrand - Marie-Bérengère Etienne - Caroline Bachelart

     

    Piliers de comptoir bd part2 04Justine Legrand - Nathalie Mauroy

     

    Piliers de comptoir bd part2 05Marie Lamotte - AR - Jossia Collard - Catherine Beerens

     

    Piliers de comptoir bd part2 06AR - Marie Lamotte - Catherine Beerens - Xavier Daffe

     

    Piliers de comptoir bd part2 07Catherine Beerens - AR - Marie Lamotte

     

    Piliers de comptoir bd part2 08David Courselles - Isabelle Blanquet

     

    Piliers de comptoir bd part2 09Sandrine Vansnick - Marie Lamotte - Isabelle Blanquet - David Courselles

     

    Piliers de comptoir bd part2 10Marie Lamotte - Jossia Collard - David Courselles

     

    Piliers de comptoir bd part2 11 1

    Michel Legrand - Justine Legrand

     

  • Piliers - en BD / 01

     

    Piliers de Comptoir

    souvenirs en bande dessinée

    affiche Fred Tomisinec

     

    Piliers de comptoir bd part1 6Catherine Beerens - Matthieu Saint - AR

     

    Piliers de comptoir bd part1 7Catherine Beerens - Matthieu Saint - AR

     

    Piliers de comptoir bd part1 3Marie-Bérengère Etienne - Michel Legrand - Nathalie Mauroy

     

    Piliers de comptoir bd part1 2Marie-Bérengère Etienne - Michel Legrand

     

    Piliers de comptoir bd part1 1

    Marie-Bérengère Etienne - Michel Legrand - Joseph Cau

     

    Piliers de comptoir bd part1 8

    Matthieu Saint - Isabelle Blanquet - Jossia Collard

     

    Piliers de comptoir bd part1 5

    Joseph Cau

     

  • DF&V - Roberto Carbone

    Le monsieur qui se fâche

    Roberto Carbone

     

    DF&V - Roberton CarboneÀ qui le tour? — Eh bien, c’est au tour de la promotion 12 de notre atelier théâtre de présenter son spectacle. Venez découvrir Des Files & Vous (les 22, 23, 24 mars 2019). Vous ne connaissez pas encore les comédiens qui piaffent d’impatience de monter sur scène ? Normal : ils sont tout nouveaux. Pour la plupart, en tout cas…

    Roberto Carbone, lui, a déjà vécu pas mal d'aventures sur la scène de l'ATO. Il est arrivé à l'atelier en 2015 (promotion 5) et il a participé à la création de PlayLab (décembre 2015), puis des Valoristes (avril 2016), de Cappadoce (mars 2017) et de Fête foraine (octobre 2018). Au programme de Des Files & Vous, on compte deux sketchs de Roberto : À l'aéroport et À la station-service.

    « J’ai découvert le théâtre amateur avec Sandrine et Jérémie, il y quatre ans et j’ai beaucoup apprécié. On n’y va pas pour jouer des pièces classiques comme Shakespeare. J’aime l’atelier-théâtre parce que je m’amuse ; c’est une façon de décompresser, d’oublier le stress et les soucis. Et puis, on rencontre un tas de gens sympas. J’ai écrit des sketchs parce que j’adore les blagues et le café-théâtre, je voulais voir si je pouvais écrire quelque chose d’amusant. »

    « Je n’ai pas beaucoup de patience dans la vie. Alors, pour moi, préparer un spectacle sur les files d’attente, c’est une façon de rire de ce qui, d’habitude, me tape sur les nerfs. Un jour, à Londres je suis entré dans le hall d’un hôtel et sans faire attention je me suis approché de la réception. Dans le silence, j’ai ressenti les yeux des autres personnes me percer comme des couteaux parce que j’étais en train de doubler la file. Alors, je me suis arrêté, j’ai reculé et l’ambiance s’est détendue. »

    « Une autre fois, au bureau de poste en Italie, on attendait depuis une demi-heure et un mec arrive et va directement au guichet papoter avec l’employé : Mon amie, blablabla... Je me suis mis en colère et j’ai demandé à un autre employé d’intervenir. Peu après, la vieille dame derrière moi a dit à un gars qui rentrait : Je vous préviens, n'essayez pas de tricher dans la file, sinon cet homme va se fâcher. »

     

    DF&V - Véronique Navaux & Roberto Carbone

    Véronique Navaux / Roberto Carbone (DF&V-ATO 2019)

     

  • Tourterie - Bernache vs Lori

    La grande Tourterie

    La grande Tourterie

    Le weekend des 23, 24 et 25 mars, venez découvrir le monde imaginaire de Montigny-les-Oiseaux. Les habitants du village portent des noms bien étranges : Guifette, Pioui, Sarcelle, Sittelle, Linotte, Sturnelle, Eider, Paruline, Bernache, Lori,… Ici, toutes les passions se déchaînent autour d’un grand concours culinaire annuel qu’on appelle la Grande Tourterie. C’est à qui décrochera la médaille de la meilleure tourte. Voilà justement deux de nos rastaquouères en grande conversation sur la place du village : c’est Bernache le baroudeur (rôle interprété par Olivier Vandernoot) et Lori la noceuse (rôle interprété par Nadège Florin). Ces deux-là sont deux vrais amis, unis par une belle complicité, même si Lori trouve que Bernache passe trop de temps loin du village.

     

    La grande tourterie olivier nadegeLori.

    – Et le Caracara glacé ? Une bonne dose de champagne, du jus d’ananas frais et une pointe de grenadine pour la couleur.

    Bernache.

    – Non jamais. Mais aux Îles Tohi, les femmes fabriquent du vin de papaye qu’elles mélangent avec de l’alcool de canne à sucre.

    Lori.

    – C’est bon ?

    Bernache.

    – Au début ça surprend, mais avec les ukulélés, le djembé et la chaleur tropicale on se prend vite à en redemander un deuxième.

     

    photo: Olivier Vandernoot (Bernache) - Nadège Florin (Lori)

     

    Une fable écrite par Jérémie Brasseur / créations graphiques, accessoires & décors: Jean-Pascal Giacometti et Frédéric Tomisinec

    En première partie : mise en bouche de sketchs et fantaisies collectives

     

    Représentations à la Maison de quartier de Mons (allée des Oiseaux) en mars 2018 : vendredi 23 (20 h), samedi 24 (20 h), dimanche 25 (17 h) / entrée : 5 euros / réservations nécessaires : jeremie.brasseur@hotmail.com - 0497 125 805

     

  • sketch - Clé du bonheur

     

    La grand-mère. - Tu sais, poulette, pour être heureux, faut pas grand-chose...

    La petite-fille. - Oui, je sais, il suffit d’avoir beaucoup d’argent, une grande maison avec des servantes qui font tout à ta place, des robes de princesse à en faire pâlir les copines et puis des jouets, plein de jouets, des smartphones, un pour chaque jour...

    La grand-mère. - Oh là, je t’arrête ma chérie. Qui t’a mis ces sottises dans la tête ?

    La petite-fille. - Ben, je le vois bien : partout, dans les pubs, dans les séries, à la télé, au cinéma...

    La grand-mère. - Tu sais, mon cœur, toutes ces choses dont tu me parles n’assurent pas le bonheur. Le bonheur, c’est mon petit rouge-gorge qui vient me rendre visite chaque matin; c’est ce bel arbre que je caresse ; c’est une amie avec qui je partage des confidences et des fous rires ; c’est une belle mélodie que j’entends et que je sifflote ; une belle histoire que je lis, le soir après une journée bien remplie ; mais c’est surtout de te voir ma chérie, tes beaux yeux verts, ton sourire, nos rencontres, nos parties de jeux, nos belles balades...

    La petite-fille. - Oh mamy, arrête ! Tout ça, ça ne m’intéresse pas du tout. Je veux plein de belles fringues, un cheval, des tas de jeux vidéo, une piscine, et puis une gentille nounou qui ferait tout ce que je veux : elle rangerait ma chambre et elle ferait mes devoirs.

    La grand-mère. - Et l’amitié, tu y penses ? As-tu des amies sur lesquelles tu peux toujours compter ? Tu t’ennuieras bien vite toute seule, tu sais.

    La petite-fille. - Pas de problème, quand je serai riche et que j’aurai toutes ces choses, je les attirerai comme des mouches.

    La grand-mère. - Oh là là ! je ne me sens vraiment pas bien tout à coup. La tête me tourne, mon cœur s’emballe...

    La petite-fille. - Mamy, mamy, que se passe-t-il ? Réponds-moi, tu me fais peur ! Oh mamy, je ne veux pas te perdre, je ne pourrais jamais vivre sans toi ! Mamy, tu m’entends ?

    La grand-mère. - Oui, je t’entends ma chérie. Et comme je suis heureuse ! je crois que tu as compris ce qu’est la clé du bonheur.

     

     

    un texte de Françoise Coton

     

     

    Françoise CotonFrançoise Coton fait partie des auteurs qui ont écrit les sketches du spectacle Jeux de Clés, que l'atelier théâtre présentera au public les vendredi 19, samedi 20 et dimanche 21 mai prochain à la Maison de quartier de Mons. Au programme, des jeux, des fantaisies et une vingtaine de sketches furieusement fantaisistes !

    Françoise Coton sera également sur scène dans la comédie Cappadoce (vendredi 10, samedi 11 et dimanche 12 mars à la Maison de quartier de Mons).

     

     

     

  • sketch - Clé de Sol et Clé de Fa

     

    LE CONTEUR. Une jolie clé de sol aux courbes généreuses était amoureuse d’une clé de fa à la belle voix grave. Mais comment se rencontrer quand on est chacune coincée sur sa portée ? Elles devaient se contenter de vivre "en parallèle", mettant chacune toute leur énergie et tout leur talent pour vibrer à l’unisson. Quand elles avaient un peu de répit, entre deux concerts ou deux répétitions, elles faisaient les projets les plus fous.

    FA. Dis-moi, chérie, tu m’entends, là-haut perchée ? 

    SOL. Oui, mon cœur, je suis tout ouïe.

    FA. Tu sais, j’ai encore rêvé qu’on pouvait s’échapper de cette prison de portée et se rencontrer enfin.

    SOL. Dieu t’entende, mon Fafa d’amour ! Comment veux-tu que nous soyons libres ? C’est impossible !

    FA. Mais si, ne laisse pas tomber les bras : notre amour sera plus fort que tout, nous trouverons une solution ! J’en ai assez de t’attendre et personne ne nous comprend.

    SOL. Je dois bien te l’avouer, je me suis fait une raison...

    FA. Allons ma belle, reprends-toi !

    SOL. J’ai le moral dans les chaussettes.

    FA. Je rêve tellement de me lover dans tes rondeurs moelleuses !

    SOL. Oui, mon Fafa, je vais encore essayer de sauter de mon fil.

    FA. C’est vrai : si tu faisais un petit effort, tu pourrais descendre chez moi tandis que moi, je n’arriverai jamais à grimper chez toi.

    SOL. J’ai déjà essayé mille fois ce saut à l’élastique mais le fil oscille, oscille... et moi, je ne décolle pas, je reste scotchée.

    FA. Et si tu essayais de faire le poirier ? Ensuite, tu plongerais vers moi et moi, je te réceptionnerais.

    SOL. Oui, je vais essayer mais tu sais, je suis plus douée pour le solfège que pour les acrobaties.

    FA. Allez ma toute belle, courage, tu y es presque. Ponge, plonge dans mes bras !

    LE CONTEUR. Et c’est ainsi que Sol atterrit chez Fa. Enfin, ils pouvaient savourer leur rencontre tant rêvée. Ils vécurent heureux et composèrent de merveilleuses mélodies. Remarquez en passant que les femmes sont généralement plus courageuses que les mecs.

    un texte de Françoise Coton

     

    Francoise coton

    Françoise Coton fait partie des auteurs qui ont écrit les sketches du spectacle Jeux de Clés, que l'atelier théâtre présentera au public les vendredi 19, samedi 20 et dimanche 21 mai prochain à la Maison de quartier de Mons. Au programme, des jeux, des fantaisies et une vingtaine de sketches furieusement fantaisistes !

    Françoise Coton sera également sur scène dans la comédie Cappadoce (vendredi 10, samedi 11 et dimanche 12 mars à la Maison de quartier de Mons). Elle interprète le rôle de Sara. "Sara, explique-t-elle, c’est comme une colombe de la Paix. Elle essaie d'arranger les choses, d'intervenir pour que les gens se comprennent mieux… C’est quelqu’un qui est toujours inquiet. Si je la rencontrais dans la vraie vie, je lui dirais : 'Ça ne sert à rien d’être angoissée. Confiance ! tout finit toujours par s’arranger.' Paradoxalement, le fait d’être angoissée, c’est un point commun entre ce personnage et moi : la peur d'un événement malheureux, d'un gros problème… mais avec l'âge, j'apprends à relativiser."

     

     

     

  • sketch - Le roi de la pizza

     

    - Allô, Le Roi de la pizza ? Vous avez une pizza aux fruits de mer ?

    - Parfaitement.

    - Mais… fruits de mer… pêchés du jour au moins ?

    - De cette nuit même : je suis sorti en pleine mer avec mon petit ciré jaune, sur ma petite barque avec ma petite canne-à-pêche.

    - Oh, génial ! Je vais prendre la pizza gyros alors.

    - La pizza gyros c’est du porc, madame.

    - D’accord… Mais dites-moi, il n’y a pas trop d’arêtes au moins.

    - Pauvre tarée.

     

  • sketch - Le potage

     

    La mère, en tablier de cuisine, racontant avec lyrisme et de grands gestes brusques. Dominique, son fils ou sa fille, un bavoir au cou et une grande fourchette à la main.

     

    La mère. – Je me souviens comme si c’était hier. Ma mère, ma propre mère, avait posé sur la table une grande casserole. Et ça fumait. Une fumée lourde qui empestait. Même que les passants dans la rue changeaient de trottoir.

    Dominique. – De trottoir, carrément ?

    La mère. – Carrément ! Ils s’enfuyaient bien vite en faisant de grands signes de croix.

    Dominique. – N’importe quoi !

    La mère. – Bon, pour les signes de croix je ne suis plus trop certaine mais pour le reste, juré craché.

    Dominique. – Et toi, tu étais obligée de manger ça ?

    La mère. – Pas le choix, mon chou. Pas le choix ! C’était une époque terrible, tu sais.

    Dominique, avec compassion. – Maman !

    La mère. – On était assis autour de la table. Toute la famille face à l’adversité. Je voyais mon grand frère qui devenait tout pâle. Et même papa, qui pourtant avait connu le temps du rutabaga et des tripes de porc, il serrait les dents à s’en péter les molaires.

    Dominique. – Vous n’aviez qu’à tous partir et aller manger au MacDo.

    La mère. – Malheureusement ce n’était pas possible. Ma mère était là, bien campée, implacable, sa grosse louche de métal à la main.

    Dominique. – Mémé ?

    La mère. – Oui, « mémé ». Parfaitement, mémé. Ah, je te parle de ça c’était bien avant les confitures de groseilles et les gâteaux au chocolat. A l’époque, ta grand-mère c’était la walkyrie des fourneaux. Quand elle pelait les oignons, c’est tout le quartier qui avait les yeux rouges pendant trois jours. Et le jour où au menu il y avait des fayots… eh bien, tu ne passais pas chez nous sans ton masque à gaz.

    Dominique. – Alors comment que vous faisiez ?

    La mère. – Quoi ?

    Dominique. – Pour manger ? Avec les masques à gaz ?

    La mère. – Oh tu en as de ces questions ! Est-ce que je me souviens, moi ? Ça remonte à plus de trente ans. On avait des seringues, j’imagine. On nous mettait les fayots direct en intraveineuse.

    Dominique accuse le coup, atterré(e) puis sombre en sanglots.

    Dominique. – Je ne veux pas qu’on me mette des intra-vénéneuses !

    La mère. – Allons, ma petite courgette, personne ne va te mettre quoi que ce soit en intraveineuse. C’est fini, ce temps-là. Allez, finis tes fish sticks maintenant. Sinon, je te raconte la fois où on a mangé des vrais épinards.


    vendredi 2 / samedi 3 / dimanche 4 décembre 2016

    Maison de quartier de Mons

    Boustifaille - décembre 2016

    vendredi & samedi à 20h / dimanche à 17h

    par l'atelier initiation au théâtre 2016

     

    avec

    Delphine Bellante / Nicolas Bragard / Jérémie Brasseur

    Carine Dissegna / Valentine Hermant / Sandrine Hubert

    Aurélie Lenfant / Marie Meys / Florence Naveau

    Ophélie Noël / Joachim Andres Regueras Rodari / Sandrine Vansnick

     

  • sketch - Joueurs de cornemuse

     

    Deux Ecossais en habits traditionnels interprètent un air de cornemuse. Tout à coup, ils s'interrompent.

    MACPHERSON. – Dites-moi, mon cher John Arthur Edward MacDuwell, est-ce que votre charmante épouse, lady Helen Kathleen Amanda Williams-MacDuwell prend toujours autant de plaisir à cuisiner la panse de brebis farcie, notre plat national ?

    MACDUWELL. – Plus que jamais, mon cher Ronald Walter Christopher MacPherson.

    MACPHERSON. – Et vous, mon cher John Arthur Edward MacDuwell, trouvez-vous encore autant de plaisir à en déguster au petit-déjeuner ?

    MACDUWELL. – Très certainement, mon cher Ronald Walter Christopher MacPherson. Je vois que vous n’avez pas oublié ma prédilection pour le foie de mouton.

    MACDUWELL. – Puis-je me permettre alors, mon cher Ronald Walter Christopher MacPherson, de vous charger de soumettre un conseil à votre charmante épouse, lady Helen Kathleen Amanda Williams-Mac Duwell ?

    MACPHERSON. – J’en serais ravi, mon cher MacPherson.

    MACDUWELL. – Qu’elle mette un peu moins de graisse : vous avez tendance à déraper sur les si bémols.

     

  • sketch - Derviche

     

    OLIVIA. – Dis donc, il me semble que ça fait longtemps qu’on n’a plus vu notre don Juan d’opérette ?

    ELISE. – Rudy ? Séverine lui a demandé de préparer quelque chose ? Une animation folklorique, je crois.

    LAURE-ANNE. – Il a tout de suite dit oui. Une démonstration de danse locale, quelque chose comme ça.

    OLIVIA. – Il s’intéresse à la danse, Rudy ?

    LAURE-ANNE. – Il a dit que la danse permettait à l’homme de montrer son sex-appeal. De mettre en valeur sa virilité. Que c’était un moyen de séduction imparable.

    ELISE. – Eh bien, je demande à voir…

    LAURE-ANNE. – Ça ne saurait tarder. 

    La guide arrive.

    LA GUIDE. – Mesdames, j’ai la joie de vous annoncer que notre artiste de ce soir est prêt. Il n’est plus aussi enthousiaste qu’au début, mais chose promise chose due. Je vous demande d’encourager chaleureusement Rudy, notre derviche tourneur.

    Musique. Rudy, mine renfrognée, entre en costume de derviche tourneur et se met à tournoyer sur lui-même. Les dames applaudissent.

    OLIVIA. – Oh, qu’il est mimi, avec sa petite jupette !

    LAURE-ANNE. – Oui, ça met bien en valeur sa virilité.

    LA GUIDE. – Les derviches tourneurs sont des maîtres soufis qui, depuis le 13e siècle, pratiquent le sema, cette danse dont les mouvements rappellent ceux de la toupie.

    OLIVIA. – C’est un tourbillon de sex-appeal, dis donc !

    RUDY. – Oh, ça va, hein !

    LA GUIDE. – Comme Rudy nous le montre très bien, le danseur tourne sur lui-même jusqu’à ce qu'il atteigne une forme de transe. Il déploie les bras, la paume de la main gauche vers le ciel, celle de la main droite vers le sol. 

    ELISE. – En fait, c’est comme pour les Ecossais : la seule chose qui nous turlupine au fond c’est…

    ELISE, OLIVIA ET LAURE-ANNE. – ... S'il porte une culotte !

    LA GUIDE, à l’oreille de Rudy, toujours d’aussi mauvaise humeur. – Continuez, je sens que votre charme commence à opérer !

     

  • sketch - Départ en vacances

     

    On entend le message enregistré : « Enregistrez votre message après le signal sonore… Bip. »


    CLAUDE. – Salut les amis ! Ici, c’est le répondeur de Claude et Elise. Les Coquillard, pour rigoler jamais en retard J’espère que vous ne téléphonez pas pour nous plomber l’ambiance.

    ELISE, à voix basse. – Claude ! Fais ça sérieusement.

    CLAUDE, sans écouter sa femme. – Enfin, nous on n’est pas là. Pas vrai, bobonne ?

    ELISE, prise au dépourvu. – Hein… Euh… Eh bien…

    CLAUDE. – On est partis. M'est avis que ça fera du bien à tout le monde qu’on aille voir ailleurs si on y est. J’ai dit à Elise : « Faut qu’on profite tant qu’on n’est pas trop croulants. Prends ta valise, prends tes maillots, prends ton dentier… »

    ELISE, piquée au vif. – Claude !

    CLAUDE. – … C’est parti pour le tour du monde ! Bon, si on y pense, on vous enverra des cartes postales. Ma femme adore lécher les timbres.

    ELISE, fâchée, à son mari. – Claude ! ça suffit, maintenant ! Tu me passes le téléphone. 

    CLAUDE, luttant. – Mais je cède la parole à ma petite rainette… Comme quoi, la femme aura toujours le dernier mot. (A sa femme :) Vas-y, bobonne !

    ELISE, appliquée, scolaire. – Claude et moi, nous serons de retour dans trois mois.

    CLAUDE, les mains en porte-voix. – Sauf si je balance Elise dans les chutes du Niagara.

    ELISE. – En attendant, vous pouvez laisser un message après le signal. (A bientôt, au revoir…)

    CLAUDE, pour couvrir la voix de sa femme. – Bip, bip, bip…

    ELISE, après avoir arrêté l’enregistrement. – Espèce d'andouille ! Tu es content de toi ? On va devoir tout recommencer maintenant. Seigneur Dieu ! Où est le bouton pour effacer ?

    CLAUDE. – Laisse tomber, ma rouflaquette. Je ne vois pas qui pourrait appeler, à part les charlatans et les vendeurs de vins de Bordeaux.

     

  • sketch - Chez mère-grand

     

    Mère-grand ouvre la porte. C’est le loup avec, derrière le dos, une corbeille de fruit et de fleurs.

    MÈRE-GRAND. – Allez, encore une fois, chevillette cherra et chopinette suivra ! (Le loup entre.) Mais ce n’est pas vrai. Grand méchant loup, ce n’est pas le moment où vous devez entrer en scène. Je suis occupée.

    LE LOUP. – Non mère-grand, ce n’est pas l’heure et ce ne sera plus jamais l’heure : j’ai changé, je vais laisser à d’autres le soin de croquer votre délicieuse chair. Moi maintenant, je ne veux que votre cœur. (Il présente la corbeille.) Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches et puis voici mon cœur qui ne bat que pour vous... (Se tournant vers le public :) J’ai entendu cela quelque part, je sais plus où, mais ce n’est pas du Charles Perrault.

    MÈRE-GRAND. – Si je comprends bien, vous aussi, vous avez votre palpitant en émoi. C’est ça ?

    LE LOUP. – Oh oui, mon amour ! Vous savez, j’ai bien changé, comme tous les personnages de l’oncle Charles, il paraît. Je ne veux plus être abominable, même pas minable du tout. Non, je veux vous aimer, point barre, à la ligne et c’est tout.

    MÈRE-GRAND, vers le public. – Ma petite-fille me l’avait dit : nous allons tous changer. Marre de toujours jouer les mêmes rôles depuis passé trois cents ans ! Et voilà, paf ! (Au loup.) Grand loup, je suis flatulée... Pardon : flattée que vous m’offriez votre cœur en cendres, mais je n’ai pas le temps d’écouter vos simagrées. Je dois me débarrasser de vous et de l’autre éperdu qui se trouve derrière la tenture.

    LE LOUP. – Comment ? Il y a ici quelqu'un qui m’a devancé. Et en plus, il se cache comme une lopette !

    On voit un rideau qui tremble. Le prince charmant, caché derrière, a peur. Il passe un bras et attrape la chope de bière qui est à sa portée, il boit pour se donner du courage.

    LE LOUP. – Sortez de là si vous êtes un homme.

    Le prince charmant sort en tremblant.

    LE LOUP. – Oh, le prince charmant... (Il rit.) Que vous êtes mignon, que vous me semblez beau...

    LE PRINCE CHARMANT. – j’étais là avant vous. J’étais le premier.

    MÈRE-GRAND, interrompant et offusquée. – Non, pas le premier, il y en a eu d’autres avant quand même !

    LE LOUP. – Vous voyez, vous importunez mère-grand. Retournez voir votre dormeuse.

    LE PRINCE CHARMANT. – La belle, elle ne m’intéresse plus, elle ronfle exprès à mon approche... Elle en préfère sûrement un autre.

    LE LOUP. – Mère-grand, débarrassez-nous de ce personnage qui pue le parfum à cent lieues... Non, maintenant on dit: des kilomètres. Merde ! faudra m’y faire... Cent kilomètres à la ronde !

    MÈRE-GRAND. – Comment ? Je suis chez moi. C’est moi qui décide qui mettre à la porte. Et pas vous, ni l’autre éperdu d’amour. D’ailleurs, vous allez tous les deux prendre vos cliques et vos claques avant que moi, je vous claque. (Elle prend un balai et met en fuite les deux personnages.) Et quand je claque, je claque !

    texte d'Yvan Dedieu [extrait] - janvier 2016

     

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  • sketch - Chaperon turquoise

     

    La psy, s’adressant au public. – Ah ! Si vous saviez comme c’est difficile d’être psychologue. Un métier que le diable n’aurait pas voulu. On croit devenir folle. Le monsieur qui vient de sortir, par exemple, il se prenait pour un coq et il ne savait pas que les coqs ne pondaient pas d’œufs. Enfin... La prochaine sur la liste... Le Chaperon turquoise... (La psy pouffe de rire.) Elle est sûrement traumatisée à cause de son nom ! Entrez, mademoiselle Chaperon...

    Le Chaperon turquoise. – Bonjour Madame la psy... chose.

    La psy. – La psychologue : "Madame la Psychologue" avec un grand P comme dans... Ça n’a pas d’importance. Mais je crois connaître l’objet de votre visite : vous êtes traumatisée par votre nom, c’est cela ?

    Le Chaperon. – C’est à peu près cela. Enfin, c’est plutôt à cause du nom que l’on veut me donner dans ce sketch. Cette teigne de Chaperon rouge est allée trouver monsieur Charles Perrault pour tout chambouler. Elle a fait perdre la tête à ce bon Charles. Il ne sait plus quoi, le pauvre, et il m’a bombardé Chaperon turquoise.

    La psy. – Ah ! Je comprends... Oui... Je comprends... rien !

    Le Chaperon. – Mais c’est simple. Il y a des tas de Chaperons maintenant : des verts, des mauves, des bleus. Même un Chaperon indigo. Vous vous rendez compte ?

    La psy. – Oui cela doit être traumatisant de se retrouver au milieu de cet arc-en-ciel de couleur. J’ai déjà entendu dire que le Chaperon rouge était une rosse. Mais n’a-t-elle pas été mangée ?

    Le Chaperon. – Ça, c’était dans le conte original. Mais le Chaperon rouge a fricoté avec le loup. Elle lui a fait croire que sa mère-grand était plus tendre à croquer. Et puis, elle a fait perdre la tête au chasseur qui ne se retrouve plus dans la forêt. Mère-grand, maintenant vous savez ce qu’elle fait ?

    La psy. – Non, je ne vois pas. D’ailleurs, je ne vois rien nulle part.

    Le Chaperon. – Elle va danser le soir avec Barbe Bleue. Elle tire les poils de sa barbe et en fait des chapelets, en forme de scoubidous, qu’elle fait bénir par monsieur le curé.

    La psy. – C’est effroyable, je veux bien le croire. Mais vous, ce qui vous traumatise, c’est le patronyme que l’on voudrait vous faire porter dans cet imbroglio. Ce sobriquet ridicule, Chaperon turquoise !... Quel nom voudriez-vous porter ?

    Le Chaperon. – Le mien, tout simplement. J’ai un nom si doux, si tendre.

    La psy. – Comment vous appelez-vous ?

    Le Chaperon. – Léontine Boîte-à-clou.

    texte d'Yvan Dedieu [extrait] - janvier 2016

     

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  • sketch - Morsure de serpent

     

    Bruits de la jungle. Jordan et Rudy avancent en écartant les hautes herbes. Soudain, un grand cri derrière eux.

    Jordan. – Qu’est-ce que c’était ?

    Rudy. – Laure-Anne !

    Claude, entrant en scène. – Laure-Anne vient d’être mordue par un serpent.

    Jordan. – Un serpent ?... Pas de temps à perdre : il faut sucer le venin. J’y vais.

    Rudy. – Une seconde. Sucer le venin, je peux le faire aussi.

    Jordan. – Ah oui ? Excuse-moi, mais tu n’as pas l'air de quelqu’un qui a vu beaucoup de serpents dans sa vie.

    Rudy. – J’ai vu ta tronche, ça me suffit. Tout le monde sait que dans le processus de guérison, il y a l’aspect psychologie qui joue. Et je crois que, pour Laure-Anne, ce serait mieux que ce soit moi qui lui suce le venin.

    Jordan. – Ecoute-moi bien, gamin. J’ai été griffé, piqué, pincé, lacéré par pas mal de bestioles dans la vie. Je me suis toujours tiré d’affaire à la seule force de ma salive. Alors, la ramène pas avec moi.

    Entre Elise, supportant Laure-Anne qui avance à cloche-pied en gémissant.

    Rudy. – Laure-Anne, laissez-moi vous sauver.

    Jordan. – La plaie ! Dites-moi où est la plaie.

    Elise. – Là, au pied droit. Entre les orteils.

    Jordan, refroidi. – Entre les orteils ?... Ah.

    Rudy, de même. – Ah. (En soi-même :) Après quatre heures de marche.

    Jordan. – Je cours chercher du secours.

    Rudy. – Je t’accompagne.

    Elise, espérant une intervention plus directe de son mari. – Claude !

    Claude. – Euh… tu as raison, j'y vais aussi : faudrait pas qu'ils se perdent.

     

  • sketch - Mots croisés

     

    Géraldine, la mine renfrognée, penchée sur un magazine, suçotant le bout de son crayon. Anita, la coach, est derrière elle, elle attend...

    GÉRALDINE. – Gourde en 2 vertical… Gourde

    LA COACH. –  Servez-vous des lettres que vous avez déjà.

    GÉRALDINE. – O, deux N, E…

    LA COACH. –  Vous avez quatre lettres sur les cinq. Il ne manque que la première.

    GÉRALDINE. – Gourde… C’est bête, s’il y avait eu plus de cases j’aurais mis thermos. C’est logique: Gourde, réponse: thermos, en sept lettres.

    LA COACH. –  Ne vous déconcentrez pas, Géraldine. Partez de ce qui est. Vous avez déjà entendu dire : Quelle gourde ! je n’ai jamais vu une gourde pareille !

    GÉRALDINE. – Vous savez, je ne suis pas branchée grande randonnée. Mon truc c’est plutôt les smoothies.

    LA COACH. –  Ça n’a rien à voir.

    GÉRALDINE. – Non, je sais. Gourde, en cinq lettres. Zonne ? Jonne ? Ponne ?... A la fin, ça donne soif, cette histoire. On se prend un petit quelque chose ?

    LA COACH. –  Encore ? Non, ça suffit ! En vingt minutes, vous m’avez déjà fait goûter framboise vanille, orange banane et pomme abricot.

    GÉRALDINE. – Bah, c’est plein de vitamines, les fruits frais.

    LA COACH. –  Peut-être mais mon mari voit d’un mauvais œil que je passe la soirée aux toilettes. Géraldine, je suis votre coach de sport cérébral, mon objectif c’est de faire de vous une pro des mots croisés ; une winneuse qui remplit sa grille Télé-Star les yeux fermés ; une référence dans le monde très sélect du cruciverbisme.

    GÉRALDINE. – Je sais, Anita, mais je n’y arrive pas. Il y a toujours des cases en trop ou des lettres qui se mettent en travers de mon chemin.

    LA COACH. –  Ça ne fait rien, Géraldine. Tenez, on va passer aux mots fléchés, c’est plus facile. Spécial les boissons de l’été. Ça doit vous inspirer, non ?…

    GÉRALDINE. – Ah, chouette !

    LA COACH. – Tant mieux.

    GÉRALDINE. – La photo : c’est le smoothie bleuet banane, hein ? Tout le monde dit qu’il faut mettre des graines de lin. Mais moi je préfère mettre un peu de pistaches râpées. Pas trop, évidemment. On doit le sentir à peine…

    LA COACH. –  On attaque par le bas de la grille comme d’habitude.

    GÉRALDINE. – Ce qu’il y a avec les bleuets - et ça, pas beaucoup de gens le savent - c’est qu’il faut les mettre dans le blender au dernier moment. Parce que si on les sort trop tôt du frigo, ça perd toute sa saveur.

    LA COACH. –  J’y penserai. Allez, sorti de l’œuf en deux lettres…

    GÉRALDINE. – On peut aussi ajouter du miel, ça donne un côté plus savoureux.

    LA COACH. –  Géraldine !

    GÉRALDINE. – Hein, oui… Pardon, les mots fléchés ! (Elle soupire.)

    LA COACH. –  Si ça vous ennuie tant que ça, il vaut mieux laisser tomber.

    GÉRALDINE. – Ah, ça non ! Aller avouer à belle-maman que je suis nulle en mots croisés, que je ne lui arriverai jamais à la cheville, jamais ! Ça lui ferait trop plaisir, à la vieille bique !

    LA COACH. –  Mais bon Dieu… Vous vous rendez compte de la situation. On dirait quelqu’un qui voudrait devenir cantatrice…

    GÉRALDINE. – Oui ?

    LA COACH. –  Eh bien, imaginez que sa voix, ce serait ça. (Elle fait grincer ses ongles sur une surface lisse.)

    GÉRALDINE. – Aïe, c’est sa voix, ça ?

    LA COACH. –  Oui. Pardon d’avoir mis vos oreilles à rude épreuve, mais c’était pour mieux vous donner une idée du fossé qui vous sépare de la sphère très prisée des amateurs de mots croisés.

    Géraldine fond en larmes.

    LA COACH. –  Géraldine ! Allons, ne vous mettez pas dans un état pareil ! Je suis sûre que vous allez trouver… Il y a toujours une solution.

    GÉRALDINE. – Une solution ?... Oh, je sais ! Anita, je viens d’avoir une idée de génie.

    LA COACH. –  Aïe.

    GÉRALDINE. – Ce qu’il faudrait, c’est un microémetteur comme dans les séries policières. Comme ça, à la prochaine réunion de famille, discrètement quand belle-maman est occupée à touiller dans sa camomille, je chuchote : « vache sacrée en 3 lettres… drame japonais en 2… fleuve parisien en 5… » Et vous me soufflez les réponses.

    LA COACH. –  Géraldine, vous êtes en train de m’inciter à tricher !

    GÉRALDINE. – Oui !

    LA COACH. –  Vous êtes tombée sur la tête ! Et ma réputation ? Je suis coach en sports cérébraux depuis douze ans et vous voudriez que je bafoue le code d’honneur des cruciverbistes, que je me pervertisse, uniquement pour épater votre belle-mère ?

    GÉRALDINE. – Je vous ferais du smoothie tous les jours.

    LA COACH. –  Il n’en est pas question. (Géraldine recommence à pleurer.) Allons, ce n’est pas la fin du monde. Vous savez quoi ? On va tout reprendre depuis le début, repartir sur de bonnes bases. Et je suis sûre que dans quelques mois,… quelques années,… vous serez…

    GÉRALDINE. – Vous croyez ?

    LA COACH. –  Mais oui.

    GÉRALDINE. – Oh, c’est vrai : maintenant que vous le dites, je sens qu’il y a au fond de moi - tout au fond - quelque chose qui ne demande qu’à éclore.

    LA COACH. –  On va y aller en douceur. Regardez. (Elle sort de son sac un Pif magazine.) Là, horizontalement, il brille dans le ciel, surtout pendant l’été ?

    GÉRALDINE. – Le soleil ?

    LA COACH. –  Bravo, excellent ! Et ici, en trois lettres, on s’y couche pour dormir pendant la nuit ?

    GÉRALDINE. – Le lit ?

    LA COACH. –  Merveilleux, Géraldine. Ça vient; vous sentez que ça vient ?

    GÉRALDINE. – Oui.

    LA COACH. –  Mettez un T au bout du lit, ce sera encore plus joli. (Aparté.) Ce n'est quand même pas gagné !

     

  • sketch - Qui paie ses dettes

     

    Jojo, entrant. – Ben, dis donc, il t'en faut du temps pour ouvrir !

    Steph, qui est allée lui ouvrir tout ensommeillée. – Excuse-moi, mais à minuit vingt je n’attendais plus de visite.

    Jojo. – Je viens te réclamer trois euros que tu me dois : c’est la cotisation pour l’anniversaire d’Amanda le mois prochain.

    Steph. – Trois euros ?

    Jojo. – Trois euros… quatre ou plus ; le pourboire n’est pas inclus.

    Steph. – Je vais voir si j’ai de la monnaie. Tu es sûre que ça ne pouvait pas attendre demain ?

    Jojo. – Les bons comptes font les bons amis, comme on dit dans ma famille.

    Steph. – Je connais. Ah, pas de bol ! je n’ai qu’un billet de dix.

    Jojo, le lui arrachant des mains et le glissant prestement dans sa poche. – Ça fera l'affaire.

    Steph. – C'est-à-dire que moi, ça m’ennuie...

    Jojo. – Ne fais pas tant de façons. Si tu n’as pas de monnaie, je ne vois pas d’inconvénient à arrondir.

    Steph. – Oui, enfin là…

    Jojo. – J'accepte bien volontiers le témoignage concret de ton amitié...

    Steph. – Tant mieux, mais bon !...

    Jojo. – ... même si ta façon de souligner lourdement tes gestes de générosité, tes petits airs de dame patronnesse,…

    Steph. – Mes petits airs, quoi ?

    Jojo. – … tes minauderies grotesques…

    Steph. – Mes minauderies grotesques ?

    Jojo. – … bref, toute cette simagrée, je dois dire que c’est un peu fatigant.

    Steph. – Oh !

    Jojo. – Je ne t’en veux pas, hein.

    Steph. – Tu es trop bonne.

    Jojo. – On ne te refera plus à ton âge… Heureusement, la nature est bien faite : elle a réparé son erreur puisqu'elle m’a placée sur ta route, moi, telle une promesse de rédepmption que l’on n’espérait plus.

    Steph. – Çà, à minuit vingt, tu peux le dire !

    Jojo. – J’ai fait de toi ma fille spirituelle. Comme ça. Gratuitement.

    Steph. – Qu’est-ce que tu entends au juste par gratuitement ?

    Jojo. – Ton silence dévoué suffit à me satisfaire.

    Steph. – Mon silence dévoué… et mon billet de dix euros.

    Jojo, qui s’installe pour dormir. – Un peu de silence ! Je médite.

  • sketch - Sushis

     

    Elise apporte à Claude un bol.

    Claude. – Qu’est-ce que c’est ?

    Elise. – Recette traditionnelle du Japon.

    Claude. – Ah ah… Qu’est-ce qu’il y a là-dedans ?

    Elise. – Du balaou, de la bonite, du chinchard, de la limande-sole, de l’oursin, de la palourde, un peu de seiche, du tobiko, avec du konjac, de l’igname, du chou chinois, quelques algues, comme le konbu et le wakame, le tout assaisonné d’une petite sauce au soja, agrémentée de vinaigre de riz, du wasabi, du yuzukosho et du gingembre.

    Claude, tirant du bol un tout petit sushi. – Tout ça pour une si petite chose !

    Elise. – Ce n’est pas le sushi qui est trop petit, c’est ta gueule qui est trop grande. Avale !

    Claude mange le sushi, fait la grimace et suffoque.

    Olivia, qui entre à ce moment. – Monsieur Coquillard ? Qu'est-ce qui vous arrive ?

    Claude émet des sons inintelligibles.

    Elise. – Ne faites pas attention, Olivia, il fait l’andouille comme d’habitude.

    Olivia. – On dirait du japonais.

    Elise. – Il dit qu’il en reprendrait bien une miette. (Claude gesticule, désespéré.) Je retourne en cuisine parce que j'en ai pour une bonne demie-heure de préparation.

    Claude, à bout de souffle. – Eh bien, il y a de quoi filer au centre antipoison ! On comprend pourquoi le drapeau japonais a un gros bouton rouge au milieu du visage.

  • sketch - Tentative d'évasion

     

    La guide, achevant une explication devant un tableau. – ... Ce qui explique que Léonard de Vinci soit considéré aujourd’hui encore comme un des plus grands génies de l’histoire.

    Claude. – Moi, la Joconde, je lui trouve un air constipé.

    Elise. – Claude ! Tu pourrais avoir un peu de respect quand même !

    Patricia. – Cette petite toile doit valoir à elle seule le PIB du Gabon.

    La guide. - Nous allons maintenant continuer dans la galerie. Il y a par ici un petit Caravage tout à fait extraordinaire… (La guide emmène le groupe. Rudy tire Laure-Anne à l’écart.)

    Rudy. – Dites-moi la vérité, Laure-Anne, avouez que c’est un peu monotone, toutes ces peintures… Ces visages figés, ces paysages immobiles, ces cadres ternis par le temps… Croyez-moi, ce n’est pas bon du tout pour ce que vous avez !

    Laure-Anne. – Oui, c’est vrai… Sans doute…

    Rudy. – Ce qu’il vous faut c’est un peu de bon temps au grand air au bras d’un gentilhomme.

    Laure-Anne. – Vous ?

    Rudy. – Mais oui, Laure-Anne. Oui !... Ecoutez, la guide ne nous lâchera pas ! mais faites ce que je vous dis. Après le Radeau de la Méduse, je détournerai l'attention sur un autre Géricault, vous aurez quelques secondes. Profitez-en pour plonger, faufilez-vous derrière le Rodin. Vous n'aurez plus que quelques mètres à faire et vous serez tirée d'affaire. Dans la galerie des antiquités grecques, vous serez en sécurité. Je vous retrouve devant la Vénus de Milo.

    La guide, revenant sur ses pas. – Ah, vous êtes là, vous deux. Vous avez bien failli nous perdre… à vous attarder comme ça devant la Joconde. Et les Primitifs flamands ? Et les Impressionnistes ? ça ne vous intéresse pas ?

    Rudy, à contrecœur. – Si, si.

    Laure-Anne, sans conviction. – Beaucoup.

    La guide. - Heureusement que je veille. En dix ans de métier je n’ai jamais perdu un seul touriste, jamais un seul. (Elle les prend par la main et les entraîne, fièrement.) Allez, en avant, marche. Je vous garde à l’œil.

  • sketch - Seize ans

     

    Dialogue librement inspiré du fait divers "Pennsylvanie (USA) - Un avion vide ses toilettes au-dessus de la fête d'anniversaire" (metronews.fr / 21-05-2015). Sketch produit dans le cadre de l'atelier Ecriture théâtrale organisé par Le Théâtre de l'Éveil et animé par la comédienne professionnelle Sarah Brahy, de septembre à décembre 2015 à La Fabrique de Théâtre (La Bouverie).

     

     

    Prologue

    Une radio, à l’heure du bulletin d’informations.

     

    Le journaliste. – Après-midi cauchemardesque en Pennsylvanie : quarante personnes étaient rassemblées dimanche dans un jardin privé de Levittown ; Jessica, qui fêtait ses 16 ans, avait souhaité réunir ses amis pour souffler ses bougies. Mais la fête a été de courte durée.

    La victime sous le choc. – Nous allions couper le gâteau et soudain c’est tombé du ciel : un truc brun dégoûtant, il y en avait partout !

    Le journaliste. – Cinq avions survolaient le jardin à l’heure du drame. La famille de Jessica pense que l’un d’eux n’a pas hésité à vider ses toilettes au-dessus de leurs têtes. L’Administration Fédérale de l’Aviation a ouvert une enquête.

    Le présentateur / Le journaliste. – Et c’est la fin de cette édition. Merci de nous avoir suivis ; bon appétit si vous passez à table.

     

    Scène I / Trois jours plus tôt

    Dans la chambre à coucher de Joe et Dolorès.

     

    Dolorès. – On est dans le mur !

    Joe. – Jason s’occupe du gâteau : il a trouvé une pièce montée cranberry et beurre de cacahuète, comme veut la petite. Linda va accrocher les seize bouquets de roses rouges aux arcades du perron. Taylor amène la sono.

    Dolorès. – Et les chevaux, on a des nouvelles pour les chevaux ?

    Joe. – Pour l’instant, on n’en a que dix.

    Dolorès. – Mais Jessica en veut seize.

    Joe. – Je sais, je sais. Je fais mon possible mais c’est pas facile. Après tout, dix chevaux blancs, c’est déjà pas mal !

    Dolorès. – Elle va avoir seize ans, Joe. Seize ans ! Toi évidemment tu ne peux pas savoir ce que c’est.

    Joe. – Je ne peux pas savoir… Comment ça ?

    Dolorès. – Parce que tu es un homme. Mais une femme c’est pas pareil. On est belle, on est Américaine : on veut être la reine du bal, c’est naturel. Alors, excuse-moi Joe mais s’il faut seize chevaux blancs pour faire le bonheur de Jessy le jour de sa garden-party c’est notre devoir de remuer ciel et terre…

    Joe. – Okay, j’ai compris. J’essaierai de voir avec Bill. Je l’ai bien dépanné pour le baby shower de sa gamine, il peut bien faire ça pour moi.

    Dolorès. – Et pour le jardin ?

    Joe. – Quoi encore ?

    Dolorès. – Quand est-ce que tu vas passer la tondeuse ?

    Joe. – Mais… j’ai tondu vendredi passé !

    Dolorès. – Oui mais ça commence à repousser. Regarde, on voit des touffes partout.

    Joe. – Va au diable avec tes touffes !

    Dolorès. – Espèce d’égoïste ! ta fille, ta propre fille, celle que tu prétends aimer par-dessus tout…

    Joe. – Eh bien, quoi, ma fille ? Elle n’est pas à l’article de la mort, hein…

    Dolorès. – Elle va avoir seize ans. Joe. Je te signale qu’on ne vit pas au fin fond de la brousse : on vit en Pennsylvanie. Et une fille qui va avoir seize ans en Pennsylvanie ça a des besoins.

    Joe. – Ah oui ?

    Dolorès. – L’anniversaire de ses seize ans, elle doit pouvoir dire que la vie est merveilleuse, que c’est le plus beau jour de sa vie. Je ne veux pas qu’elle ait à rougir devant ses copines parce qu’elle aura dû se contenter d’une fête minable dans une espèce de terrain vague.

    Joe. – Une espèce de terrain vague ? C’est de mon jardin que tu parles ?

    Dolorès. – Oh, Joe… Joe ! Sois un bon mari, sois un bon père, sois un bon Américain : va et tonds-le, ce putain de jardin.

    Joe, après un soupir. – Tu as raison, Dolly. Je suis fier d’être Américain et de pouvoir tondre mon putain de jardin. Ma fille va avoir seize ans : qu’un tapis de soie porte ses pas et qu’une pluie de pétales de roses s’épanche sur sa blonde chevelure.

     

    Scène II / Deux minutes avant l’impact

    Dans le jardin familial. Jessica (16 ans !) et son amie Pamela.

     

    Pamela. – Ah, j’adore, ma chérie ! j’adore ta robe… Et ton collier ! c’est des vrais diamants ?

    Jessica. – Ouais, cent pour cent !… Ça fait pas trop… ?

    Pamela. – Mais non, ma chérie, tu plaisantes ! Tu es ma–gni–fique. Et toutes ces fleurs… Et ces chevaux blancs, je dis carrément Ouah !

    Jessica. – Bah, les chevaux en fait, je voulais des tresses colorées dans leurs crinières, genre My Little Pony, tu vois. C’est mon vieux qui n’a pas capté l’essence du truc.

    Pamela. – Attends, ton père il est trop mortellement cool !

    Jessica. – Ah ouais ? Tu ne l’as pas vu tout à l’heure avec Tiffany. Comme il m’a mis la honte quand il lui a demandé où était sa mère. J’en peux trop plus de ce type. (Sanglot.)

    Pamela. – Pleure pas, poulette. Tu vas ruiner ton mascara.

    Jessica. – Dis pas ça : deux heures, j’ai passées à me maquiller. Avec mon crétin de père qui tambourinait à la porte pour entrer dans la salle de bains. J’ai cru que j’allais devenir dingue.

    Pamela. – Respire à fond, Jessy, tout est sous contrôle, là… On devrait aller dire bonjour à Monica, elle vient d’arriver.

    Jessica. – Monica ? Attends, je sais même pas pourquoi je l’ai invitée. Je peux plus la sentir, cette dinde ! Si elle me postillonne dessus ne serait-ce qu’encore une fois, je lui arrache les yeux.

    Pamela. – Je comprends mais fais un effort, je t’en prie : rappelle-toi que sa sœur est capitaine des pom-pom girls.

    Jessica. – Oh, c’est vrai ! quel cauchemar. Bon, on y va. (Gros soupir.) Ah, Pamela… Avoir seize ans, je te jure, ça craint !

    Pamela. – Je sais, ma cocotte, je sais. Tu dois prendre beaucoup sur toi… Mais regarde, ta fête est démentielle. C’est une journée splendide : sûr qu’elle va rester dans les annales.

     

    Noir. Puis, tout à coup, hurlements hystériques dignes d’une apocalypse.

     

    Jérémie Brasseur, 7 novembre 2015 

  • sketch - Range !

     

    Dialogue produit dans le cadre de l'atelier Ecriture théâtrale organisé par Le Théâtre de l'Éveil et animé par la comédienne professionnelle Sarah Brahy, de septembre à décembre 2015 à La Fabrique de Théâtre (La Bouverie).

     

    La femme. – C’est chez toi ici ?

    L’homme. – Oui, c’est chez moi. C’est… mon petit nid douillet. Voilà, voilà…

    La femme. – Tu pourrais ranger, non ?

    L’homme. – Ranger ?

    La femme. – Tu sais, ranger : mettre de l’ordre, nettoyer, déposer les affaires à leur place… Ce genre de choses.

    L’homme. – Oui… Oui, sans doute… Ce serait peut-être bien, oui.

    La femme. – Ta contrebasse, là…

    L’homme. – Ma contrebasse ? Quelle contrebasse ?

    La femme. – Ta contrebasse, là ! près du gorille empaillé… à côté du char à voile… sous le ventilo. Mais enfin, là… là ! à gauche, sur la pile de vieux caleçons !

    L’homme. – Ah, cette contrebasse ?

    La femme. – Oui, cette contrebasse.

    L’homme. – C’est une pompe à vélo.

    La femme. – Eh bien, qu’est-ce qu’elle fout là, ta pompe à vélo ? Qu’est-ce qu’elle fout là ?

    L’homme. – Je ne sais pas, elle traîne…

    La femme. – Voilà, elle traîne. C’est ce que je voulais t’entendre dire. Elle traîne ! Alors, tu la ranges.

    L’homme. – Mais où veux-tu que je la mette ?

    La femme. – Je ne sais pas, moi. Avec ta collection de vieux cartons de bière, peut-être…

    L’homme. – Comment tu sais que je collectionne les cartons de bière ?

    La femme. – Je te connais comme si je t’avais fait.

     

    Jérémie Brasseur, 25 septembre 2015 

  • sketch - Chats et souris

     

    Dialogue produit dans le cadre de l'atelier Ecriture théâtrale organisé par Le Théâtre de l'Éveil et animé par la comédienne professionnelle Sarah Brahy, de septembre à décembre 2015 à La Fabrique de Théâtre (La Bouverie).

     

    Le chat noir. – Qu’est-ce qu’on fait ce soir ? On sort chasser les souris dans les fossés ?

    Le chat blanc. – Oh tu sais, on a déjà fait ça hier. Et avant-hier. Et toute la semaine dernière…

    Le chat noir. – Qu’est-ce que tu proposes alors ?

    Le chat blanc. – Fais ce que tu veux, moi je vais dormir sur le clavier du PC.

    Le chat noir. – Bonne idée. Si tu prends le clavier, moi je m’attaque à la souris.

    Le chat blanc. – Les souris c’est une obsession chez toi, mon vieux ! Tu devrais consulter.

     

    La souris noire. – Qu’est-ce qu’on fait ce soir ? On sort narguer les chats dans les taillis ?

    La souris blanche. – Oh tu sais, je suis vannée. Je crois que je vais aller me coucher.

    La souris noire. – On pourrait quand même aller faire un tour dans la chambre du petit Quentin. Hier, il avait une dent qui ballotait.

    La souris blanche. – Eh bien, vas-y si ça te chante. Au cas où, prends une pièce à mettre sous l’oreiller.

    La souris noire. – D’accord. C’est complètement con mais bon, c’est la tradition !

     

    Jérémie Brasseur, 17 octobre 2015 

  • sketch - Compte à rebours

     

    Dialogue produit dans le cadre de l'atelier Ecriture théâtrale organisé par Le Théâtre de l'Éveil et animé par la comédienne professionnelle Sarah Brahy, de septembre à décembre 2015 à La Fabrique de Théâtre (La Bouverie).

     

    Un. – Cinq. Quatre. Trois. Deux. Un.

    Deux. – (Pas de réaction.)

    Un. – Eh bien, alors ?

    Deux. – Oui ?

    Un. – Tu y vas ?

    Deux. – Excuse-moi. J’ai toujours eu du mal à me lancer. C’est pour ça.

    Un. – Mets-y un peu du tien, merde ! On va pas y passer la nuit.

    Deux. – Oui, okay. Vas-y, recommence : cette fois, je suis prêt.

    Un. – Cinq. Quatre. Trois. Deux. Un.

    Deux. – Et zéro ? Tu ne dis pas : zéro ?

    Un. – Non mais t’ es chiant, là. Écoute, je compte et quand je ne compte plus, tu causes. Point barre. Zéro ou pas zéro, on s’en fout.

    Deux. – Bon, ça va. Faut pas s’énerver.

    Un. – C’est toi qui me cherches. Allez, tu te réveilles et tu fais ton truc. Je ne compte plus ; de toute façon, ça ne sert à rien.

    Deux. – Tu ne comptes plus ?

    Un. – Non.

    Deux. – Alors comment je vais savoir quand je dois … ?

    Un. – Tu te démerdes !

    Deux. – Ah oui, mais alors du coup c’est foireux parce que moi je reste là, sans repère, sans point d’accroche. Seul. Seul dans le vide angoissant des instants qui précèdent…

    Un. – Tu me soûles, Jean-Marc. On la fait, cette vidéo, ou on ne la fait pas ?

    Deux. – On la fait.

    Un. – Je te laisse trois secondes. Après, je me casse.

    Deux. – Oui mais…

    Un. – Une !

    Deux. – Simplement, pour savoir…

    Un. – Deux !

    Deux. – (se replaçant rapidement devant la caméra et débitant son texte dans l’urgence) « Jean-Marc, 47 ans, à la recherche de l’âme-sœur. Je suis prêt à envisager l’engagement matrimonial à plus ou moins court terme. Disons, dans les vingt ou trente ans qui viennent… »

     

    Jérémie Brasseur, 25 septembre 2015 

  • PlayLab - Boomerang

    Claudine. – Dis, ça fait vingt minutes qu’on attend ; il ne reviendra plus.

    Daphné. – Mais si, laisse-lui une chance. Ça revient toujours, c’est connu.

    Claudine. – Là, quand même... tu t’es peut-être fait refiler de la camelote.

    Daphné. – Arrête, je l’ai eu cent dollars australiens à un Aborigène dans une boutique à Sydney.

    Claudine. – Tu aurais peut-être mieux fait d’acheter un didgeridoo. Au moins, on peut tester sur place.

    Laure arrive, un énorme bandage autour du crâne.

    Claudine. – Bonjour Laure. Tu fais une balade ?

    Laure. – Ne dis surtout pas que c’est bon pour la santé. J’étais sortie prendre l’air et pan ! ce machin m’est rentré dedans. (Elle montre le boomerang.)

    Daphné, prenant le boomerang. – Ben voilà. (À Claudine :) Je te l’avais bien dit qu’un boomerang ça revient toujours.

    Claudine. – Il a pris son temps.

    Daphné. – Ce n’est quand même pas sa faute si Laure met sa tête en travers de son chemin !

  • PlayLab - Corde à sauter

     

    Devant la caméra, Julie saute à la corde. La réalisatrice, hors champ, observe la scène, prête à intervenir.

     

    Julie. – « Fini la constipation et les ballonnements. Avec Pettovan, je saute de joie comme avant. »

    La réalisatrice. – Coupez !... Julie, c’était bien. Mais on ne sent pas assez la joie. On doit voir sur ton visage que Pettovan t’a vraiment libérée d’un poids. Tu vois ce que je veux dire ?

    Julie. – Oui, oui.

    La réalisatrice. – Bon, on la refait. Attention, moteur. Clap Pettovan, cinquante-deuxième.

    Julie. – « Fini la constipation et les ballonnements. Avec Pettovan, je saute de joie comme avant. »

    La réalisatrice. – Coupez !... Non, ce qu’il y a c’est que c’est la Julie avec son côté femme rangée que j’entends. Et ce que je veux, moi, c’est la Julie qui retrouve ses instincts de petite fille de huit ans qui s’éclate avec sa corde à sauter.

    Julie. – « … de huit ans », okay.

    La réalisatrice. – Tu comprends la philosophie du truc : Pettovan ce n’est pas seulement un laxatif, c’est carrément un élixir de jeunesse.

    Julie. – Ah ouais, d’accord.

    La réalisatrice. – On reprend. Pettovan, cinquante-troisième.

    Julie. – « Fini la constipation et les ballonnements. Avec Pettovan, je saute de joie comme avant. Youpee ! »

    La réalisatrice. – Coupez !... Julie, j’ai dit un élixir de jouvence, je n’ai pas dit une pilule d’ecstasy. Alors, tu laisses tomber les youpee, les yéyé et autres pou pou pidou, tu t’en tiens au texte. – Et mets un peu plus de tonus dans ton coup de poignet, parce qu’on voit que tu mollis.

    Julie. – Ah, pardon. Je vais essayer.

    La réalisatrice. – C’est ça. Essaye. On y retourne. Moteur ; Pettovan, cinquante-quatrième.

    Julie. – « Fini la constipation et les ballonnements. Avec Pettovan... »  (Elle trébuche dans la corde.) Et merde !

    La réalisatrice. – Stop ! Coupez, coupez, coupez !... Julie, qu’est-ce que tu me fais ? Tu as vu comment tu sautes ? On dirait une vache. C’est aux éleveurs bovins qu’on va pouvoir fourguer du Pettovan !

    Julie. – Ah oui ? Eh bien tu sais quoi, tu peux te le foutre au cul ton Pettovan. (Elle part.)

    La réalisatrice. – Au cul ? Mais… c’est un traitement par voie orale.

  • PlayLab - Tamagotchi

    Charlotte. – Je me souviens… Quand j’avais six ans, j’avais un tamagotchi. Kiwi, je l’avais appelé. Qu’est-ce qu’il me faisait rire, avec ses petits bruits comiques !

    La psy. – Vous l’aimiez beaucoup.

    Charlotte. – Oh oui ! (Elle éclate en sanglots.)

    La psy. – C’est bien, laissez venir. Il y a des mouchoirs ici; tenez. ... Dites-moi ce qui s’est passé.

    Charlotte. – Un jour, je l’ai oublié chez mon père. Et ce salaud l’a laissé crever de faim.

    La psy. – De là votre croyance que les hommes représentent un danger potentiel pour ce qui vous est cher et votre besoin compulsif de placer des pièges-à-bites partout autour de votre appartement.

    Charlotte. – Il l’a tué !... Il a tué mon Kiwi !... Le salaud !

    La psy. – Reprenez un mouchoir, ça va aller… (À part :) Foutus jouets japonais : on savait bien que ça nous préparait des générations de timbrés.

  • PlayLab - Toupie

    Valérie. – Ma chère Sonia, nous voilà de nouveau à l’antenne à l’occasion de ce 32e tournoi interrégional de lancer de toupie. Avec en ce moment même un très beau départ de la toupie challenger de l’écurie Popaul.

    Sonia. – Oui Valérie. C’est une performance que je qualifierais, en effet, de très aboutie. Tant d’un point de vue du style que du point de vue de la tournure des choses.

    Valérie. – Exactement. Puisque, comme on le voit à l’écran, la toupie continue de tourner. Alors, justement, ma chère Sonia, on pourrait faire le point peut-être pour les spectateurs qui nous rejoignent et qui ne seraient pas familiers de ce… de ce sport, - n’ayons pas peur des mots, puisque le lancer de toupie est classé officiellement parmi les sports. Sonia, en deux mots, le principe de la compétition ?

    Sonia. – Eh bien, donc, Valérie, il s’agit pour la toupie de tourner sur son axe dans un mouvement – pourrait-on dire – giratoire. On entend parfois : mouvement rotatif. Ce qui à mon sens est discutable, mais je ne veux pas polémiquer ici.

    Valérie. – Ce n’est pas l’endroit.

    Sonia. – Ce n’est pas l’endroit, comme vous dites. Et donc, globalement, la toupie doit pivoter sans discontinuer sur sa pointe en retardant le plus possible le moment où elle va vaciller, perdre l’équilibre et finalement s’abattre brutalement sur le flanc.

    Valérie. – Voilà. Et tandis que nous parlons, la toupie de Popaul offre, je crois qu’on peut d’ores et déjà le dire, une prestation de très haut niveau.

    Sonia. – Oui, la toupie de Popaul est dans une forme exceptionnelle. Elle tourne avec une belle constance dans le sens anti-horloger.

    Valérie. – On sent une détermination sans faille. Elle sait où elle va, et elle y va.

    Sonia. – Ça tourne, ça tourne toujours, ça continue de tourner… On vit là un grand moment dans l’histoire du lancer de toupie. C’est un spectacle assez unique… Quasi hypnotique…

    Valérie. – … Voire un peu chiant sur les bords.

  • PlayLab - Bulles

    Une femme (Une) fait des bulles de savon, tranquillement installée. Arrive une seconde femme (Deux), qui s’installe à côté d’elle et se met elle aussi à faire des bulles. Malaise. La deuxième femme calque ses mouvements sur la première, qui marque une exaspération croissante.

     

    Une. – Excusez-moi.

    Deux. – Oui ?

    Une. – Excusez-moi, est-ce que vous pourriez arrêter de faire tout ce que je fais ? Ça me gâche mon plaisir.

    Deux. – Ah ?

    Une. – Merci.

    Deux. – Je ne m’étais pas rendu compte. Pardon. Je vous ai vue, là au soleil. Vous aviez l’air si heureuse. Ça m’a donné envie. Et puis, en vous regardant faire des bulles, je me suis dit que moi aussi…

    Une. – Eh bien, faites des bulles si ça vous plaît. Simplement vous pourriez aller là-bas, plus loin. Ailleurs, quoi !

    Deux. – Vous me méprisez, n’est-ce pas ?

    Une. – Pardon ?

    Deux. – Oui, je vois bien que vous me méprisez. Oh, je peux comprendre : c’est grotesque d’imiter les gens.

    Une. – Mais arrêtez, je n’ai pas dit ça.

    Deux. – Déjà quand j’étais petite, je voulais avoir tout ce que les autres avaient, faire tout ce que les autres faisaient. Aucune personnalité. Et pourtant, si vous saviez comme je voudrais avoir des idées originales. Donner à quelqu’un l’envie de faire comme moi. Ah çà !… Mais je n’y arrive pas.

    Une. – Vous vous rabaissez inutilement.

    Deux. – Oh non, je m’en rends bien compte. Tenez, tout à l’heure encore, mes bulles ressemblaient cruellement aux vôtres.

    Une. – Bien sûr, mais…

    Deux. – De pâles copies, presque des caricatures !

    Une. – N’exagérez pas. Moi j’ai trouvé vos bulles… très réussies.

    Deux. – Vous dites ça pour me consoler mais je sais qu’au fond vous ne le pensez pas vraiment.

    Une. – Mais si, voyons ! Vos bulles ont une beauté… toute personnelle.

    Deux. – Vous croyez ?

    Une. – Elles reflètent votre fragilité… votre sensibilité si désarmante…

    Deux. – Comme vous semblez me comprendre. J’aimerais tant que ce soit vrai.

    Une. – Mais c’est vrai ! Allons, soufflez encore un peu. Refaites-moi quelques jolies bulles.

    Deux. – Je n’oserais plus.

    Une. – Allez-y, je vous le demande.

    Deux. – Alors seulement pour vous faire plaisir. (Elle fait timidement quelques bulles.)

    Une. – Eh bien, vous voyez. Celle-là, cette petite dernière, elle est toute mignonne. Toute originale. Personne d’autre que vous n’aurait pu la faire, elle est votre œuvre.

    Deux. – Oh, mince alors. Et moi qui la laisse filer.

    Une. – Vous en ferez d’autres. Autant que vous voudrez ! (Elle s’en va.)

    Deux. – Vous partez ?

    Une. – J’ai rendez-vous chez le dentiste.

    Deux. – Je peux venir avec vous ? (Elle la suit.)


     

  • PlayLab - Rubik's Cube

    L’un. – Le gars qui a créé le Rubik’s Cube, en fait, bon, qu’est-ce qu’il a voulu dire ?

    L’autre. – Qu’est-ce qu’il a voulu dire ?

    L’un. – Ouais, il a voulu transmettre un message à l’univers. Genre une philosophie, tu vois.

    L’autre. – Carrément ?

    L’un. – Carrément ! Parce que toi, tu es là en train d’essayer de remettre le blanc avec le blanc, le vert avec le vert, le rouge avec le rouge…

    L’autre. – Le jaune avec le jaune…

    L’un. – Mais le Rubik’s, lui, ça le fait marrer. Il n’a pas peur, le Rubik’s, il se fout de ta gueule.

    L’autre. – Dis donc, faut qu’il se calme !

    L’un. – Parce que, dis-toi bien : même avec un côté tout blanc, puis un autre tout vert, puis un autre tout jaune, le Rubik’s Cube, ben il continue à servir à que dalle... Et c’est ça qui est fort !


     

  • PlayLab - Ballon

    Mme Mylar. – Oh je suis inquiète, docteur, très inquiète. Merci d’être venu.

    Le docteur. – J’ai fait aussi vite que j’ai pu. Comment va-t-il ?

    Mme Mylar. – Pas bien. Il est courageux, il ne se plaint pas mais je lui trouve mauvaise mine. Sa peau devient flasque. Il mollit.

    Le docteur. – Ah, il mollit… Voyons ça. C’est un ballon de baudruche que vous avez recueilli récemment ?

    Mme Mylar. – Pas précisément. C’était à la foire de Montigny-les-Deux-Platanes. Seigneur ! il était là, tout perdu. Il me tendait les bras. – Enfin, façon de parler !... C’est bien simple : il a tout de suite fait partie de la famille.

    Le docteur. – Madame Mylar, il va falloir être courageuse...

    Mme Mylar. – Oh non !

    Le docteur. – Hélas, mes craintes étaient fondées : la limite d’élasticité est dépassée et il présente des déformations plastiques irréversibles.

    Mme Mylar. – Balloon, Balloon, ne t’en va pas ! pas maintenant !

    Le docteur. – Allons, Madame Mylar, soyez forte. Je suis sûr que s’il pouvait parler, Balloon vous dirait qu’il faut rebondir.

    Mme Mylar. – Mais, docteur, que vais-je faire ?... De tout ce temps que sera ma vie…

    Le docteur. – Ma foi, je ne sais pas… Adoptez une boule de bowling : c’est moins câlin, mais vous la tiendrez plus longtemps.

  • PlayLab - Trains électriques

    L’un. – Le gosse, à six ans, je lui ai offert tout de suite le kit complet. Avec trente mètres de rails.

    L’autre. – Moi, cinquante.

    L’un. – Cinq tunnels.

    L’autre. – Douze aiguillages.

    L’un. – La gare, avec le chef de gare. Et le sifflet du chef de gare.

    L’autre. – Le troupeau de vaches, avec la tête qui se redresse mécaniquement au signal du passage à niveaux.

    L’un. – Eh bien, ce petit con, c’est tout juste s’il jette un coup d’œil quand je fais tourner la locomotive.

    L’autre. – Moi, pareil. Il préfère perdre son temps à traîner au jardin.

    Ensemble. – Les ingrats !

  • La Postiche

    C’est l’été, la saison des best-of ! L’occasion de ressortir des cartons quelques textes des temps jadis. Comme celui-ci, La Postiche, une farce en un acte créée à l’occasion des Scènes Ouvertes du Festival montois Théâtre en Rue dans la cour du Conservatoire de Mons les 17 et 18 septembre 2011 avec Filomena Falco Abramo, Nicolas de Gennaro, Emmanuel Moonen, Nicole Vanderbecq et Sandrine Vansnick. 


    La Postiche [extrait]

    farce en un acte de Jérémie Brasseur

    La postiche 18 aout 2011

    Alice et Geoffroy Tribaudet ont été tirés au sort, c'est ‘le couple de retraités gagnant’ : ils sont venus chercher les cadeaux qu’on leur a promis par téléphone chez Planète Bien-Aise, un magasin qui vient d’ouvrir dans la région. La Planque, le vendeur, les a en ligne de mire. Des pigeons pareils, pas question qu’ils lui échappent.

     

    LA PLANQUE. – Ah, je vois que Madame et Monsieur ont le nez fin. Vous avez repéré tout de suite la plus belle pièce de notre collection.

    ALICE. – On a fait ça, nous ?

    LA PLANQUE. – La Combi Aminci Plus ! C’est le nec plus ultra de la technologie actuelle en matière de correcteur de silhouette.

    TRIBAUDET. – Dis donc, mon vieux. Je m’en fous pas mal. Je viens chercher mon appareil-photo, celui que j’ai gagné…. A ce qu’on a dit à ma femme au téléphone.

    ALICE. – Ouais. Où qu’y sont, nos cadeaux ?

    LA PLANQUE. – On vous les prépare, n’ayez crainte… Je vous sens très impatients de les voir, et je vous comprends, chanceux amis.

    ALICE. – C’est qu’on les veut.

    LA PLANQUE. – Oui, j’ai bien compris.

    TRIBAUDET. – Pas dans dix ans.

    LA PLANQUE. – Allons, allons. Détendez-vous. Vous êtes chez Planète Bien-Aise. Laissez vos soucis entre parenthèses. Quand vous avez posé votre regard sur la Combi Aminci Plus, j’ai vu une étincelle d’envie s’allumer au fond de votre œil.

    ALICE. – Au fond de mon œil à moi ?

    LA PLANQUE. – Au fond de votre œil à tous les deux.

    TRIBAUDET. – Vous avez vu ça alors qu’on vous tournait le dos ?

    LA PLANQUE. – Ce n’est pas pour rien que j’exerce ce métier. Et puis, ça se comprend. Qui ne languirait pas d’avoir la fameuse Combi Aminci Plus ? Qui ne se laisserait pas conquérir par ses charmes irrésistibles, sa texture ultra-moderne, son coloris hyper-tendance et ses bienfaits aussi nombreux qu’insoupçonnés ? Qui pourrait rester insensible ? Qui donc ?

    TRIBAUDET. – Moi.

    ALICE, après un léger temps, comme fascinée par la Combi. – Ça coûte combien ?

    LA PLANQUE. – C’est pour rien…

    ALICE. – Ah.

    LA PLANQUE. – … Comparativement aux vertus extraordinaires de ce produit-miracle. Tenez, Madame, faites-vous plaisir. Essayez-la.

    ALICE. – Moi ?

    LA PLANQUE. – Ne soyez pas embarrassée. Demain, tout le monde dans la rue vous regardera avec envie.

    ALICE. – Ça, j’aimerais bien. Quand j’irai me promener avec maman au Waux-Hall…

    TRIBAUDET. – Bon ben alors, vite fait, hein. Juste pour rigoler.

    ALICE, tout en enfilant la combinaison avec difficulté. – Aïe ! Vous êtes sûr que c’est ma taille ?

    LA PLANQUE, qui aide Alice tant bien que mal. – On jurerait qu’elle a été spécialement conçue pour vous… Là, c’est parce que c’est neuf, mais ça va se mettre…

    ALICE. – J’ai l’air de quoi ?

    TRIBAUDET. – T’as l’air d’un sac.

    LA PLANQUE, conciliant. – Un joli sac, tout de même.

    ALICE. – Je veux pas avoir l’air d’un sac.

    LA PLANQUE. – Rassurez-vous, Madame. La Combi Aminci Plus œuvre à votre beauté sur le moyen et sur le long terme.

    ALICE. – Qu’est-ce que ça veut dire ?

    TRIBAUDET. – Ça veut dire que dans l’immédiat, tu l’as dans l’os.

    LA PLANQUE. – Grâce à son effet gainant et à sa texture en fibre de bambou norvégien, la Combi Aminci Plus raffermit vos seins, redessine vos hanches, réduit l’aspect peau d’orange.

    TRIBAUDET. – Sans blague ?

    LA PLANQUE. – C’est prouvé scientifiquement.

    ALICE. – Ouah, scientifiquement !

    LA PLANQUE. – La Combi Aminci Plus dégage également des électrons positifs qui activent la microcirculation, enlève toute sensation de fatigue et stimule l’appétit sexuel.

    TRIBAUDET. –  Stimule l’appétit sexuel ?

    ALICE. – Scientifiquement ?

    LA PLANQUE. – Scientifiquement, Madame.

    TRIBAUDET, sortant son portefeuille. – Bon, si ça stimule... Hein, bobonne ?... Combien ça vaut ?

    LA PLANQUE. – Ça vaut tout l’or du monde.

    ALICE. – Alors non, c’est pas dans nos moyens.

    LA PLANQUE. – Mais nous vous l’offrons ici, chez Planète Bien-Aise, à un prix imbattable…

    TRIBAUDET. – Ah oui ?

    LA PLANQUE. – Un prix défiant toute concurrence.

    TRIBAUDET. – Tiens donc !

    LA PLANQUE. – Un prix à faire blêmir la Chine entière.

    ALICE. – Bah, on n’a pas d’amis chinois…

    LA PLANQUE. – 4.000 euros.

    TRIBAUDET, remettant son portefeuille en poche. – Ah !

    LA PLANQUE. – T.T.C.

    ALICE, enlevant la combinaison. – On reviendra voir aux soldes…

     

  • La florologie transcendantale

    C’est l’été, la saison des best-of ! L’occasion de ressortir des cartons quelques sketches des temps jadis. Comme celui-ci, La florologie transcendantale, monologue interprété par Jérémie Brasseur au Café-Théâtre du G en août 2007.  


    La Florologie transcendantale

    monologue de Jérémie Brasseur

    Florologie transcendantale

    Rosier, rosier, bonnes gens !

    Soyez dans l’allégresse comme des géraniums dans leurs bacs à fleurs de chez Brico car je viens vous annoncer le chemin de sagesse du troisième millénaire : la Florologie transcendantale.

    La Florologie transcendantale n’est pas une science qui vole au ras des pâquerettes. La Florologie transcendantale, ce n’est pas pour les empotés. Bien au contraire, la Transcendantale florology – comme on l’appelle déjà couramment dans les cercles agricoles cultivés – permet aux initiés de capter les pollens transplanétaires pour déployer largement leurs pétales psychiques.

    Si tu es morose et blafard comme un tournesol en pleine nuit polaire, si au bureau tu as juste le droit de fermer glaïeul, si ta femme te fait crocus avec ton meilleur ami, adhère à la Florologie transcendantale.

    Chaque matin, végète un peu devant ta glace puis exclame-toi avec conviction : « Je suis un beau bébé bégonia. » Et là, j’aime autant vous prévenir, faut pas qu’on se plante. Il y un gars, une fois, qui s’est pris pour un bébé cactus. On l’a retrouvé avec trente-six aiguilles à tricoter dans le corps. Quand on a eu fini de tout retirer, le pauvre : un gruyère ! Peint en jaune, c’était Bob l’éponge. Ça ne s’improvise pas, la Florologie.

    Mais trèfle de bavardage. Je vais vous donner votre toute primevère leçon de Florologie transcendantale. Vous azalée écouter attentivement et vous répéterez après moi.

    « Je suis un petit pissenlit. » (Répétez.) « Mes pieds sont des racines. » (À vous.) – Eh vous là-bas, je ne vois pas beaucoup s’ouvrir vos pétales psychiques. Je veux dire, vous n’avez pas le profil ‘plante vivace’. – Je reprends : « Mes jambes sont une longue tige. » (Allez-y.) « J’ai un gros pistil. » – (Je parle de mon nez, moi. Bande d’obsédés !)

    Maintenant, on fait tous ensemble le cri matinal du pissenlit conquérant. Mmmmh… – Non, ça, c’est plutôt la pâquerette qui a bouffé du Roundup. – On recommence ! Le pissenlit conquérant : Mmmmh… – Très bien, toi, très bien ! Je vois que la fine fleur d’Harveng est dans la salle !... (Prenez-en de la graine, vous autres !) Mmmmh

    Parfait. Continuez à faire la fleur ; j’arrive avec l’arrosoir.

  • Le Cid ardemment moderne

    C’est l’été, la saison des best-of ! L’occasion de ressortir des cartons quelques textes des temps jadis. Comme celui-ci, Le Cid ardemment moderne, une farce en un acte créée à l’occasion des Journées du Patrimoine (sous la direction de Roseline Hogne) le 13 septembre 2009 au Théâtre de Verdure de Bougnies avec Roger Blondiau, Jérémie Brasseur, Enza Leone, Jacques Marlier et Sandrine Vansnick. 


    Le Cid ardemment moderne [extrait]

    farce en un acte de Jérémie Brasseur

    Le Cid... Bougnies 2009

     

    Sandrine. — Les amis, je crois qu’une mission nous attend. Nous devons moderniser Le Cid pour transmettre ce glorieux patrimoine aux générations futures.

    Enza. — Mais comment ?

    Jérémie. — Il faut faire une sorte de remake.

    Roger. — Bingo ! On garde le titre, on garde le nom de l’auteur, et tout le reste on le ressort à notre sauce. C’est comme ça qu’ils font à Hollywood.

    Jacques. — Ouais. Il paraît qu’ils vont tourner Huis clôt de Jean-Paul Sartre avec Daniel Radcliffe dans le rôle du cascadeur.

    Sandrine. — Attends ! y a pas de cascadeur dans Huis clôt.

    Jacques. — Dans la version américaine, si.

    Roger. — Bon, écoutez. Disons que don Diègue ce serait un vieux collègue de Rodrigue et il viendrait d’être mis à la retraite anticipée suite à la restructuration de son entreprise.

    Jérémie. — Oui, alors don Diègue il espère que Rodrigue va le soutenir vu que Rodrigue il est délégué syndical…

    Roger. — Mais le PDG de l’entreprise,… comment qu’il s’appelle ?

    Sandrine. — Gomès… Don Gomès !

    Roger. — Ah oui ! Don Gomès, c’est justement lui qui pistonne la jeune déléguée commerciale aux yeux de braise…

    Sandrine. — La belle Chimène…

    Jérémie. — … avec qui Rodrigue tchatte sur Facebook pendant les heures de bureau.

    Jacques. — Super. On part de là et on brode.

    Sandrine. — Okay. Jérémie, tu fais Rodrigue ? Roger, don Diègue ?

    Roger. — Ça marche. Juste deux secondes que je m’imprègne du personnage et je me lance.

    Sandrine, Enza, Jacques et Jérémie quittent la scène. Roger prend des poses de grand tragédien, puis d’une voix de stentor :

    Roger/don Diègue. — Ô rage ! ô désespoir ! ô prépension ennemie ! Est-ce que j’ai bossé quarante ans juste pour des clopinettes ?

    Jacques, revenant en scène. — Oh Roger, excuse-moi de t’interrompre.

    Roger. — Mais je t’en prie.

    Jacques. — Je suis désolé, hein.

    Roger. — Tu fais comme tu le sens.

    Jacques. — Non parce que ça m'ennuie de te casser dans ton élan.

    Roger. — Y a pas de mal, y a pas de mal.

    Jacques. — D'autant plus que je t’ai coupé dans ta réplique.

    Roger. — Oui mais en même temps, j’aime mieux si tu as un truc à dire…

    Enza, revenant en scène à son tour. — Oh, les gars ! c’est bon ? On peut y aller ?

    Jacques. — Ouais. En fait, Roger, je me posais la question, au niveau de l’alexandrin classique... quand tu remplaces : « N’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie » par : « Est-ce que j’ai bossé quarante ans juste pour des clopinettes », est-ce qu’on ne perd pas un peu – comment dirais-je ? – de la pureté de la métrique originelle ?

    Roger. — Eh bien, je vais te dire, ça dépend des écoles. Si tu considères le Manuel de versification de Bernarmont dans son édition de 1873, il est clair qu’il y a entorse à l’usage mais si tu regardes dans le P’tit dico des grands poètes de Francis Lalanne à la page 36…

    Enza. — Non, mais arrêtez, là ! vous êtes lourds. On fait du théâtre, pas de la ‘conciliabulerie’.

    Jacques, quittant la scène avec Enza. — Bon, on reprend.

    Roger/don Diègue. — Est-ce que j’ai bossé quarante ans juste pour des clopinettes ? Rodrigue !…. Rodrigue !… Où qu’il est passé, Rodrigue ?

    Jérémie, entrant en scène en vitesse. — Okay, okay ! je suis là.

    Roger. — Mais enfin, qu’est-ce que tu foutais ?

    Jérémie. — C’est parce que Chimène m’a dit de venir dans un coin pour, euh… Enfin, bref. Me voilà.

    Roger/don Diègue. — Rodrigue !

    Jérémie/Rodrigue. — Oui.

    Roger/don Diègue. — Rodrigue !

    Jérémie/Rodrigue. — Oui,…

    Roger. — Non mais attends avant de répondre. Je n’ai pas fini ma réplique.

    Jérémie. — Oh pardon, au temps pour moi.

    Roger/don Diègue. — Rodrigue ! As-tu des couilles ?

    Jérémie. — Dis donc, le cœur est descendu bien bas depuis l’époque de Corneille.

    Roger/don Diègue. — Rodrigue, mon camarade, si tu es un vrai délégué syndical, tu dois lancer une grève sauvage devant le bureau du grand patron et réclamer sa tête devant les caméras de RTL-TVI.

    Jérémie/Rodrigue. — La tête du grand patron ?

    Roger/don Diègue. — Oui, Rodrigue.

    Jérémie/Rodrigue. — La tête de Don Gomès ?

    Roger/don Diègue. — Oui, Rodrigue.

    Jérémie/Rodrigue. — Le piston de ma Chimène !… Ecoutez, don Diègue, étant donné la conjoncture, dans un contexte de crise économique mondiale, je ne crois pas qu'il soit judicieux d’entreprendre…

    Roger/don Diègue. — Rodrigue. Si tu ne me défends pas, je me désaffilie. Tu m’entends : je me désaffilie. Tu veux avoir ça sur la conscience ?

    Jérémie/Rodrigue, solennel. — Don Diègue, c’est le devoir qui m’appelle par ta bouche. Je descends dans la rue de ce pas. (Il sort.)

    Roger/don Diègue. — Prends l’ascenseur, l’escalier est en panne.

    Jacques, Enza et Sandrine reviennent sur scène.

    Sandrine. — Ouah ! « Prends l’ascenseur, l’escalier est en panne. » Quelle répartie !

    Roger. — Merci, merci beaucoup. Ça m’est venu comme ça dans le coup de l’émotion.

    Jacques. — Ah, c’est plein d’esprit en tout cas, c’est plein de pêche et ça termine l’acte 1 comme un pot d’échappement au cul d’un camion.

    Enza. — Oui, on tient le spectateur en haleine. Que va-t-il arriver à Rodrigue le petit syndicaliste ?…

    Sandrine. — … Et à Chimène, la pulpeuse déléguée commerciale ?

  • sketch - Le mal du pays

    C’est l’été, la saison des best-of ! L’occasion de ressortir des cartons quelques sketches des temps jadis. Comme celui-ci, Le mal du pays, créé à l’occasion du café-théâtre Les courgettes aussi ont leurs problèmes ! (sous la direction de Jérémie Brasseur) le 1er avril 2011 au Café-Théâtre du G à Harveng, avec Emmanuel Moonen (Rudy) et Marie-Agnès Cosyns (Patricia).


    Le mal du pays

    sketch de Jérémie Brasseur

    Mal du pays

    RUDY. – Eh bien, qu’est-ce que vous avez, Patricia ? Pourquoi cet air renfrogné sur un si joli minois ? Dans un endroit si merveilleux …

    PATRICIA. – Oh oui, parlez-moi de ça… Vous vous le gardez, hein, votre ‘endroit si merveilleux’.

    RUDY. – Enfin, quoi ! Le soleil, le sable fin, les palmiers, la plage… On se croirait dans un poster !

    PATRICIA. – Oui, eh bien, dans votre poster, tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes, mon bon monsieur…

    RUDY. – Ben, pourquoi ?

    PATRICIA. – Pas moyen de faire marcher mon téléphone portable !... J’essaie depuis tout à l’heure, rien, aucun réseau !

    RUDY. – Tant mieux, c’est que le paradis n’est pas encore empêtré dans la grande Toile !

    PATRICIA. – Taisez-vous et donnez-moi un coup de main au lieu de proférer des âneries.

    RUDY. – Que puis-je pour votre service ?

    PATRICIA. – Faites-moi la courte échelle. Peut-être qu’avec un peu de hauteur... (Elle grimpe sur son dos.)

    RUDY, le souffle coupé. – Ouille... on fait son petit poids quand même !

    PATRICIA, vexée. – Pardon, vous dites ?

    RUDY, se rattrapant comme il peut. – Rien, rien ! vous êtes une petite plume.

    PATRICIA. – J’aime mieux ça. Tenez-vous droit, je crois que je capte quelque chose.

    RUDY se redresse péniblement. – Vous en avez pour longtemps ?

    PATRICIA. – Restez tranquille deux secondes ! (Elle tapote.) Ah, voilà : meteo.be… « Mons-Borinage – Brouillard et vent, risque d’averses »… Parfait, parfait !

    RUDY. – Quoi ? C’est pour ça que vous me faites jouer les mulets ?

    PATRICIA, radieuse. – C’est plus fort que moi, j’ai besoin de savoir qu’il pleut en Belgique quand je suis en vacances au soleil.

  • sketch - Geneviève vs Attila

    C’est l’été, la saison des best-of ! L’occasion de ressortir des cartons quelques sketches des temps jadis. Comme celui-ci, Geneviève vs Attila, créé à l’occasion du café-théâtre Ça c’est Paris (sous la direction de Roseline Hogne) le 15 mars 2008 au Café-Théâtre du G à Harveng, avec Jérémie Brasseur (le présentateur), Emmanuel Moonen (Attila) et Alexandra Woldag (sainte Geneviève).


    Geneviève VS Attila

    sketch de Jérémie Brasseur

    Genevieve vs attila 15032008

    Le présentateur. – Les livres d’histoire gardent le souvenir ému de sainte Geneviève et de la manière dont elle défendit la ville de Paris contre l’invasion des Huns. Mais toute cette littérature laissait profondément insatisfait le professeur Edmond Chousse-Mafouille. Dans les sous-sols de la Bibliothèque Nationale de France, loin à l’écart des vaines agitations du monde, il compulsait, Chousse-Mafouille. Il sondait de séculaires énigmes. Oh quelle allégresse fut la sienne, le jour où tomba entre ses mains palpitantes un vieil almanach parisien de l’an de grâce 451 ! Ce soir, nous sommes heureux de vous présenter l’une des pages les plus illustres de l’histoire de France : la confrontation entre sainte Geneviève, la patronne de Paris, et Attila, le roi des Huns. Notre reconstitution se veut un vibrant hommage aux travaux du regretté professeur Chousse-Mafouille. Il va sans dire que les faits sont ici restitués avec la précision historique la plus rigoureuse.

     

    Attila entre en scène, c’est un petit nerveux en armure. – Palpite et pleure, peuple de Paris ! C’est moi, le cruel Attila, roi des Huns. Je suis implacable, impavide, imprévisible. Je décide qui doit achever d’exister et je foule à mes pieds qui prétend résister.

    Entre sainte Geneviève, de l’autre côté de la scène. Elle a la coiffe des nonnettes et un grand chapelet autour du cou ; on sent en elle la bourgeoise pas commode. – Eh bien, en voilà, du raffut ! C’est vous qui faites du chambard ainsi ?

    Attila, roulant des yeux terribles. – Je suis Attila, roi des Huns, fils de Moundzouk, guerrier sanguinaire.

    Geneviève, pas ébranlée pour un sou. – Oui, bon. Moi, c’est sainte Geneviève, patronne de Paris et des gendarmes. C’est à vous l’armée qui est là-derrière ?

    Attila, crânement. – Oui. J’ai avec moi cinq mille hommes prêts à semer carnage, enfer et désolation.

    Geneviève. – Eh bien, il ne faut pas rester là. Le stationnement est interdit.

    Attila, un instant dérouté, comme un petit gosse qu’on engueule. – On en a pour cinq minutes. Juste le temps de mettre la ville à feu et à sang.

    Geneviève. – Je ne veux pas le savoir. Il y a un parking payant là-bas plus loin. Circulez !

    Attila. – Bigre de bougresse, tes palabres me harassent et m’aigrissent. Ce soir, mes cohortes de Huns se répandront dans les rues de Paris, égorgeront les hommes, violenteront les femmes, désosseront les enfants.

    Geneviève. – Le programme est alléchant, mais vous auriez dû envoyer des faire-part d’invitation parce que là, on est tous overbookés. Je ne sais pas si on va pouvoir caser ça dans nos agendas…

    Attila, au comble de la fureur. – Je suis Attila, roi des Huns, fils de Moundzouk,…

    Geneviève. – Oui, je ne dis pas, je ne dis pas. (A parte.) Dis donc, il y tient, à son C.V.

    Attila. – À mon seul nom, l’air s’emplit de gémissements rauques.

    Geneviève, a parte. – Des « gémissements rauques » ? Voilà-t-y pas qu’il va nous servir un petit concert de black metal. Il faut absolument le calmer, cet énergumène. Une rave party au monastère, ça serait très mal vu. (A Attila.) Venez donc voir par ici, mon petit Attila.

    Attila, s’approchant d’elle, l’air menaçant. – Vous ne savez quel bourreau vous laissez venir à vous. Un vent d’épouvante s’élève à chacun de mes pas et la rumeur du monde m’a surnommé le Fléau de Dieu…

    Geneviève, désinvolte. – Allons, allons ! Je suis sûre qu’au fond, vous êtes un brave homme. Tenez, je parie que vous aimez les chiens…

    Attila, sombre. – Quand j’en attrape un, je le dévore tout vif.

    Geneviève. – Ça serait assez mal vu à Paris. Notez que ça allègerait le travail des motocrotteurs(Revenant à son sujet, cherchant à amadouer le roi des Huns.) Enfin, Attila, il y a dans votre poitrine un petit cœur qui bat… Parlez-moi de votre maman.

    Attila. – Elle avait une voix extraordinaire…

    Geneviève. – Ah, voilà.

    Attila. – Quand je l’ai fait crever, accrochée par les mamelles aux rocs de Kharkov, elle a hurlé durant dix jours.

    Geneviève. – Oui, enfin. Je ne devrais pas m’immiscer dans vos petites brouilles familiales. Revenons donc à votre projet qui… consiste à…

    Attila. – Anéantir Paris !

    Geneviève. – Ah oui, c’est ça. Anéantir Paris. Écoutez-moi, mon cher Titi… – Ça ne vous gêne pas, Attila, que je vous appelle Titi ? Je trouve que ça fait plus parisien. – Donc, voilà. Le problème, c’est que vous tombez mal. En ce moment, on est tous très pris…

    Attila. – Que m’importe. Je suis Attila, roi des Huns…

    Geneviève. – Oui, c’est entendu. Mais à Paris, ce n’est pas vendeur, « roi des Huns ». Pas assez glamour, vous saisissez ?… Çà, si vous aviez tourné un spot pour Chanel, je ne dis pas.

    Attila, brandissant son arme. – J’ai mon épée du dieu de la guerre.

    Geneviève. – Restez tranquille avec ça… (Elle lui confisque l’épée.) Il faut vous rendre à l’évidence : ces prochains mois, ça sera vraiment trop serré pour organiser votre… euh… festival interculturel. Ou alors, en été. À condition bien sûr de ne pas tomber en plein Paris-Plage.

    Attila, suffoquant. – Paris-Plage ?

    Geneviève. – Oui, tout le monde met son maillot et on va faire bronzette sur le quai des Tuileries. Vous imaginez la Seine ?… Ah ah, la Seine. Elle est bonne, celle-là, non ? (Attila ne comprend pas. Elle tente d’explique.) La Seine… Le truc plein d’eau qui coule sous le pont Mirabeau… (Attila n’est pas d’humeur à rire. Geneviève reprend.) Remarquez, il y a une autre solution pour votre petite sauterie. Ce serait de décentraliser. Monter ça en périphérie. Disons au bois de Boulogne.

    Attila, au bord de l’apoplexie. – Au bois de Boulogne !

    Geneviève. – Évidemment, à Versailles ç’aurait fait plus stylé. Mais là, mon pauvre Titi, vous arrivez mille ans trop tôt.

    Attila, le souffle coupé. – Au bois de Boulogne !

    Geneviève. – Oui, je vois que vous n’êtes pas très chaud. Ecoutez, moi il va falloir que j’y aille, j’ai encore quelques Ave Maria à expédier. Le mieux c’est que vous y réfléchissiez bien à votre aise. Et puis, après, on se recontacte. Qu’est-ce que vous en dites ?

    Attila, pleurant de rage. – Je hais Paris. Je hais Paris ! Je ! hais ! Paris !

    Geneviève. – On dit toujours ça au début. Et puis, on s’y fait. Allez, venez. Je vous raccompagne. (Elle tend l’épée à Attila.) N’oubliez pas votre petit couteau.

    Attila, gémissant. – Mon épée du dieu de la guerre.

    Geneviève. – Allons, allons ! je vous la rends, faut pas pleurer comme ça. Qu’est-ce qu’il dirait, papa Moundzouk ?

    Attila, en pleine déconfiture, comme pour se persuader lui-même. – Je suis Attila, roi des Huns, guerrier sanguinaire.

    Geneviève. – Vous savez, mon cher Titi, vous devriez aller faire un tour du côté d’Orléans.

    Attila. – Orléans ?

    Geneviève. – Mais oui, Orléans. C’est très joli : il y a la Loire, on dort bien... (Attila sort en traînant les pieds. Geneviève, vers les coulisses.) Allez, grimpez à cheval. Comme on dit par ici : « Monte là-dessus, tu verras Montmartre. »

    Attila, en off, à ses hommes. – Les gars, j’ai changé d’avis. On va plutôt passer par Orléans.

    Geneviève. – Au revoir, Titi. Bon voyage !... Bien le bonjour à madame… (Elle revient vers le public, très parisienne.) « Roi des Huns… roi des Huns… » Je t’en ficherai, du « roi des Huns »… Faudrait voir à pas prendre le petit Parisien pour le roi des hons !

  • Bibliothèque – extrait 9

    La bibliothécaire. – Madame ?

    La dame. – Oui, je voudrais un livre pour mon fils, Max, qui a neuf ans. Mais alors, pas une niaiserie avec des anges, des lutins, des fées, des animaux qui parlent ou je ne sais quoi. Et pas un bouquin qui va lui mettre en tête des fariboles avec des histoires rocambolesques, où tout s’arrange à la fin. Mais attention : ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : je ne vous demande pas non plus un livre plein d’horreur, de violence et de vulgarité. Je cherche juste un livre convenable, qui lui parle du monde tel qu’il est, sans sombrer dans la fantaisie, le sentimentalisme, l’invraisemblable ou le mélo.

    La bibliothécaire. – Je Vois. Le code civil, peut-être ?

    La dame. – Oh, Le code civil… C’est bien, ça. Je prends !

    La bibliothécaire. – Je disais ça pour rire !

    La dame. – Ah, c’est drôle parce que quand vous riez vous tirez la gueule comme d’habitude.

    La bibliothécaire. – C’est le rire des bibliothécaires, ça : tout en-dedans.

    La dame. – « Tout en-dedans… » ?

    La bibliothécaire. – Oui, mais vous : dehors !

  • Bibliothèque – extrait 8

    La dame. – Mademoiselle, je cherche...

    La bibliothécaire. – Dites-moi.

    La dame. – Un ouvrage traitant des montres à gousset…

    La bibliothécaire. – Tout savoir sur la montre, aux éditions Flammarion.

    La dame. – Attendez ! … des montres à gousset fabriquées dans la seconde moitié du 19e…

    La bibliothécaire. – Histoire de la chronométrie, volume 4, éditions Larousse.

    La dame. – Laissez-moi terminer ! Je disais : … des montres à gousset fabriquées dans la seconde moitié du 19e siècle dans les usines écossaises...

    La bibliothécaire. – Nous avons une très belle Monographie portant sur l’industrie écossaise et son apport dans l’évolution des techniques de fabrication des systèmes horlogers. Editions du livre savant.

    La dame. – Mais écoutez-moi jusqu’au bout. … des montres à gousset fabriquées dans la seconde moitié du 19e siècle dans les usines écossaises par les migrants malgaches.

    La bibliothécaire. – Ah, çà ! Je crois qu’on n’a rien là-dessus.

    La dame. – Bon, tant pis… Alors, je vais prendre le dernier Mary Higgins Clark.

  • Bibliothèque – extrait 7

    La dame. – Je cherche un livre. Le premier mot de la page 39, c’est asymptomatique.

    La bibliothécaire. – Excusez-moi. Je ne connais pas par cœur le premier mot de la page 39 de tous les livres.

    La dame. – Eh bien… Vous les ouvrez, alors.

    La bibliothèque. – C’est ça… Dehors !

  • Bibliothèque – extrait 6

    Le type. – Dis-moi, ma belle, où est-ce que je peux trouver les encyclopédies sur Hubert Loveleur ?

    La bibliothécaire. – Hubert… ?

    Le type. – Hubert Loveleur : the crooner of Quaregnon. Celui qui chante Je t’aime tellement d’amour. Me dis pas que tu connais pas. (Il braille :) Ton nom est comme une prière / Je l’ai gravé sur toutes les pierres / Ton nom, Brigitte, je l’aime tant / Ouvre mon cœur, il est…

    La bibliothécaire. – Dehors !

    Le type. – Ben, non : ‘Dedans’, pour la rime avec…

    La bibliothécaire. – De - hors !

  • Bibliothèque – extrait 5

    La dame. – C’est combien pour emprunter un livre ?

    La bibliothécaire. – Dix centimes par semaine, madame.

    La dame. – Il n’y a pas un tarif réduit pour les enseignants ?

    La bibliothécaire. – Non, je suis désolée.

    La dame. – Une réduction pour les familles nombreuses ?

    La bibliothécaire. – Non plus, je regrette.

    La dame. – Ce n’est pas moins cher pour les riverains ?

    La bibliothécaire. – C’est dix centimes pour tout le monde, madame !

    La dame. – Bon, ben… Tant pis !... Vous avez de la monnaie sur cent euros ?

    La bibliothécaire. – Non. Il y a distributeur… dehors !

  • Bibliothèque – extrait 4

    La dame. – Je cherche un livre. Deux centimètres et demi.

    La bibliothécaire. – C’est le titre exact ?

    La dame. – Non, c’est l’épaisseur. J’ai un meuble à caler.

    La bibliothécaire. – Dehors !


    en préparation :

    Bibliothèque, café-théâtre (sketches, chansons, fantaisies) par l'atelier théâtre (1e année)

    prochainement au café-théâtre du G

  • Bibliothèque – extrait 3

    La dame. – Je cherche… un livre…

    La bibliothécaire. – Ça tombe bien, nous en avons.

    La dame. – Je l’ai vu chez une amie, mais je ne sais plus le titre.

    La bibliothèque. – Le nom de l’auteur peut-être ?

    La dame. – Non, ça non !

    La bibliothécaire. – Non. Et ça parle de quoi ?

    La dame. – Aucune idée. Mais la couverture est dans les tons bleus.

    La bibliothécaire. – Je vois…

    La dame. - … Ou verts. En tout cas, une couleur froide.

    La bibliothécaire. – Bleu-vert, donc. Un peu comme la flaque d’eau.

    La dame. – La flaque d’eau ? Où ça ?

    La bibliothécaire. – Dehors !

    ***

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  • Bibliothèque – extrait 2

    Le type. – Vous n’auriez pas un bouquin pour ceux qui doivent régler un problème de belle-mère ?

    La bibliothécaire. – Regardez au rayon psychologie.

    Le type. – En fait, euh… Je pensais plutôt au rayon criminologie.

    La bibliothécaire. – Dehors !


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  • Bibliothèque - en préparation

    La dame. – Je cherche un livre pour ma fille. Ça s’appelle Les chaleurs de Sophie.

    La bibliothécaire. –Vous êtes sûre ?

    La dame. – Oui, oui. C’est de la comtesse de Ségur.

    La bibliothécaire. – Ici on n’a que Les malheurs de Sophie.

    La dame. – Oh, ben c’est le même !

    La bibliothécaire. – Si vous le dites.


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